La mercuriale s’affole à Souk El Tenine…

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En ce début du mois sacré de Ramadhan, un mois censé apporter un peu de rahma, de piété et de solidarité une simple virée au marché de Souk El Tenine renseignera sur la disparition de ces vertus.

Les prix des différents produits, notamment ceux prisés en pareille occasion sont hors de portée. Les consommateurs, surtout ceux à faibles ressources, ne font que constater l’ampleur des dégâts, tous les produits s’envolent pour n’être à la portée que des couches les plus aisées. Quant à la couche sociale des communs des mortels, elle continue de subir le diktat des commerçants et des spéculateurs. Dda El Hocine, un quinquagénaire de Souk El Tenine, ne mâchera pas ses mots et n’hésitera pas à tirer à boulets rouges sur les responsables et les services concernés : « C’est une honte que de laisser des spéculateurs malmener des pans entiers de la société. Chaque année, on nous promet que le marché sera bien approvisionné et que les prix ne changeront pas, mais sur le terrain on constate le contraire. Tout flambe ! Les ouvriers, les chômeurs, les retraités et même les cadres moyens n’arrivent pas à joindre les deux bouts, c’est inacceptable ! ». Un autre client, ayant capté notre discussion, s’invitera pour dire : « Où sont passés les services antifraude et ceux de la surveillance des prix ? Où sont passés les services de la protection des consommateurs ? Les commerçants tiennent les rennes du marché et font la loi. Ils veulent, à ce rythme, affamer la population. Au lieu de baisser les prix, en vue de permettre aux citoyens de jeûner dans la joie, on préfère les augmenter et priver les citoyens d’avoir une potable Meïda de Ramadhan. Les services de l’état sont absents sur le terrain. Le simple citoyen se sent abondonné et livré aux spéculateurs ». En circulant à travers les rayons du marché assez éventé pour un jour de marché et de ramadan, il devient facile de comprendre l’absence de bousculades qui caractérisait le marché de Souk El Tenine. Désormais, les prix de tous les produits sont inaccessibles. A commencer par les fruits et les légumes. La pêche, vendue il y a à peine une semaine à 30 DA, voit son prix tripler et atteindre 100 DA le kilo. Les poires, de moyenne qualité ne sont accessibles qu’à partir de 120 DA. La pastèque et le melon sont proposés respectivement à 40 et 80 DA. Concernant les légumes, c’est le même constat. L’haricot vert, la courgette, les carottes et les tomates sont vendus respectivement à 100, 60, 80, 70 DA le kilogramme. La laitue est affichée à 60 DA. Les piments sont fixés à 70 DA. Même la pomme de terre et l’oignon ne sont pas épargnés par la hausse. Pourtant, en pareille période, ils sont largement accessibles. Hier, leur cote a gagné des points. Le tubercule des pauvre est passé à 40 Da, l’oignon à 30DA. Quant à l’ail, il atteint le prix astronomique de 350 DA. Pour ce qui est des viandes, les clients se font rares devant les portes des bouchers. La viande avec os est cotée à 800DA, le beefsteak à 1300 DA. Le poulet vivant a atteint 250 DA et celui vidé dépasse les 340DA. La viande congelée est aussi trop chère, puisque son prix se rapproche de celui de la viande fraîche. Pourtant, on a parlé de l’importation de plusieurs milliers de tonnes de viande, mais à Souk El Tenine, on n’a pas encore vu sa couleur. Un client rencontré dans une boucherie fulminera : « Le prix de la viande est une simple malédiction. Nous gagnons moins de 800 Da par jour, même pas de quoi acheter un kilo de viande, n’est-ce pas là une honte ? En ce mois sacré peut-on avaler une soupe sans viande ? ». Ajouter à cette dramatique situation, les frais de l’Aïd, ceux de la rentrée scolaire… Les citoyens vont devoir s’endetter pour répondre aux besoins de leurs familles et passer le reste de l’année à rembourser leurs dettes. Une vraie malédiction, faut-il le reconnaître. Qui fera quelque chose pour délivrer la population de cet étau qui la serre jusqu’ à l’étouffer et résoudre cette équation à plusieurs inconnues. Ce ne sera certainement pas les services concernés. Boycotter le marché et acheter le strict nécessaire peut apporter une baisse des prix.

