Contribution : La communication à l’épreuve de la gouvernance

Partager

Face à la détérioration des infrastructures routières à Béjaia, et sous l’effet d’une explosion du parc de l’automobile et le sous-investissement avéré en infrastructures routières, le wali pense détenir une réponse adéquate à un épineux problème auquel les autorités malheureusement n’ont pas su prévenir.

Ainsi le wali déclare vouloir faire du dédoublement de la RN 26, une priorité pour solutionner un problème structurel qu’un projet en cours, déjà bien avancé va vraisemblablement régler. Nous pourrions sans doute comprendre son impatience de voir la pénétrante se concrétiser, ou son exaspération sur l’état de la route actuelle, mais de là à déclarer vouloir privilégier le dédoublement de la RN 26 est en soi une erreur que les autorités locales ne peuvent se permettre. D’abord c’est une erreur de communication, car le wali en voulant attirer l’attention des autorités sur les retards qui caractérisent le projet de la pénétrante, remet en cause totalement le peu de cohérence qui restait sur le choix d’investir dans la pénétrante comme un projet structurel susceptible d’absorber 70% du flux automobile qui emprunte la RN 26. Ce faisant, et même dans le cas où on lui prêterait des intentions de vouloir faire pression sur le gouvernement, en vu d’accélérer le déroulement des procédures et rattraper le retard, s’il en existe, il envoie un message négatif néanmoins aux éventuels investisseurs, qui voudront s’ y implanter à Béjaia et faire de cette ville leur porte d’entrée au marché algérien. Par ailleurs, c’est une erreur de diagnostic : demander le dédoublement de la RN26 prendra plus de temps dans le fait à se concrétiser, que la pénétrante sera achevée et aura absorbé l’essentiel du flux, rendant la RN 26 une route nationale déserte. Car le temps que prendront les études, les arbitrages budgétaires, ainsi que les procédures des appels d’offres, et la sécurisation des passages urbains que traverse la RN 26, en plus de la réalisation, tout cela sera sans doute aussi long que la phase de réalisation qui reste de la pénétrante. Enfin, c’est un choix impertinent et un projet source d’un gaspillage annoncé d’une ressource budgétaire que nous ferons mieux d’affecter au développement d’autres infrastructures tel que le ferroviaire.

Travailler sur une perspective de revêtement de cette route est sûrement nécessaire, mener toutes les actions nécessaires pour sécuriser les passages urbains et fluidifier la circulation est vital, mais de là à opter pour le choix d’un dédoublement au risque de retrouver une route désertique une fois que la pénétrante est réalisée est sûrement la meilleure manière de jeter l’argent par la fenêtre. A travers le projet de la pénétrante, les autorités locales nt le temps que prend un retour sur investissement d’un choix pour une action structurelle. Peut-être qu’elles ont l’habitude pour endiguer une difficulté conjoncturelle, à répondre par des actions et des projets qui s’inscrivent plus dans une logique à court terme. La réalité c’est que la ville globalement est appelée à faire le choix des reformes structurelles et engager les projets structurant si elle veut retrouver la capacité d’un rebond de croissance économique et se donner les ressources de gouvernance de ses affaires publiques.

Et cette réalité impose aux responsables de faire preuve d’habilité à gérer l’impatience des usagers, apprendre la maîtrise de l’ensemble de la chaîne de pilotage des projets importants, et préserver la cohérence de l’exercice de communication sur leur gestion, au risque de discréditer le choix de leurs stratégies d’actions. A bon entendeur !!!

Laid. Idir

Partager