Ahcen Mezzani : Tu connais ?

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Par Abdennour Abdesselam:

Ahcen Mezzani : Son nom à lui seul est évocateur d’un genre particulier de la chanson d’amour kabyle qu’il a initiée et développée en duo avec des voix de femmes telle que celle de la majestueuse et non moins incontournable Aït Farida. Elle a été l’une de ses toutes premières partenaires et donnera d’ailleurs la réplique à d’autres artistes. En reconnaissance de son apport à la chanson berbère de Kabylie, le centre culturel de Larbâa n At Yiraten porte aujourd’hui son nom. Tant de mérite ? Et comment qu’il le fallait bien ! Ahcene Mezani est né le 22 mai 1922 au bas du village Hammame situé sur un versant de l’ex Fort national. Comme la plupart des artistes kabyles, il fera ses premières classes dans l’émigration. C’est au sein de l’orchestre de l’incontournable Amraoui Missoum et les conseils que lui prodiguait Mohamed Igherbouche qu’Ahcene Mezani s’affirma de plus en plus. Si sa chanson A yellis n Crif avec toutes ses métaphores, dédiée à sa patrie en marche vers son indépendance, demeure l’architrave de son œuvre musicale, celle titrée Ruh a teghredgh ruh (va t’instruire) est assez significative de l’importance que Mezani accordait à l’instruction comme voie de réussite sociale, lui qui en été tant privé. Cet éloge à l’instruction est assez significatif de l’importance que tout Kabyle accorde à l’école. Même les plus démunis socialement font de l’instruction de leurs enfants un but, le but de leur vie. Il n’est pas vain de constater que les chansons d’Ahcene Mezzani précédent son nom auprès de la nouvelle génération. Paradoxalement, c’est par elles qu’ils vont à la rencontre de son nom. Ce qui explique que la textuelle dans la chanson kabyle devance et prime sur l’auteur car elle remplie une fonction sociale d’importance. Le texte chez nous n’est pas un simple remplissage ou un ornement de couloir. Il est un passage obligé vers la réussite et Ahcene Mezani a su aller justement dans le sens du bon sens de la vie. Il quittera prématurément Paris vers 1971. Il décède le 24 septembre 1984 dans l’indifférence involontaire au temps où même accompagner un artiste à sa dernière demeure était scrupuleusement douteux. Mais aujourd’hui, la Kabylie a su lui rendre tous les honneurs et le timbre particulier de sa voix résonne encore dans le paysage envoutant de son art.

Abdennour Abdesselam ([email protected])

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