Des mots pour dénoncer les maux

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La chanson kabyle vient de renforcer ses étals par la sortie du nouvel album intitulé Levher du chanteur Ali Chikhi. Cet artiste, natif de Bouira, n’est pas à sa première production. Ce nouveau produit constitue le quatrième de son répertoire. A l’instar des autres artistes que compte cette nouvelle génération, Ali a tenté de trouver les mots qu’il faut pour dénoncer les maux qui rongent la société et ce, en accompagnant ses textes avec une mélodie typiquement kabyle. Ainsi, l’album composé renferme en tout huit chansons, éditées chez Mega Pro. Levher, la chanson qui constitue le titre de l’enregistrement, traite le problème de l’émigration clandestine appelée communément «harraga». L’artiste s’adresse à la mer la suppliant de l’accueillir et par ricochet l’aider à la traverser pour atteindre d’autres espaces plus cléments. C’est le problème du chômage endémique que veut aborder le chanteur, phénomène qui a poussé la jeunesse algérienne à s’exiler vers des pays européens à la recherche d’un travail et donc une stabilité. Mais ce qui est porté en exergue par l’artiste, ce sont les aventures d’une certaine catégorie de jeunes qui mettent leurs vies en danger en traversant la mer à bord de navires de fortune. Un autre phénomène, dont les conséquences sont fort regrettables, est abordé par l’artiste. Il s’agit des effets du divorce. S’inspirant du dicton populaire Deg unebdu d lgatu, di ccetwa d bugatu qui veut dire qu’en été on prépare les gâteaux et en hiver on court chez les avocats, Ali Chikhi n’a pas manqué de souligner les fausses promesses et en un mot la ruse qui entache la vie du couple quelques mois seulement après le mariage. Et comme l’album est sorti quelques jours seulement avant le 13e anniversaire du chantre des causes justes, Lounès Matoub en l’occurrence, l’artiste lui a consacré une chanson en guise d’hommage. Si ddunit akk ad neffegh, chanson connue du défunt, a été exploitée par Ali pour transmettre un message de détresse à celui qui a toujours dénoncé l’injustice. Et comme tous les jeunes, l’enfant de Tubiret se laisse emporter par l’obsession de Tayri à laquelle il a réservé son lot dans cet album. A yelli-s n ldjar ou ghas ad iyi-3assen, sont autant de chansons qui bercent les jeunes où le mariage entre le texte et la mélodie est fortement remarqué. Notons enfin que l’artiste a clôturé son album par une pensée aux pionniers de la chanson kabyle. De Slimane Azem à Chérif Hammani en passant par Matoub, Aït Menguellet, Idir, Ferhat, Kamel Hammadi, Chérif Kheddam, Akli Yahiatène et autres Farid Ferragui, Ali Chikhi n’a fait qu’afficher sa gratitude et sa reconnaissance envers ces guides qu’ils qualifient d’éveilleurs des consciences.

Amazigh A.

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