Le mal s’installe en Kabylie !

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La toxicomanie ? Certainement le phénomène le plus dévastateur pour l’avenir d’une jeunesse en but à une crise multi dimensionnelle

En face d’une propagation rapide de la consommation, une lutte acharnée des services de sécurité est menée sur le terrain. Il ne se passe, d’ailleurs, pas un jour, sans que l’on signale une  » prise  » dans l’une des localités de Tizi Ouzou. Une réalité qui inquiète au plus haut lieu surtout que le phénomène constitue l’un des facteurs qui encourage l’émergence de la criminalité.

Le nombre de consommateurs de drogue a augmenté de 100 % en deux ans dans notre pays. À Tizi Ouzou, le phénomène prend même des proportions alarmantes jusqu’à menacer la santé publique mais aussi à représenter un sérieux paramètre encourageant, dans la majorité des cas, la criminalité.

Du coup, les chiffres présentés par les différents services de sécurité ne font qu’accroître et prendre la courbe ascendante du fait de l’accroissement du trafic et l’augmentation de la demande. Si au départ, la consommation se limitait à un joint fumé en groupe et dans des lieux généralement isolés, la situation s’est sensiblement aggravée pour s’élargir à d’autres drogues dures, héroïne, crack, mais aussi différentes sortes de psychotropes.

Cette réalité n’est, bien évidemment, pas l’apanage de la seule région de Kabylie mais notamment les régions de l’est, ce qui est clairement établi par le directeur général de l’office national de lutte contre la drogue. M.Abdelmalek Sayah a annoncé que l’Algérie compterait plus de 300 000 consommateurs de drogue principalement de cannabis. Ce qui est par contre effarant à constater c’est la proportion des jeunes lycéens qui consomment régulièrement. Cette réalité se dévoile dans un rapport établi par  » Med Spade Algérie  » en collaboration avec le groupe  » Pompidou  » et l’observatoire de drogue et de stupéfiants de France et qui indique que le pourcentage le plus élevé de consommateur de cette catégorie se compte surtout parmi les lycéens et collégiens victime d’un échec scolaire.

Le phénomène s’est incrusté dans notre société en  » silence « en se généralisation et se banalise au même temps. Une étude réalisée en 2010, montre que sur un échantillon de près de 9240 ménages, répartis sur 46 wilayas du pays , 2,15% de personnes interrogées ont affirmé avoir en minimum consommé une fois le cannabis.

L’étude réalisée par le Centre algérien des études et d’analyses pour la population et le développement révèle aussi que 15,04 % des personnes interrogées ont avoir avoir consommé de la drogue dans la rue.

« Quand la mauvaise gestion  » booste  » la consommation de drogue »

En plus du fait qu’elle constitue un rempart qui se dresse contre l’épanouissement de la population , la mauvaise gestion par les autorités locales de la majorité des communes de la wilaya de Tizi Ouzou est pratiquement un facteur qui  » booste  » la consommation de drogue . Ceci s’applique essentiellement sur les dizaines d’édifice publics en cours de réalisation et qui connaissent un retard incommensurable se transformant, à l’usure, à de véritable de lieux de débauche. Nous citerons, à ce propos, les projets portant réalisation de bibliothèques communales devenus de vrais  » Mahchacha  » communales où se regroupent des groupes de jeunes à la recherche d’évasion . C’est le cas de le dire notamment pour le versant sud de la wilaya où des édifices se muent notamment de nuit à de véritables lieux de débauche. C’est qu’au lieu de s’éterniser dans des conflits personnels qui n’arrangent guère les affaires des citoyens , les élus de même que les autorités locales doivent trouver une issue à ces projets qui deviennent , au fil ,du temps , de véritables dangers publics.

Chômage et oisiveté quand le social se met de la partie !

