La Kabylie suffoque !

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La canicule qui sévit depuis trois jours, sur le nord du pays et particulièrement en Kabylie se poursuivra au moins jusqu’à vendredi prochain, a indiqué hier, un bulletin météorologique à moyenne échéance de l’Office national de météorologie (ONM)

Selon ce dernier, des températures atteignant parfois 43 degrés, affecteront jusqu’à vendredi prochain, les régions nord et sud du pays.

Selon la même source ,les régions du nord du pays vont connaître durant cette période de trois jours, un soleil dominant en général à partiellement voilé vers l’ouest et le centre du pays durant les journées de jeudi et vendredi. Selon le bulletin de l’ONM, des orages isolés seront probables les après- midi et les soirées sur les reliefs de l’intérieur.

Il faut dire que la Kabylie à l’instar des autres régions nord du pays a vécu depuis samedi dernier, un vrai calvaire avec cette canicule infernale qui a touché l’ensemble des régions et qui devra donc se poursuivre jusqu’à vendredi prochain. Une situation qui n’est pas faite pour arranger les affaires de la population en cette période estivale où la majorité des citoyens n’a pas les moyens pour faire face aux grosses chaleurs. En effet, si certains privilégiés peuvent en profiter en se rendant à la plage et passer des journées les pieds dans l’eau, il n’en demeure pas mois que la plupart des gens, non seulement sont encore occupés par le travail, mais surtout, souffrent des conditions draconiennes en raison des caprice de Dame nature. En effet, c’est en cette période des grandes chaleurs que les agriculteurs et les ouvriers sur chantier s’adonnent à leur travail sous un soleil de plomb. Non seulement, ils n’ont pas le choix mais aussi, ils n’ont pas les moyens pour se mettre à l’abri comme le font des fonctionnaires et autre cols blanc.

Bosser sur un chantier sous 45°

 » C’est un véritable enfer  » nous confie, Smail un jeune manœuvre rencontré sur un chantier du côté de Mdouha dans la ville de Tizi-Ouzou aux environs de 11 heures au moment où il s’affairait en compagnie de trois de ses camarades à placer un échafaudage sur le mur extérieur de l’immeuble en construction sous une température dépassant 44°.  » Je ne peux même pas respirer, tellement l’air est suffoquant avec cette humidité infernale  » ajoute notre interlocuteur qui ne quitte jamais des yeux son jerrican d’eau, placé juste à côté du mur. Si la Kabylie est connue pour son hiver rigoureux, en été c’est encore pire. Nombreux sont en effet les citoyens qui préfèrent bosser sous une température frôlant le zéro degré que de sortir la tête dehors sous un soleil de plomb comme c’est le cas ces derniers jours.  » Je préfère de loin le froid de l’hiver que cette canicule infernale. Je n’ai même pas d’appétit pour manger un sandwich » confie un fonctionnaire de l’OPGI, sorti acheter une bouteille d’eau minérale. A la grande chaleur s’ajoute cette pollution qui rend l’air irrespirable à cause des ces milliers de véhicules circulant en ville. Les plus touchés sont les asthmatiques qui souffrent le martyre. Les urgences des hôpitaux sont prises d’assaut et selon les statistiques fournies par un infirmier au CHU de Tizi-Ouzou, un patient sur quatre, est évacué durant ces derniers jours en raison de la chaleur. La déshydratation chez les bébés et les problèmes respiratoires chez les plus âgés constituent les principales causes.

Selon un médecin, le risque majeur d’une exposition prolongée à la chaleur est la déshydratation, entraînant le plus souvent des pathologies mineures, mais pouvant aussi déclencher ou aggraver des maladies notamment cardiaques, neurologiques ou rénales. Chez les personnes les plus fragiles (nourrissons, femmes enceintes, vieux…) ou non acclimatées, les capacités d’adaptation de l’organisme sont plus facilement dépassées et un risque vital existe. Il ne faut pas négliger enfin un effet collatéral de la canicule : Les pics de pollution et leurs conséquences délétères, notamment sur le plan respiratoire.

Quand les coupures du courant font des siennes

Aux caprices de Dame nature, s’ajoutent tous ces aléas causés par l’homme. On ne parle pas ici des mauvais comportement de certains énergumènes qui trouvent un malin plaisir d’ajouter de l’huile sur le feu en étant derrière ces incendies qui ravagent des milliers d’hectares de forêts chaque saison. La Kabylie connue pour son relief n’y échappe malheureusement pas. Heureusement que jusqu’à hier, aucun incendie majeur n’a été signalé selon la Protection civile. Mais les hommes à l’uniforme sont aux aguets tout comme les agents de la conservation des forêts qui ne cessent de faire des rondes aux quatre coins de la Kabylie. C’est d’ailleurs grâce à leur vigilance et surtout au civisme des citoyens qui n’hésitent pas à contacter les différents services afin de prévenir tout début d’incendie, que la situation est maîtrisée indique un responsable de la protection civile.

L’autre problème majeur qui fait sortir de ses gonds, la population kabyle, surtout celle des villages reculés reste ces coupures fréquentes de l’électricité.  » Il ne se passe pas un jour sans que nous passions au moins une heure dans le noir  » relate un citoyen de Fréha qui ne comprend pas pourquoi ce sont toujours les mêmes villages qui subissent, ce qu’il appelle le diktat de la Sonelgaz.  » Pourtant, les responsables ne cessent de pérorer qu’il n’y aura pas de délestage pour cette année. Si ce n’est pas du délestage c’est quoi ces histoires de coupures qui peuvent durer jusqu’à une heure « . Un autre citoyen de Tizi-Rached nous a contacté hier, pour nous informer que tous les villages de la commune ont connu un black out avant-hier de 21 heures jusqu’à 23 heures. Une situation qui n’est pas faite sans énerver les quelques 20 000 habitants de cette Daira qui ne comprennent pas pourquoi la Sonelgaz n’informe pas ses abonnés de ces coupures ou du moins en donner les raisons.  » Avec une chaleur pareille, imaginez un instant que vous avez un malade à la maison sans pouvoir même pas mettre en marche un climatiseur  » s’insurge notre interlocuteur au bout du fil. Si ce citoyen s’inquiète des cas les plus graves, d’autres prient pour que le courant ne fasse pas des siennes en pleine soirée de DJ en cette période des grandes fêtes. En somme, la canicule touche tout le monde mais à chacun ses soucis.

Ali C.

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