Tenu d’assurer un suivi effectif et réel de l’exécution des travaux pour garantir la conformité de réalisation d’un projet de construction de 72 logements à Ighzer Amokrane, le responsable de ce bureau se trouve, dit- il, entre le marteau du patron de l’entreprise privée et l’enclume des services de l’OPGI, lesquels , s’indigne, l’architecte ignorent ses écrits soulevant le non respect des consignes techniques.
“Depuis le démarrage des travaux ,nous n’avons cessé de faire état, dans nos écrits et correspondances qui vous sont adressées, de nombreuses contraintes et difficultés rencontrées sur chantier dans l’exercice de notre mission de contrôle et suivi des travaux’’ avait écrit ce bureau d’étude en date du 7 avril dernier, au responsable de l’OPGI de Béjaia tout en lui notifiant en conséquence que le bureau a décidé de surseoir à sa mission de contrôle, ‘’jusqu’à la levée de toutes les contraintes signalées’’. Dans ce même contexte, le chargé du suivi de ce projet accuse d’abord l’entreprise retenue pour ce projet de logements à usage d’habitation de ‘’refus d’exécuter les travaux objet du marché conclu, refus de se conformer aux consignes techniques et recommandations signées conjointement’’, comme il reproche à l’OPGI des injonctions injustifiées ‘’de tendance à dispenser l’entreprise de ses obligations contractuelles’’.
Un volumineux échange de correspondances entre le bureau d’étude et de suivi d’un côté et la direction de l’OPGI de l’autre, avec des accusations en chassé croisé suggère un manque de rigueur et d’organisation d’un secteur aussi sensible que celui du bâtiment, et ,surtout, une mise en danger des vies humaines.
Du mois de janvier de cette année, au mois de mai, pas moins de sept correspondances ont été adressées à l’OPGI, maitre d’ouvrage, par le responsable du bureau de suivi technique pour signaler, et les entraves qu’il rencontre sur le chantier, et aussi des ‘’irrégularités et malfaçons délibérées’’ constatées sur le projet en voie de réalisation.
Le bureau chargé de suivi ira jusqu’à qualifier une partie de l’ouvrage sus cité de ‘’défectueuse’’, car réalisée à son ‘’insu’’ , lequel refuse d’ailleurs de le réceptionner. Du côté des services de l’office de la wilaya, c’est carrément un autre son de cloche.
La direction de l’OPGI n’a pas tardé à réagir aux multiples coups de semonce de l’architecte. Le promoteur public va lui adresser une mise en demeure en date du 30 janvier de l’année en cours, l’accusant de dresser des embuches devant l’entrepreneur ‘’qui ne lui permettent pas d’atteindre le rythme satisfaisant’’.
La direction de l’office n’a pas omis d’interpeller aussi l’entrepreneur privé quant à la situation d’avancement des travaux, en l’exhortant de respecter les délais de réalisation qui seraient en expiration en début du mois d’aout prochain.
En dehors des atteintes aux règles de l’art sur lesquelles chacune des deux parties renvoie la balle à l’autre, le maitre de l’ouvrage (OPGI), dans l’une de ses correspondances adressée à son cocontractant (bureau d’étude) le sommant de prendre en charge tous les problèmes techniques ne s’est pas penché sur les insuffisances et les irrégularités qui lui sont faites, mais s’est contenté de soulever le problème du quantitatif des travaux, par une augmentation du montant de 61,64% endossé au bureau d’étude et de suivi.
Ce dernier monte au créneau et va jusqu’à accuser l’OPGI d’avoir manqué de prendre au sérieux et à temps les remarques faits par ses techniciens dans le déroulement des travaux, en s’interrogeant par là ‘’Pourquoi l’OPGI tarde à intervenir et lever les contraintes?’’.
Outre les insuffisances techniques relevées par le bureau de suivi, d’ailleurs nombreuses et graves, , ce dernier remet en cause les capacités de l’entreprise en matériel et personnel et avertit d’avance que si les délais contractuels prévus seraient respectés, il ne va pas de soi pour la qualité et la sécurité de l’ouvrage.
C’est là justement l’extrait d’un malaise qui ne pourrait faire la particularité d’un projet, mais l’on craint à ce que ces malfaçons prennent le caractère endémique pour menacer le secteur du bâtiment et le réseau immobilier de ‘’cancers ’’ au péril des vies humaines et de l’argent d’Etat, lequel est censé mettre des gardes- fous pour éviter des drames.
Nadir Touati