Le diktat des spéculateurs !

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Alors que pour certains l’avènement du mois de carême est synonyme de beaucoup plus de spiritualité et de religion, pour d’autres c’est l’occasion inespérée de faire des gains sur le dos d’une misérable population

En bute à une sensible érosion de son pouvoir d’achat, la population ne sait plus à quel saint se vouer.

Jadis considéré comme un mois de piété le mois du jeûne ressemble plus à une  » corvée  » qui angoisse les ménages du fait des grosses dépenses qu’il impose. Cependant,il est loin le temps des folies qui s’empare de la rue à l’approche du Ramadhan, car cette année, Tizi Ouzou semble, paradoxalement, vivre en marge de cette dynamique. L’actualité faite des misères nées de la mise en œuvre du très contesté nouveau plan de circulation, les difficultés d’un quotidien impitoyable font oublier aux citoyens la spiritualité qui accompagne l’arrivée du mois sacré.

Un non événement ou presque …. !

Habituellement, la ville des Genêts vit, en pareil moment, une effervescence particulière qui rime avec cette chaleur qui caractérise l’été Tizi Ouzeen. Pratiquement tous les produits se vendaient sur les trottoirs des différentes ruelles de la ville.

Les gens se ruaient, plusieurs jours avant le début du mois de carême, sur les étals pour justement s’approvisionner en denrées pendant cette période. Cependant, il faut dire que ce n’est guère le cas cette année. Une virée effectuée hier, à travers les quatre coins de la ville des Genêts nous a permis de faire le constat d’un net recul de la demande sur un marché presque ‘plombé  » par des prix inabordables pour les petites bourses. Autre fait saillant de cette période, il n y a plus de marché informel à Tizi Ouzou.

En effet, l’opération lancée par les autorités de wilaya dans le but de venir à bout du phénomène de l’informel dans la ville des Genêts a généré une nouvelle configuration.

Pas loin que l’an dernier, les rues de la ville étaient jonchées de différents produits étalés sur les trottoirs, ce qui pour certains donnaient un cachet particulier, au delà bien évidemment du caractère informel de la vente  » aujourd’hui, vous voyez que les principaux Souks (marchés) ne sont plus là. J’avoue que leur présence donnait un caractère spécial à la ville durant le mois de Ramadhan. J’étais un habitué du marché des fruits et légumes situé à l’entrée de la rue de la paix et là je suis contraint de voir ailleurs. Les épiciers ? C’est inabordable. Ils affichent des prix exorbitants pas du tout à notre portée  » nous confie Said, la quarantaine rencontré à l’entrée d’une superette à Tizi Ouzou. Notre interlocuteur n’est pas le seul à penser que l’informel, autant qu’il posait des problèmes en terme d’ordre public autant il rendait service aux petites bourses  » ils (les responsables) doivent penser aux gens qui ne peuvent pas acheter dans des magasins et autres super marchés. La concrétisation des projets de marchés prévus depuis des lustres soulagera les citoyens.  » martèlera un autre citoyen. Pour ce dernier , la population s’oriente plutôt vers les marchés des banlieues sud à l’image de Draâ Ben Khedda qui connaît , notamment en fin d’après- midi, la ruée des consommateurs à la recherche des produits à bon prix .

Les prix affichés donnent le tournis

Comme un avant- goût de ce qui sera le prochain mois de carême, notamment pour sa première semaine, les prix affichés hier encore, sur les étals donnent le tournis.

Hier, au marché couvert des fruits et légumes, les citoyens restaient médusés à chaque fois qu’ils découvrent les prix des fruits et légumes pourtant, produits de saison dans leur majorité. Au grand dam des menages éreintés par un pouvoir d’achat qui ne fait que s’éroder, les prix ne cessent de monter sur une courbe plus que jamais orientée vers l’ascendant. Pourquoi une telle augmentation, vertigineuse, des produits alimentaires ? Les avis divergent.

Pour les commerçants que nous avons interrogés hier, à Tizi Ouzou , la responsabilité incomberait aux mandataires du marché de gros qui , selon eux , adoptent à l’approche de chaque occasion , une posture spéculative pour booster le marché  » nous ne prenons qu’une petite marge sur les produits . Généralement c’est du 5 % alors qu’au niveau du marché de gros personne ne s’en occupe.  » Tonnera un marchand de fruit et légumes installé au centre- ville de Tizi Ouzou.

