A qui profite la crise ?

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Les citoyens de Boghni, à l’instar de ceux de la wilaya de Tizi-Ouzou, souffrent de plus en plus du calvaire que cause la grève des transporteurs par bus, qui sont à l’arrêt depuis plus de trois semaines.

En effet, nombreux sont ceux qui se retrouvent obligés de rejoindre le chef-lieu pour différentes raisons, particulièrement le travail. Le bus était le moyen le plus sollicité pour les gens de Boghni, vu l’absence de fourgons assurant la ligne vers le chef-lieu, le manque de taxis qui pourront, en cette période de crise et le nombre important de voyageurs que compte quotidiennement cette région. Ces derniers ne cessent d’exprimer leur ras le bol quant au chantage qu’exercent sur eux certains propriétaires de fourgons, pour ne pas dire la plupart d’entre eux. En effet, ces transporteurs, qui ne sont en vérité que des fraudeurs occasionnels, profitant de la crise en l’absence totale de contrôle des services concernés, assurent le service à leur guise, proposant des prix qui ne répondent qu’à leur désir de se remplir les poches à une vitesse record. Notons qu’au lieu de 50 DA la place (puisque ces fourgons ont remplacé les bus), les voyageurs, n’ayant pas le choix, se sont retrouvés à payer de 100 à 150 DA, voire jusqu’à 250 DA la place. «J’étais obligé de me rendre à Tizi, j’ai payé 250 DA, j’ai considéré que c’était mieux que de rater ce que j’avais affaire », déclare un citoyen, et d’ajouter : « Heureusement que je travaille à Boghni, sinon avec de tels tarif, on ne peut tenir longtemps ?».

Boghni-Tizi passe à 250 DA !

Effectivement, chaque jour, à l’arrêt des bus, en n’entend que : « 100 DA, sinon personne ne monte ! », « je vous arrange, payez 80/ 90 DA ! », tels sont les chantages que prononcent ces transporteurs, sans le moindre scrupule, sans avis préalable car ce n’est qu’en arrivant à l’arrêt que le client se voit annoncer le prix, se retrouvant pris en otage, avec le risque d’être peut être viré par son employeur pour cause de retards récurrents. Il se retrouve à payer ce qui lui est imposé évitant les querelles. Ceci, sans oublier, l’anarchie totale concernant leurs arrêts. À ce propos, un des voyageurs déclarera : « nous sommes devenus des ballons, chacun joue avec nous comme il veut, on court derrière eux et ça leur fait plaisir », et ce pour expliquer qu’ils arrêtent là où il veulent, et les gens courent ainsi dans tous les sens, pendant des heures parfois, pour enfin arriver, après bousculades, à prendre place dans un fourgon.

Où sont les services concernés de la région, au milieu de tout ça ? Qui est censé contrôler ces transporteurs ? Et autant d’autres questions que les voyageurs se posent. « Ils viennent de je ne sais où, pour profiter de la situation », clame l’un d’eux.

Notons qu’une grande partie de ces fourgons ne sont pas de la région, sur ce point, un autre voyageurs s’exprime en disant qu’ « ils sont venus de Maâtkas, de Draâ El Mizan et autres localités, prétendant nous rendre service, mais ils nous vident les poches ». Il y a lieu de signaler que parallèlement, au niveau de la station de fourgons se situant en face de la gare routière, c’est le même scénario et la même anarchie auxquels sont confrontés quotidiennement les voyageurs de la région de Boghni, rappelons que vu l’insuffisance des taxis à l’intérieur de cette même gare, les citoyens ne peuvent éviter cette situation, sauf ceux qui préfèrent passer par Maâtkas ou Ouadhias. «Ces taxis font les longs trajets, vers Alger et Blida, pour gagner davantage, et nous, on les attend ici », se désole un citoyen.

Il est à rappeler, aussi, que le nombre de fourgons a diminué par rapport à la première semaine de la grève, parce que la plupart de ceux qui assurent le transport aux villages de la région et qui ont pris l’initiative d’assurer l’axe vers le chef lieu, ces jours de crise, ont finalement rejoint leur lignes ou s’activent dans d’autres créneaux plus prolifiques (les sorties- plages, les fêtes,…), quant au citoyen, puisque c’est lui qui subit souvent les conséquences, il est toujours là à observer, à attendre et à se demander à qui profite cette crise de transport qui ne cesse de lui engendrer que plus de stress lui compliquant la vie et le ruinant.

Rachida Selmani

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