Pour arriver à consommer et devenir dépendant à la drogue, les jeunes de 20à 39 ans qui constituent, selon les données fournies par l’office national de lutte contre la drogue, font généralement un passage dans les méandres de la crise sociale  » au lieu d’avoir un visa qui nous permettra de voyager, on se contente de fumer un joint le soir, pour s’évader et tenter de retrouver un plaisir que nous ne pouvons avoir dans notre vie faite de misère , de chômage et l’oisiveté  » nous dit Madjid, 22 ans , résident à la Nouvelle-ville de Tizi Ouzou . Il faut dire que la crise multidimensionnelle qui s’accentue davantage représente un paramètre qui encourage le phénomène. Ainsi l’érosion du pouvoir d’achat , l’absence de perspective pour des milliers de jeunes qui  » campent  » dans les villages de la wilaya de Tizi Ouzou en attendant un emploi , la déperdition scolaire conjugué à une  » folle  » envie de retrouver d’autre cieux favorisent l’apparition du phénomène . Des jeunes rencontrés à Draâ Ben Khedda, banlieue de la ville des Genêts nous confirme cet état de fait  » nous n’avons rien à faire. Nous sommes dégoûtés par ce qui se passe. Quant je vois des responsables locaux s’enrichir sur le dos du peuple alors que nous ,les jeunes, nous souffrons de l’absence du minimum de commodité je me mets en colère. Le soir arrivé je fume un joint avec mes potes pour oublier la misère  » raconte Mourad. Est- ce la solution ? , Hamid, son copain nous dit tout de go  » nous savons que ce n’est pas bien pour notre santé et pour la société. Mais nous refusons la morale.  » . Dans cette contrée, la consommation de drogue constitue l’un des premier fléau social qui gangrène la vie des riverains de certains quartiers de la ville.

Les stupéfiants, du Tabou à la banalisation ?

Considérée jusque- là comme un Tabou en sein du société conservatrice, la consommation de drogue, se généralise et se banalise petit à petit. Le trafic de produits stimulants et euphoriques dans des villes et villages de la wilaya a conduit à une nouvelle configuration et a planté le décor d’une nouvelle  » raison  » sociale qui fait que le joint n’est plus un tabou  » il y a deux ou trois ans, j’étais obligé de fumer tard dans la soirée dans des endroits isolés du village. Maintenant, dès 17h, je peux m’offrir un joint le plus normalement du monde  » nous confie Said, 25 ans, électricien habitant de l’un des villages de la commune de Ouagnoune. Il est vrai que les transformations qui ont traversé notre société ont carrément chamboulé les bases sociales, ells ont également fait chavirer la  » maison  » vers les cimes de l’incertitude. Une banalisation qui donne lieu à l’émergence de toxicomanes. Ces derniers, faute de prise en charge réelle et efficace, se transforment en véritable danger public débordant sur d’autres fléaux, le vol entre autre. Car, comme nous le dit l’un de ces jeunes pris dans la tourmente de la toxicomanie,  » il faut à tout prix trouver l’argent pour financer sa consommation quitte à recourir à des procédés tel que le vol « . Du côté des services de sécurité le cap est mis justement sur une lutte acharnée sur le terrain . c’est le cas de le dire à titre d’illustration , pour la daïra des Ouadhias où en quelques semaines , les forces de la sûreté de daïra ont réussi à neutraliser plusieurs éléments spécialisés dans la vente des stupéfiants.

Le centre de désintoxication, une urgence !

Le toxicomane est- il un malade que l’Etat doit impérativement prendre en charge ? le recours systématique à la justice et la détention préventive est- il la meilleure des solution ? Cette question est explicitée dans une loi promulguée le 25 décembre 2004. La loi prévoit justement que lorsque le représentant du ministère public traite un cas d’une personne ayant fait un usage illicite de stupéfiants ou de substances psychotropes, et qu’elle est soumise à compter de la date des faits qui lui sont reprochés, à la cure de désintoxication ou à la surveillance médicale, il peut décider du non exercice de l’action publique en vertu du rapport médical présenté par l’intéressé. Lors de la dernière journée d’étude consacrée justement au sujet, le Pr Ziri, directeur général du Chu Nedir Mohamed de Tizi Ouzou a annoncé l’imminence de la réception d’un centre de cure et de désintoxication. Faisant partie des 15 centres qui seront réalisés à l’échelle nationale, le centre est actuellement en cours de réalisation au niveau de l’EHS Fernane Hanafi de Oued Aissi.

La réception d’une telle infrastructure ouvrira, à coup sûr, une sérieuse voie pour le traitement de la toxicomanie et encouragera les sujets à solliciter l’avis médical pour se libérer de la dépendance considérée par les spécialistes comme une  » mort à petit feu « .

Omar Zeghni

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