Ahnif, région berbérophone, est située à 30 km à peine à l’est du chef-lieu de la wilaya de Bouira. Issue du dernier découpage territorial de 1984, de la commune mère de M’Chedallah, promue elle aussi à la même occasion comme chef-lieu de daïra, elle peine à trouver ses marques pour un décollage en matière de développement, malgré ses atouts enviables à plus d’un titre. Elle est toutefois contrariée par le déficit en foncier qu’elle traîne et qui empêche sa sortie du sous-développement, dans lequel elle continue à sombrer. Ayant une superficie qui fait d’elle la deuxième plus grande commune de la wilaya de Bouira, une position géographique idéale, faisant qu’elle soit quasi équidistante des grands pôles industriels et économiques de Bordj Bou Arreridj (70km), de Sétif (150km), de Béjaïa (92km),de Tizi-Ouzou (80km) et d’Alger (150km). Elle est également servie par l’autoroute Est-Ouest, la route nationale N° 5 et la voie ferrée Annaba – Alger, qui la traverse en parallèle d’est en ouest. C’est un véritable carrefour dont elle ne tire, pour le moment du moins, aucun avantage , sinon celui de voir le train passer et les files de voitures qui, de temps à autre, s’accordent des haltes au niveau des restaurants, comme l’Auberge du rocher ou l’Etoile d’Afrique, situés sur l’axe routier. Un axe routier qui sert également pour quelques marchands qui exposent leurs poteries, et autres produits d’artisanat et agricoles, comme l’huile d’olive et les figues sèches. Ses capacités en matières de développement sont énormes, dans tous les domaines, pour peu que nos responsables daignent lever la contrainte du foncier qui empêche, et retarde le lancement dans les délais, des différents projets d’équipement publics, tels que celui d’une école primaire au chef-lieu de la commune, pour désengorger sa seule école. Le collège prévu a Ighrem qui ne trouve pas d’aboutissement ; les 100 locaux professionnels dont seulement 20 sont réalisés à Douba, la création de la zone industrielle dont on parle comme d’une arlésienne et qui pourrait donner des emplois aux chômeurs, réduits à guetter la moindre offre au niveau de l’agence locale de l’emploi sur laquelle s’exerce une terrible pression. La partie sud, en plus de deux grands gisements de gypse dont l’un est en exploitation par Colpa, une entreprise créée en association par Cosider (Algérie) et Lafarge (française), est formée par de vastes étendues agricoles dominées par l’olivier, mais souffrant du manque d’eau. Les villages de Tiksrai, Ighil Nait Ameur, Tameziavt, Ighil Nait Rayou, vivent au quotidien un manque d’eau potable et sont en attente du projet d’AEP à partir du barrage de Tilesdit, situé dans la commune de Bechloul, à une dizaine de kilomètres. Un projet qui se fait désirer, vu son impact sur le quotidien des habitants qui aspirent à quitter au plus vite leur soif qui a trop duré et le rythme, jugé lent, des travaux du projet. Par ailleurs, dans la mesure où l’irrigation est prévue, d’énormes profits en découleront de l’exploitation des terres à hautes valeurs agricoles, restées en jachère pour cause de manque d’eau. Avec autant de facteurs de réussite, des citoyens ne cachent pas leur déception notamment vis-à-vis des élus locaux, beaucoup plus préoccupés par des guerres stériles au sein de l’assemblée, rythmées par les alliances et les divorces, dictés par des intérêts sans commune mesure avec ceux de la collectivité qu’ils sont censés servir, en se plaçant aux avants postes du combat pour le développement. La tutelle, quant à elle, est interpellée pour régler la contrainte du foncier qui étrangle la commune. Et à mettre un plan de développement qui prenne en compte toutes ses potentialités inexploitées.
Mohand Meghellet