…Et à Ouadhias aussi

Le citoyen devra changer ses habitudes alimentaires car, à son grand désarroi, les prix de tous les produits se sont envolés. Comme de coutume et à chaque arrivée du moi de carême, la mercuriale flambe et rien n’est à la portée du consommateur. En effet, à Ouadhias comme à Béni Douala, il y a deux marchés bihebdomadaires (mardi et mercredi) qui sont fréquentés par la population de toute la région. Le constat est là. Il n’y a qu’à y effectuer une petite virée pour se rendre compte de la situation en voyant les prix affichés sur les étals des fruits et légumes. A commencer par les produits de base indispensables : la pomme de terre se vend entre 40 et 50 Da alors qu’il y a quelques jours, elle se vendait entre 25 et 30 Da. La salade est cédée à 60 Da le kilo, la courgette à 50 Da, le piment et le poivron sont à 80 Da et la tomate se vend à 80 Da/kg. Quant aux fruits, leurs prix sont aussi exorbitants : le raisin est cédé entre 100 et 120 Da/kg et la banane entre 130 et 150 Da/kg. La pomme, 1er choix, est à 170 Da et le second choix est cédé à 110 Da/kg, la pastèque à 40 Da, le melon à 85 Da et le cantalou entre 50 à 60 Da. Les prix du poulet oscillent. Il se vend à plus de 250 Da/kg. Même cas de figure pour la dinde dont le prix a connu une hausse non négligeable. La viande fraîche est maintenue entre 850 et 140 Da/kg. C’est à ne rien comprendre ! les prix de tous les produits ont pris de l’ascension en ce mois de Ramadhan, ce qui est dur, très dur pour le pauvre citoyen qui est père de famille touchant un Smic de 15 mille dinars. Celui-ci ne sait plus où se donner de la tête et reste impuissant devant les prix de certains produits de base qui reviennent en hausse.

A Boghni, les consommateurs désorientés

En ce début du mois de Ramadan, les prix de certains produits de consommation connaissent une augmentation spectaculaire, plus particulièrement les légumes frais et les fruits, les produits de consommation de base comme le sucre et le concentré de tomate dont les prix sont soumis aux fluctuations du marché. Il est facile de vérifier cet état de fait dans les superettes, où l’on croit retrouver un peu de clémence dans les prix affichés, mais sans compter sur l’entente parfaite des commerçants sur l’évaluation de chaque produit exposé à la vente. Donc, d’un espace commercial à un autre, d’autant plus que ces dernières années, les rues commerçantes de la ville connaissent une prolifération de magasins d’alimentation générale, seul le décor change, même si une petite baisse sur le prix d’un produit est possible d’un magasin à un autre, mais cette différence est compensée par un autre plus cher. En fait, les gérants s’approvisionnent chez les mêmes grossistes, eux aussi tributaires des pratiques et de la spéculation qu’exercent les importateurs, ce qui suppose que le marché des produits alimentaires ne peut pas connaître de grands bouleversements, d’où cette idée ancrée notamment chez les petites bourses, celle de ne pas avoir de préférence entre les grandes surfaces et l’épicier du coin. Un commerçant très au fait du fonctionnement ou plutôt des dysfonctionnements du commerce des produits alimentaires, affirme que « tout est spéculation tant qu’il n’y a pas de régulation du commerce. Des augmentations peuvent survenir à n’importe quel moment sans aucune raison convaincante ». Un peu plus bas du centre-ville, au quatrième jour du mois sacré le marché des fruits et légumes, le plus grand espace commercial de la région sud de la wilaya de Tizi-Ouzou, connaît une grande effervescence au vu des prix affichés dans les allées réservées aux marchands, dépassant toutes les prévisions d’avant le début du Ramadhan. Ainsi, les fruits sont hors de portées des personnes à faible revenu. Le fruit disponible le moins cher coûte 80 Da. De même pour les légumes, la flambée touche les plus utilisés par les ménages comme les haricots verts, la tomate, la pomme de terre, la courgette et la salade, dont les prix oscillent entre 40 à 150 Da. Ce qui est inquiétant cette année, la tendance à la baisse des prix n’est pas encore enclenchée malgré l’attitude adoptée par les consommateurs de se contenter du strict minimum, du moins pour les moins nantis, ce qui constitue une autre source d’inquiétude pour les jeûneurs déjà éprouvés par la chaleur qui continue dans la région.

Hocine Taïb/M. Zerbout/

M. Haddadi

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