Le Mouloudia Olympique de Béjaïa vient d’assurer son accession, grâce à sa victoire avant-hier à Sour El Ghozlane, après seulement une saison passée en division nationale amateur, suite à l’injustice dont avaient été victimes les Béjaouis de la part des instances fédérales.
Cette accession est l’occasion pour rendre hommage aux premiers bâtisseurs du club et à tous ceux qui ont contribué à assurer sa pérennité. Leurs sacrifices n’ont pas été vains, le MOB est prédestiné à s’imposer en tant que club d’envergure pour peu que la dynamique enregistrée cette année ne soit pas freinée. L’on ne peut dissocier l’avènement des Vert et Noir du contexte politique de l’époque, c’est-à-dire les années cinquante, éminemment marqué par un mouvement nationaliste prélude à l’insurrection armée de novembre 1954. En ces temps des années de braise où le peuple algérien était réduit à l’état de quasi-servitude et où toute forme d’organisation associative lui était interdite, car elle pouvait devenir un danger pour l’ordre colonial en servant de creusets pour l’éveil des consciences, le sport en général et le football en particulier étaient les rares canaux où la conscience nationale pouvait s’exprimer. En effet, à l’exception du FCB qui était presque exclusivement formé de français, les autres clubs composés d’autochtones étaient des alibis, en ce sens qu’ils constituaient aussi des cercles de sensibilisation politique, d’éveil des consciences et de mobilisation patriotique. Ces clubs étaient la JSMB créée en 1936 et présidée par Maître Boudjellil Bouchenak, le CSB, crée en 1946, présidé par Abdelmadjid Bouyahia à qui a succédé l’année d’après, Abdelhafid Tamzali et l’USB née en 1947 et ayant comme président Saïd Aouchiche. Ces deux derniers clubs (USB et CSB) fusionnèrent un certain 5 juillet 1954 pour donner naissance au MOB aux couleurs Vert et Noir, le vert étant l’une des couleurs de l’emblème national et le noir en signe de deuil suite aux massacres de Kherrata, Sétif et Guelma en 1945, alors que le choix du mot Mouloudia faisait référence à la naissance du prophète.
Un bel hommage à la mémoire des martyrs du club
A l’instar de plusieurs clubs nationaux nés pendant les années de braise et la tourmente annonciatrice de novembre 1954, le MOB a payé un lourd tribut pour la libération du pays, morts les armes à la main ou sous d’atroces supplices et le fil de la guillotine ou le poteau d’exécution, beaucoup de ses enfants ont arrosé de leur sang cette terre d’Algérie pour que ses enfants puissent un jour vivre libres. Béjaïa, reconnaissante a baptisé de leurs noms plusieurs artères et rues de la ville et donne le nom de l’un au premier stade de la municipalité Salah Benallaouche. L’activité sportive du MOB a cessée deux ans seulement après sa création suite à l’appel du FLN et ce n’est qu’au lendemain de l’indépendance que l’histoire sportive effective du MOB allait commencer. La saison 1962/1963 allait servir comme période de structuration du football national, des critériums régionaux ont été organisés pour le hiérarchiser et des paliers ont été créés : la national 1, la division d’honneur, la division I, la division II et la division III qui était le dernier pallier. Faisant alors son apprentissage, le MOB domicilié en division I en 63/64, allait vite démontrer qu’il était un club à respecter, puisque après une année de rodage dans ce pallier, il allait décrocher l’accession en division d’honneur l’année suivante, 64/65, c’était l’époque des Bouzemboua, Fuster, Ould Ali, des frères Sellami, Ladjouze, des frères Khima, Semache, Kenane, Moula et tant d’autres encore. Le club renfermait une vingtaine de joueurs d’égale valeur et les entraîneurs Benarab puis Khima Allaoua avaient du mal à composer le onze type. La joie née de l’accession en DII sera de courte durée puisque le MOB allait rétrograder en fin de saison en division I à cause des sanctions qui avait plu sur le club à la suite d’un match houleux face à Aïn M’lila. Le MOB allait se morfondre dans les ornières de la division I et connaîtra durant la saison 69/70 une saignée dans ses rangs avec le départ vers la JSMB des joueurs de talent tels Bouzemboua, Abdou, Moula et Chimi.
