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Meziane Yaker meurt en martyr à la fleur de l’âge

Avoir 14 ans et offrir son adolescence trempée au nationalisme, à l’amour de la patrie et emprunte au sentiment de liberté est un fait qui mérite bien que l’on s’y arrête.

La psychologie universelle propose que cet état de fait relève d’un sens et d’une conscience élevés qui prennent racine dans le milieu familial d’abord et leur prolongement ensuite dans celui de l’environnement social immédiat dans lequel l’individu se meut, vit et grandi. C’est le cas du jeune Yaker Meziane né en 1943 À At Helli dans l’Arch des Ait Iraten. C’est aussi le cas de beaucoup d’autres comme lui qui sont partis à la fleur de l’âge et le petit Omar de la Casba d’Alger en est également un exemple. L’événement qui suit et au cours duquel le jeune Meziane tombera au champ d’honneur s’est déroulé précisément le 29 septembre de l’année 1958 au village d’At Helli en pleine guerre d’Algérie.

L’armée coloniale française, surprise par la détermination de la population à aller à son indépendance malgré les opérations militaires aussi brutales que de grandes envergures suivies de stratégies et de méthodes d’étouffement de la révolte déjà expérimentées au Vietnam se rabat avec férocité sur les populations civiles désarmées mais non moins engagées sous plusieurs formes. Il était 12 heures lorsque le village d’At Helli est alors brusquement encerclé. Les villageois sont rassemblés.

Les soldats arrêtent quatre résistants (imseblen) : Rekhou Mokrane, Sameur Mohand Said, Larkeche Ahcéne (du village d’Ait Yakoub) et le jeune Yaker Meziane. Ils sont violement torturés. Ils pouvaient pourtant fuir mais la fuite était redoutée tant la bravoure leur commanda de rester là même se sachant en danger. On arracha à Meziane un œil après l’avoir crevassé.

Les militaires, visiblement déstabilisés par le courage d’une si jeune âme, redoublèrent alors de férocité. Lorsque la violence et le courage se côtoient et s’hypostasient seule l’élimination physique devient la solution pour apaiser la colère rageuse du tortionnaire. Le visage ensanglanté les soldats jetèrent une pelote et ordonnent à Meziane de la ramasser. Méziane savait le coup classique. C’était le fameux  » mort alors qu’il tentait de s’enfuir « . Avec ses camarades ils préférèrent mourir en hommes debout. C’est alors qu’ils seront fusillés à tour de rôle comme pour accentuer la torture morale du suivant.

Si cet exemple de sacrifice et d’amour de la nation n’a pas eu de prolongement auprès de notre jeunesse actuelle c’est parce que la révolution a été vidée de son sens par ceux qui depuis des années l’ont détourné de ses véritables objectifs. Du côté de Rachid Mimouni il y a un livre qui s‘intitule :  » Le Fleuve détourné  » qui mérite bien d’être lu et relu.

Abdennour Abdesselam

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