Chasse gardée

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Si, posséder une voiture est devenu désormais, plus qu’une nécessité pour permettre à chacun de vaquer à ses préoccupations quotidiennes, il n’en demeure pas moins que celle-ci reste pour les automobilistes source de désagréments, en raison du déficit criard en parkings et aires de stationnement, notamment au niveau d’Alger et des grandes villes, confrontées aujourd’hui, à l’épineux problème du foncier, accentué par l’urbanisation

En effet, l’augmentation du parc automobile qui tourne autour de 5 millions, dont près de 2 millions immatriculées à Alger, est à l’origine du casse-tête chinois que subissent journellement les propriétaires de véhicules qui préfèrent carrément se passer de leur précieux  » bijou  » pour ménager leurs nerfs, au départ malmenés par les vicissitudes de la vie, ou encore garer loin de la ville et de leur lieu de travail et se rabattre sur les moyens de transport en commun, afin d’éviter le sempiternel supplice de tantale pour dénicher un micro espace, même sur les trottoirs.

Le manque de parkings au niveau d’Alger, notamment a fait exploser, chez les jeunes, le sens du business, en s’accaparant les ruelles et les moindres aires, pour les transformer en espaces de stationnement. Ces  » maîtres  » des lieux vont jusqu’à agresser les automobilistes pour leur proposer un petit coin pour stationner, en contrepartie, de sommes d’argent allant de 20 à 50 dinars. Les parkings anarchiques se sont imposés, ces dernières années, comme alternative pour remédier à l’inexistence d’aires de stationnement qui se comptent aujourd’hui, sur les doigts d’une main. La sollicitation des services des  » gérants  » de ces espaces est ainsi devenue, la solution idoine pour les conducteurs pour éviter le stress des tours et des demi-tours, sans parvenir à dénicher un coin pour caser sa voiture.

La quasi-absence des services communaux sur la voie publique, a fait enraciner, à vrai dire, cet envahissement des ruelles principales que s’arrachent des nuées de jeunes et de gamins, venus des quartiers avoisinants pour avoir une part du gâteau. Les APC s’avèrent être prises de court par ce phénomène, d’autant plus que les parkings existants peinent à satisfaire toute la demande exprimée par un parc automobile qui ne cesse de monter en flèche. En fait, les quelques initiatives, adoptées par les pouvoirs publics pour la régularisation de ces aires de stationnement anarchiques sont avortées, avant même qu’elles ne voient le jour. On se rappelle, en 2007, la fameuse circulaire adressée aux wilayas et aux APC, par le ministre délégué auprès du Ministère de l’Intérieur et des Collectivités Locales pour prendre en charge ce dossier. Conscient qu’il était temps que des mesures soient prises, à la fois, pour la sauvegarde de l’espace public et mettre un terme aux atteintes aux biens et aux personnes, le ministre délégué auprès du ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, chargé des Collectivités locales, avait annoncé le lancement d’une opération pilote sur les activités de surveillance des parkings publics et les espaces de stationnement de véhicules. Mais cette expérience qui s’inscrivait dans, le cadre de l’application de la circulaire ministérielle portant sur les mesures d’encadrement des activités de surveillance des parkings de voitures, initiée au niveau de la wilaya d’Alger et qui devait être élargie à d’autres villes du pays, dans un souci de recenser l’ensemble des parkings anarchiques, semble foirer aujourd’hui. Cette opération qui intervenait pour mieux encadrer cette activité et prévenir ainsi, certaines formes d’atteinte aux personnes et aux biens, mais aussi contribuer à l’insertion sociale et professionnelle des jeunes chômeurs veillait, pour rappel, à la définition des espaces à transformer en parkings et ceux à accorder en concession, à travers l’organisation de ces jeunes en coopératives de surveillance de parking, ne fera pas long feu et le résultat est tel que la voie publique est encore et toujours objet de convoitise. Des querelles autour de l’occupation de ces espaces, des discussions entre les jeunes des quartiers tournent souvent au vinaigre, en raison des revenus importants qu’ils génèrent.

Il faut dire que ce créneau, attire même les enfants, qui se reconvertissent, en fin de journée, ou les jours de repos, en gardiens de parkings, au niveau des cités et des ruelles jouxtant les commerces et les administrations où trouver un espace pour garer sa voiture relève carrément du parcours du combattant. La saturation des parkings réglementaires explique aujourd’hui, le recours à cette option, d’autant plus que la voie publique tend de plus en plus à se  » privatiser « , avec l’installation de casiers, de chaises et autres obstacles pour réserver un petit carré pour les amis et les proches. Les gardiens de ces mêmes espaces, ne sont pas en reste de cette pratique puisqu’ils n’hésitent pas, à leur tour, de réserver des places pour des  » favoris  » qui préfèrent une sorte d’abonnement pour la somme de 1000 DA, par mois, pour éviter les tracasseries quotidiennes.

Un mal nécessaire ?

Les parkings anarchiques poussent comme des champignons et vont jusqu’à gêner la circulation. Ces derniers, improvisés quand bien même, ils proposent la solution instantanée et le stationnement en deuxième et troisième positions, sont à l’origine d’embouteillages et de bouchons, favorisés au départ par une configuration difficile de la ville d’Alger. A cela, s’ajoute les risques de vol des voitures garées, sachant que l’automobiliste pour éviter toute attente, préfèrent remettre les clés de son véhicule aux « propriétaires  » des lieux, pour la caser.

Les statistiques révèlent aujourd’hui, que plus de 51.000 ont été volées, à Alger, durant la dernière décennie. Le vol de ces dernières, pour leur plupart, selon ces mêmes données, a eu lieu dans des endroits non sécurisés ou des parkings non gardés et anarchiques. Les mêmes informations font ressortir également que plus de 550 personnes activant dans des structures administratives ont été impliquées dans le trafic de documents administratifs, en l’occurrence des cartes grises.

Aujourd’hui, seule la construction de nouveau parkings au niveau d’Alger est à même de soulager les automobilistes qui recours, bon gré mal gré aux parkings anarchiques qui s’avèrent un mal nécessaire, pour garer sa voiture. La problématique du stationnement dans les grandes villes et à Alger en particulier interpelle les pouvoirs publics pour envisager la construction de nouveaux parkings à même de restituer à nos rues et ruelles leur vocation initiale. La multiplication des aires de stationnement s’impose désormais désengorger carrément la voie publique qui éprouve aujourd’hui du mal à contenir toute cette masse de véhicules qui transite quotidiennement par la wilaya d’Alger.

En attendant la réalisation des trois parkings prévus à Alger, et l’adoption du projet relatif au gardiennage des parkings déposé à l’APN qui sera examiné en septembre prochain, les automobilistes continueront à voir des vertes et des pas mûre, pour trouver une place où garer.

Hakim N.

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