Un autre commerçant aborde la question du monopole sur le marché  » je ne peux, malheureusement, pas vendre à des prix plus bas que ceux fixés par les mandataires. Ces derniers ont le monopole et ne sont pas soumis à la concurrence, féroce, pour notre cas.  » Dira- t-il.

Cependant, ce ton affiché par les commerçants ne plait pas aux consommateurs.

Pour Kamel, enseignant au lycée d’El Khensaa du centre-ville des Genêts, la responsabilité incombe d’abord à l’Etat qui n’arrive pas, selon lui, à structurer un marché qui, au fil des ans, s’apparente à un grand bazar  » la régulation du marché doit être de mise en pareil période où les citoyens sollicitent, plus qu’une autre période, le marché.

Cette année, en plus des fêtes qui nécessitent de grosses dépenses, l’arrivée du mois de Ramadhan accentuera la pression sur le citoyen qui sera contraint à se vider les poches pour garantir les obligations du mois sacré.  » Confie-t-il.

Pour notre interlocuteur, la consommation, cette année, sera réduite au  » strict minimum « .

En effet, beaucoup de paramètres plaident justement pour cette tendance de  » rationalisation  » qui s’empare du consommateur  » en plus des fêtes, le ramadhan précédera la rentrée scolaire ce qui contraindra les citoyens à rationaliser et à dépenser juste durant le mois sacré  » nous fait remarquer Said, un jeune père de famille originaire des Ouacifs.

Incompréhension et colère chez les citoyens

A une centaine de mètres du siége du Croissant rouge au centre- ville des Genêts s’attable sur la terrasse d’une cafeteria un groupe de citoyens. Karim, l’un d’eux nous dit que chaque jour, c’est pratiquement la même discussion  » la cherté de la vie  » qui hante les esprits et qui soulève moult avis et interrogations. Notre interlocuteur explique qu’il ne comprend pas pourquoi cette flambée des prix  » que font les services de contrôle de la direction de commerce ? Je vois chaque jour des déscentes menées sur le terrain, hélas, cela ne n’a donné jusque- là ,aucun résultat .nous continuons à subir la furia des commerçants.  » Dira-t-il avec un air plein d’amertume. Il faut dire que les opérations de contrôle peinent à suivre la dynamique lancée par les autorités de wilaya. Beaucoup de commerces, à travers les quatre coins de la ville, continuent à étaler leurs marchandises dans des conditions le moins que l’on puisse dire c’est qu’elles ne répondent nullement aux normes requises. La régulation et l’intervention de l’Etat sur un marché non régie par aucune des lois économiques si ce n’est l’anarchie, qui s’érige en maître des lieux, sont, dans ce sillage, incontournables pour réguler la crise. Cette dernière a donné lieu à une inflation qui, au- delà des chiffres officiels, a atteint des cimes importantes jusqu’à prendre le niveau d’une inflation galopante. Un citoyen nous fait savoir que les ménages ont leur part de responsabilité dans cette hausse vertigineuses des prix  » je ne comprend pas cet affolement qui s’empare des esprits à l’approche du mois de Ramadhan. La ruée vers les étals accentue la pression et déséquilibre le marché. L’importante demande contribue à l’augmentation des prix sur le marché du fait de la non adéquation de l’offre largement inférieure pour certains produits. » Précise notre interlocuteur.

La pénurie des produits alimentaires de la partie !

Dans ce contexte fait d’érosion du pouvoir d’achat, de chômage, bref, d’une crise multidimensionnelle , le Ramadhan de cette année rimera avec la pénurie de certains produits alimentaires du fait des mouvements de grève qui traversent les secteurs en question. Le citoyen, rongé par le stress de devoir dépenser, assistera, impuissant, à la dégradation continuelle de son cadre de vie. À commencer par le lait qui devient une denrée rare à Tizi Ouzou. La crise née de la grève des distributeurs qui paralyse l’unité de production de lait de Draa Ben Khedda s’aggrave de jour en jour sans qu’une solution, aussi provisoire soit elle, ne vienne  » adoucir  » le quotidien misérable du citoyen. Autre contrainte et non des moindres, l’eau. Des dizaines de localités de la wilaya de Tizi Ouzou font face à une pénurie d’eau. C’est le cas de le dire pour la population de Tizi Ntleta, notamment le village d’Ait Abdelmoumene qui subit de plein fouet les pénurie alors que Abdelmalek Sellal, le ministre du secteur, ne cesse de louer les réalisations au moment où les responsables du secteur au niveau locale n’arrivent toujours pas à gérer  » convenablement  » une alimentation régulière pour les populations.

Omar Zeghni

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