Rush sur l'apiculture

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L’on assiste depuis quelque temps à Amtik N’Tafat ainsi que dans d’autres villages de la wilaya de Béjaïa à un grand intéressement des habitants, tout âge confondu, à la pratique de l’apiculture.

Si beaucoup s’y sont mis pour arrondir les fins de mois difficiles, il y en a aussi qui s’y sont lancés par pur passion pour les mouches à miel, alors que d’autres ont suivi le mouvement pour seulement faire une récolte de miel pour les besoins de la famille et le plaisir d’offrir un rayon de cette substance délicieuse à ceux qui leur sont chers. Il faut dire aussi que cette envie d’élever des abeilles a été grandement suscitée par les services de l’APC de Béjaïa qui attribuent chaque année en août ou en septembre aux habitants intéressés des villages de la commune une ou deux ruches pleines ou deux ou trois essaims nus. Cette dotation gratuite a pour objectif, selon les responsables de l’opération, d’une part de contribuer à la fixation des populations dans les villages ou de les y faire revenir et d’autre part d’assurer une bonne pollinisation des arbres fruitiers et des différentes cultures par le biais des abeilles qui sont des agents de pollinisation par excellence. Mais, faute de soins adéquats de la part des éleveurs, la plupart des ruches installées périssent avant l’arrivée du printemps. Et c’est pour pallier à cette carence en matière de connaissances apicoles que le directeur du CFPA d’Amtik N’Tafat, M. Zahir Saidi, a décidé de lancer en cours du soir des sessions de formation en apiculture. Si la toute première session, il ne l’a organisée qu’à titre d’essai, la seconde, dès les premiers jours, il se trouve dépassé par l’afflux des demandes d’inscription de participation au stage. Les cours de la session de printemps viennent à peine de commencer que déjà le directeur est sur le point de clôturer la liste de la troisième session programmée pour septembre. C’est dire tout l’engouement des citoyens pour l’apiculture. Et pour atteindre les buts assignés à la formation, le directeur affirme qu’il n’a pas lésiné sur les moyens. L’encadrement est assuré par M. Hamanou Mansouri, ingénieur, chargé de formation des éleveurs d’abeilles à l’INRA de Oued Ghir et auteur d’un livre sur l’apiculture. S’agissant des moyens didactiques, les cours sont illustrés par des images vivantes d’un data show et appuyés par des visites de ruchers de particuliers avec ouverture de ruches peuplées. Quant aux apprenants, parmi lesquels se trouvent deux femmes, ce sont pour la plupart des fonctionnaires, des cadres en retraite des chômeurs et des fellahs ; l’on a même signalé la présence d’un ingénieur en agronomie qui vient compléter sa formation par un stage d’apiculture. C’est vrai que depuis les temps les plus reculés, l’abeille a toujours fasciné l’homme, lit-on dans les livres d’apiculture. Elle figure dans les sarcophages des pharaons, elle est gravée sur les premières pièces de monnaies émises par certains pays pour mettre fin à la pratique du troc. C’est dire toute l’importance accordée par les premiers hommes à cet insecte dont ils tiraient surtout le miel, cette matière sucrée, nutritive et thérapeutique ainsi que la cire, substance dont ils fabriquaient les lumignons pour s’éclairer la nuit. Seulement dans les temps anciens, les hommes ne pratiquaient pas l’apiculture à proprement parler. Ils se contentaient de piller ces richesses dans des nids d’abeilles qu’ils trouvent dans des troncs d’arbres et dans des anfractuosités de rochers. Ce n’est que bien plus tard que leur est venue l’idée de recueillir les essaims dans des ruches de fortune et de les installer près de leurs maisons. Si à l’époque les ruches étaient faites surtout de troncs d’arbres évidés ou d’autres matériaux caractérisés par leur lourdeur et leur fragilité les apiculteurs du pourtour de la Méditerranée et notamment ceux de la région de Béjaïa, où vit naturellement l’abeille noire de la lignée de l’apis mélliféra réputée, selon les spécialistes en la matière, pour son caractère agressif, mais aussi pour son ardeur au travail, ont la chance d’avoir à portée de la main des ruches en liège, enlevées des troncs de chênes-lièges, qui poussent abondamment dans la région. Alliées à une flore très riche, ces ruches posées par milliers sur les piémonts de Mezaïa, du Sahel ou des bassins versants de la Soummam, ont sans doute contribué au rayonnement de Béjaïa médiévale qui était le pôle de production de cierges. Ces cierges qui portent le nom de bougie, ville où ils étaient fabriqués, étaient exportés en Europe. Et puisque ces quantités considérables de bougies sont fabriquées à partir de la cire d’abeilles, c’est souligner toute l’importance de l’activité apicole de la région. Mais ce n’est qu’au début des années 90 que les ruches modernes, à rayons mobiles y ont fait leur apparition. Ce qui a induit une production accrue de la récolte de miel. Et depuis cette époque, les troncs de chênes-lièges où l’apiculteur, hormis la récolte de miel et le recueil des essaims qui s’échappent des ruches, n’a aucune possibilité d’intervention, cèdent de plus en plus le pas aux ruches américaines Langstroth qui offrent toutes les possibilités d’intervention à l’intérieur de la ruche et en cas de besoin d’augmenter à volonté son volume. Et ce sont, entre autres, toutes ces manipulations et la manière de les opérer qui sont au programme de la formation assurée au CFPA d’Amtik N’Tafat par M. Hamanou Mansouri.

B. Mouhoub

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