Ni les campagnes de sensibilisation, ni même la promulgation de lois interdisant le travail des enfants, ne semblent dissuader certains énergumènes qui continuent à exploiter ces petits innocents sans éprouver ni craintes ni remords en les utilisant dans des tâches dures et pénibles pour leurs frêles corps. Cet état de fait se passe, au su et au vu de tout le monde, dans la région de M’Chedallah, à l’est de Bouira. Ces enfants sont utilisés au niveau des marchés hebdomadaires et sur les places publiques, dans le commerce ambulant de fruits et légumes… Le long de la RN 15 et de la RN 05, plusieurs jeunes, dont certains encore adolescents sont en effet mobilisés sur le bas côté de la chaussée pour revendre fruits, légumes de saison ou encore des produits de l’artisanat. Nul ne peut nier avoir remarquer des enfants dont l’âge varie entre dix à douze ans manipulant et traînant des cageots à longueurs de journées, sous les morsures du froid en hiver et les dards du soleil en été. Personne ne semble s’émouvoir du sort de ces enfants dont la place est à l’école, à commencer par les élus et ceux qui se disent représentants de la société civile à travers des associations caritatives et dont la quasi-totalité font leurs emplette au niveau de ces marchés et se font servir par ces enfants aux visages violacés par le froid ou noircis par les brûlants rayons de soleil. Cela va même jusqu’aux nourrissons qui n’échappent pas à la voracité des adultes dont le seul soucis est de tirer un maximum de bénéfices. On remarque à l’entrée du marché hebdomadaire de M’Chedallah, des mendiantes exposant des nourrissons au regard des passants. Le cas de ces mendiantes, ayant chacune une place propre à elles, a fini par être banalisé et personne n’en trouve à redire. De mauvaises langues racontent que ces nourrissons sont pris « en location », une méthode utilisée, parait-il, à l’échelle nationale. Qu’on raconte ce qu’on veut, dans ces contrées du pays profond, aucun des mécanismes mis en place pour la protection des enfants n’est opérant, jusqu’aux Imams prompts, pourtant, à décréter des fetwas pour n’importe quoi et qui se confinent dans un silence assourdissant devant cette cruauté. L’on rétorquerait, pour se faire bonne conscience, que la plupart des ces enfants sont utilisés par leurs parents, soit, mais un parent a-t-il le droit de faire de ses enfants des esclaves en leur imposant un travail de bagnards ? Les lois sont promulguées pour corriger et palier à la défaillance humaine et, dans ce cas de figure, celles faisant référence à la protection de l’enfance doivent être applicables à tout un chacun, sans exception, fut-il un père ou une mère.
Oulaid Soualah