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Réactions… Réactions… Réactions…

Farès Oudjeddi : membre de la délégation des 20 délégués de la CICBLe discours du président depuis Constantine, ne nous aide pas à construire et aller de l’avant. Sur sa déclaration concernant l’officialité, je ne connais aucun pays arabisé du fait de la religion musulmane, l’exemple de l’Iran, Pakistan, Afganistan, Mangolie, Tchétchénie, Russie, sont des pays à religion musulmane mais non arabisés. En Algérie, à l’ère de la réconciliation, de l’universalisme et de la lutte pour les droits de l’homme, la gestion de la gouvernance doit se faire avec plus de proximité avec le peuple. Tenir compte des réalités, et des questions concrètes, dont tamazight qui est une question objective, qu’il faut cerner avec beaucoup de lucidité et d’assurance pour sa prise en charge, technique et politique.Le défi aujourd’hui est l’Algérie algérienne, pour laquelle plus de 20 membres de ma famille sont chahids. Concernant la crise de Kabylie, et surtout la question de tamazight, nous avons fait la priorité sur le règlement par le dialogue, et se mettre à table avec les représentants de l’Etat algérien. La sortie du premier magistrat du pays, vient de nous surprendre à plus d’un titre. La solution apportée à tamazight, reconnue langue nationale, son officialité se dessine dans la perspective comme convenu dans l’accord global signé avec le chef du gouvernement. La sortie du chef de l’Etat ne cadre pas avec l’esprit du dialogue, mais il n’y a pas le feu en la demeure, l’espoir reste toujours de mise, et le dialogue ne fera qu’avancer le chantier vers plus de sérénité et de satisfaction.

Djaffar Abdedou : Enseignant et délégué de BouiraNous n’avons à faire aucun commentaire à présent, mais nous nous évertuons à poursuivre le dialogue jusqu’à totale réussite. Nous ne céderons pas sur tamazight acceptée dans l’accord global signé avec Ouyahia. L’interwilayas se tiendra ce dimanche pour murir et analyser la question, sans passion ni précipitation. Le dialogue apportera ses fruits, et l’argumentaire politique milite en faveur de nos revendications, qui un jour seront toutes satisfaites. Nous croyons à la politique du possible et nous applaudissons à chaque acquis de notre combat.

Ould Ali El Hadi : président du MCBNous sommes un mouvement qui est plus présent sur le terrain, que dans des salons. Notre contact permanent avec les militants de la cause, les spécialistes, les enseignants de tamazight, nous permet de forger notre position politique. Cette dernière consiste à débarrasser la question de toute surenchère politique et de manipulation dilatoire et insidieuse. Certains cercles peuvent chercher à rebondir sur la question, non pour la défendre mais mieux s’affirmer car en déficit de mobilisation. Au MCB, nous avons la certitude qu’il arrivera un jour, dans une forme donnée, de vivre concrètement l’officialité de tamazight. L’Etat algérien, il y a peu d’années de cela, ne pouvait s’envisager à avaliser tamazight langue nationale. En 2004 la question est réglée constitutionnellement. L’avenir nous le cernons avec beaucoup d’espoir, les étroitesses sont désormais répertoriées dans le chapitre du passé. L’Algérie stable, réconciliée, et dans la paix, saura réparer à la juste mesure les injustices de l’histoire et les aberrations politiques d’un personnel finissant et périmé.

Abdennour Abdesselem : écrivain et linguisteLe président de la République se trompe hardiment en annonçant l’alignement de l’Algérie aux autres pays du monde, qui selon lui, n’ont qu’une seule langue officielle. Je considère sa déclaration comme étant une myopie politique volontaire qui est l’expression de son refus à reconnaître le statut officiel de tamazight. J’espère que cette déclaration n’est que d’ordre conjonctuel dans le temps et dans l’espace. Sur un autre plan, si le handicap politique est levé, la praticabilité du caractère officiel de la langue amazighe, relèvera du domaine technique et des spécialistes avec une approche pédagogique réaliste. C’est plutôt la reconnaissance des valeurs, qui constitue la pleine personnalité du peuple algérien, qui consolidera les fondements pluriels de l’Etat.Pendant que les enjeux sur la scène internationale sont plutôt d’ordre économiques, hélas chez nous, on s’attarde inutilement à reporter des décisions qui finiront toujours par nous rattraper, arrêtons ce gâchis.

Propos recueillis par Khaled Zahem

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