Bouira : Animation nocturne particulière

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Aux tous premiers jours du mois sacré la cadence était marquée par un rythme au ralenti dans tous les domaines. Juste une question d’adaptation pour un mois revenant chaque année, et pour lequel il faut plusieurs jours afin de s’y accoutumer. La première décade écoulée, voilà que la population s’éveille et semble s’accommoder et décide enfin de sortir de son assoupissement pour aller prendre de l’air, veiller tard ou déguster une succulente glace.

Les familles se permettent même de déambuler à travers les boulevards, qui longent les quartiers de Drâa El Bordj, Harket, et en allant vers le centre commercial, ou nouvellement de nombreux marchands de glaces, de toutes sortes de rafraîchissements, et de produits consommables, ont ouvert leurs commerces. L’accueil y est parfait, de même que l’hygiène. Les citoyens rencontrés paraissent ravis qu’il y ait autant de vie et de couleurs, car ces atmosphères vivaces leur manquent cruellement. En somme, il y a de l’entrain dans l’air, et c’est tant mieux pour égayer l’atmosphère trop souvent monotone. Les journées du jeûne sont éreintantes, exténuantes et suffocantes parfois, à cause des chaleurs torrides qui sévissent depuis le début du mois de ramadhan et elles continuent encore de narguer les jeûneurs. Une fois le mouazin, annonçant la rupture du jeûne, et une poignée de minutes plus tard, les adeptes des cafés maures affluent pour se réserver une table. Ainsi commence pour eux, une longue nuit accompagnée de thé à la menthe, de différents breuvages et arômes de tabac, blond, brun et cigares. Les uns jouent aux dominos, les autres préfèrent les cartes. En revanche, il y a une autre catégorie de citoyens plus portés sur les jeux cérébraux qui se retirent dans un coin calme en plein air, ou dans une bibliothèque municipale, pour entamer une partie de jeux d’échecs. Ailleurs, dans d’autres endroits plus animés, des amateurs de musique saisissent l’occasion de ce mois pour s’organiser en petites troupes et former ainsi un groupe homogène. Les airs musicaux sont riches et variés et font le bonheur des passants. Les amoureux du théâtre eux, sont aussi bien servis, car il y a tout un programme d’une série de mises en scène de pièces théâtrales au niveau de la Maison de la culture Ali Zamoum. Ainsi, le choix est laissé à l’appréciation des fans du théâtre, pour comprendre, et estimer telle ou telle pièce, c’est selon les sujets qui touchent. Mais c’est toutefois le domaine de la musique qui ameute le plus de fans, notamment les plus jeunes. Et dans ce domaine tous les goûts sont présents, sonorités qui vont du rai, du sahraoui, kabyle, châabi, andalous, malouf, haouzi, et même d’autres musiques occidentales telles que la pop music, le swing, le jazz rock, le havy metal.

Les jeunes groupes musicaux qui se forment dans ces types de musiques occidentales ont un avenir tout tracé pour la réussite au vu du public qu’ils attirent. Seulement, l’accompagnement et l’aide doivent être prodigués à ces jeunes musiciens par les services concernés pour les encourager à aller de l’avant. Pour d’autres citoyens vivant dans des habitations réduites et subissant les affres de l’exiguïté et des chaleurs suffocantes des journées durant, et en plus de l’abstinence, les sorties aussi sont de mise. Cette catégorie de la société trouve quand même un moyen de sortir de cette torpeur en occupant carrément les espaces verts et autres places publiques conçues réellement pour la détente des familles. Ces dernières trouvent un échappatoire pour refouler toute la pression contenue de longs moments cloîtrés entre quatre murs, et pouvoir enfin respirer de l’air frais à pleins poumons et apprécier une brise consolante. Pour d’autres familles, ce sont les visites familiales ou amicales juste après la rupture du jeûne, pour entamer une soirée conviviale agrémentée d’échanges d’histoires à raconter le temps de déguster un gâteau oriental, ou boire un rafraîchissement. Il y a également le “shopping nocturne” en flânant devant les échoppes d’habillement, et d’autres boutiques de parfumeries. D’où l’engouement qui se remarque chaque soir au niveau des quartiers réputés à vocation commercial. Après les emplettes, ces familles s’attablent ensemble pour se désaltérer en dégustant des bonnes glaces fraîches. Il y a une autre frange de femmes qui trouvent en ce mois de Ramadhan, une opportunité des plus propices pour améliorer leur savoir culinaire, et de ce fait, elles s’arrachent les livres de recettes de cuisine. Elles savent pertinemment qu’elles passeront un mois à mijoter des plats gastronomiques et des desserts à la cuisine. D’autre part, il est utile de souligner l’amélioration de l’aspect sécuritaire qui est réellement pris en charge et les citoyens peuvent se prélasser en toute quiétude jusque tard dans la nuit. Dans ce microcosme nocturne, des adeptes de la pétanque aussi se font remarquer. En l’absence d’un boulodrome, le moindre petit terrain vague fait office d’aire de pétanque. La municipalité a pensé quand même à réaliser des terrains de pétanque de proximité équipés de lumières pour les joueurs nocturnes. Au niveau de la plupart des espaces verts se trouvent des terrains de pétanque, pour permettre aux amateurs de jouer à ce sport hérité de leurs aînés et perpétué depuis. Les différents tournois de pétanque pratiqués par des professionnels sont à l’origine des résultats obtenus par l’Algérie lors des championnats du monde. En ce mois de Ramadhan, de nombreuses familles nécessiteuses ont bénéficié d’une attention particulière de la part des organismes de solidarité et de bienfaisance. En effet, des restaurants Iftar ont été ouverts, en plusieurs endroits de la ville et des repas complets sont servis sur place. Ceci a été rendu possible par certains bienfaiteurs qui ont mis la main à la poche pour venir en aide à cette catégorie vulnérable de la société. Ainsi grâce à ces généreux mécènes, le quotidien de ce Ramadhan est atténué de son lot de misère sociale. L’ensemble des jeûneurs ne sont certes pas tous logés à la même enseigne, mais la charité commune rassemble le commun des musulmans.

Fahem H.

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