La formule du pré emploi, mise en place par les pouvoirs publics dans le but de favoriser l’insertion professionnelle des jeunes diplômés, a montré toute l’étendue de ses limites, après des années de confrontation à l’épreuve du terrain. L’initiative, toute louable qu’elle soit, a fini en eau de boudin dans la majorité des cas. Seul, en effet, «20 à 30% des jeunes qui ont souscrit à la formule, réussissent au bout des années prises en charge par l’Etat, à décrocher un contrat à durée indéterminée», à se fier aux dires d’un responsable de l’emploi à Bgayet, très au fait du dispositif. Pour les autres, la forclusion est synonyme de retour à la case départ. Engagés pour une modique rémunération dépassant à peine le SMIC, ces diplômés qui ont nourri l’espoir, légitime du reste, d’être permanisés sur leurs postes, ont fini par perdre toute illusion. «J’ai l’intime conviction que mon employeur n’a consenti à me recruter que pour m’exploiter à moindres frais. Sinon, comment expliquer qu’il procède à la cessation de mon contrat de travail alors que le poste est resté vacant ?», peste Kamel, tombé des nues en apprenant qu’il est remercié sans autre forme de procès. «On a usé périodiquement de tout le tact possible afin de me rassurer que je serais maintenu à mon poste à l’issue de mon contrat. Pour m’épater, on m’a même fait miroiter un salaire mirobolant. Fadaise que tout cela !», Relate désabusé Akli, dont la saga a également tourné court. On a retrouvé dans les récriminations de ces infortunés jeunes diplômés, la récurrence du mot «piston» qui revient à satiété. De lourds soupçons de favoritisme pèsent, en effet, sur certains patrons «suceurs de sueur», tels que qualifiés par un jeune diplômé. Accusations que récuse sèchement un employeur cité nommément par des ex-employés dont il a mis fin aux contrats : «Il y a un texte que les deux parties sont tenues de respecter scrupuleusement. Pour le reste, l’employeur n’est tenu à rien», s’est-il contenté de répliquer.
N. Maouche