Le second souffle des Vert et Noir dans les années 70
Pour pallier à cette hémorragie, le club rappela Khima Allaoua, l’ex star du FC Sète et de Cherbourg (France), qui organisa des tournois inter quartiers d’où il dénichera la nouvelle génération de joueurs qui formeront l’équipe des années 70, qui allait redonner un second souffle au club. Il lancera dans le bain les Founas, Tikheroubine, Aissaoui, Harissen, Idir Amar, Idir Madjid, Hamid Naceri, Hassen Belaïd, Kamel Aourir etc, renforcés par la présence de quelques anciens tels que Ali Belhocine, Boualem Manseur et sous la houlette d’Akli Sellami, ils décrocheront l’accession en division d’honneur durant la saison 73/74. Durant la saison 74/75, c’est un autre enfant du club et ex joueur des années 60, en l’occurrence Hafid Khellil, qui driva le club et le hissera en tête du groupe avant de perdre lors du match de barrage contre le FC Taher et a dû reporter ses ambitions pour la saison suivante qui sera la bonne avec cette fois, Akli Sellami aux commandes. La saison 76/77 fut celle des retrouvailles en régionale avec la JSMB, elles seront scellées par deux épiques derbies, le premier s’est soldé par un nul (0/0) et le second a été remporté par la JSMB (2/1) mais le MOB aura le gain du match par tapis vert suite aux réserves formulées à l’encontre du joueur, Zerrari Rachid. la saison 77/78 sera celle de la reforme sportive et le MOB devint le MBB statutairement (Mouloudia Baladiat Béjaïa) avant de devenir après Mechaal Baladiat Béjaïa aux couleurs Vert et Blanc pour être le porte flambeau du sport roi de la wilaya. Apres les évènements dramatiques lors de la rencontre contre l’ES Guelma au cours de la saison 78/79 et les sanctions tombées sur le club, le MBB rétrogradera en régionale pour la saison 79/80. C’est le début d’une longue galère dans les méandres de la division régionale dont il ne sortira que 21ans plus tard tout en ayant entre temps repris son nom original. Depuis sa descente dans l’enfer de la régionale, le MOB a toujours joué les premiers rôles mais se faisait à chaque fois immoler dans la dernière ligne droite. Le paroxysme de l’infortune fut atteint durant l saison 95/96 où il se fera griller la politesse par son voisin local, la JSMB, et ce malgré le fait qu’il soit resté invaincu pendant les 30 journées du championnat, car son rival ayant engrangé plus de victoires malgré deux défaites. Les Vert et Noir laissent encore échapper l’accession en 2000/2001après avoir caracolé en tête du classement pendant 26 journées et une défaite inattendue face à l’USMAB ruina tous les espoirs et laissa la porte grande ouverte au MCEE, qui remporte le titre. Il faut attendre la saison 2001/2002 pour que le rêve des milliers de Crabes se réalisa après la venue de deux hommes de fougue , il s’agit du président Zahir Bennai et Chaâbane Merezkane comme entraîneur. Ils ont ainsi pu atteindre la DII après 24 ans d’absence. Apres sept bonnes années passées en division deux, le MOB a été injustement rétrogradé au cours de la saison 2009/2010 en division amateur après les problèmes vécus sous la présidence de Nacer Maouche, où les joueurs ont abandonné l’équipe mais une nouvelle direction a été installée dans la foulée, dans la phase retour, pour sauver les meubles. Un directoire a été installé il est présidé par Arab Bennai, ce dernier a réuni toutes les conditions nécessaires pour jouer l’accession et pour que le MOB reprenne sa place en DII, chose promise, chose faite, Youcef Bouzidi, qui était adjoint de Merezkane, a été installé comme coach. Les Crabes peuvent commencer la fête car l’année prochaine leur équipe favorite jouera dans l’arène des grands en attendant une accession historique en ligue 1. Bravo les Crabes pour toute la joie procurée au public Béjaoui.
Z. H.

