Une catastrophe évitée de justesse

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Un seul cas de décès de bébé a été enregistré le 5 septembre dernier à la clinique Sbihi-Tassadit de Tizi Ouzou, suite à une infection nosocomiale. Un autre cas est toujours gardé en observation et bénéficie de soins intensifs au sein du même établissement. Le ministre de la Santé s’est déplacé sur place pour une inspection.

Il faut dire que des folles rumeurs ont circulé tout au long des deux derniers jours à Tizi Ouzou faisant surtout état de plusieurs décès de bébés suite à une infection nosocomiale à la clinique de gynécologie Sbihi.

Une situation qui a fini par créer un état de psychose au sein du même établissement. Le directeur de ce dernier a tenu, de prime abord, à démentir ce qu’il a appelé les « affabulations », qui ont fait état du décès de sept bébés et confirmera qu’effectivement un bébé de 36 semaines est décès des suite de cette infection alors qu’un autre cas est gardé en observation médicale. M. Kitous, premier responsable de la clinique Sbihi, indiquera, dans la foulée que la situation est « maîtrisée » puisqu’une opération de désinfection a été effectuée avant-hier « même dans ces conditions, la structure n’a pas été fermée puisque nous avons eu à traiter 22 accouchements », ajoutera le directeur de la clinique. Venu en catastrophe hier à Tizi Ouzou, M. Djamel Ould Abbès, ministre de la Santé n’a pas trouvé mieux pour commenter ce qui venait de se passer, que de confier tout sourire sa « joie » de se retrouver à « nouveau pour la 44e fois à Tizi Ouzou » non sans confirmer le décès d’un nouveau-né des suites d’une infection nosocomiale.

Djamel Ould Abbès informé par un journaliste via un SMS !

Djamel Ould Abbès se perdra par la suite dans un discours d’autosatisfaction en faisant l’éloge de la situation de la santé à Tizi Ouzou. “J’ai été affolé par l’information qui m’a été donnée. J’ai vite pris attache avec les autorités locales qui ont fait le travail. Il s’avère que deux cas ont été touchés. Je profite de ma visite d’aujourd’hui (hier, ndlr) pour rendre un vibrant hommage au personnel de la cette clinique qui ont eu à traiter un nombre important d’accouchements durant cette année », dira Ould Abbès.

Ce dernier révélera, par contre, que l’information lui est parvenue via un SMS d’un journaliste avant-hier aux environs de 17h. “Les responsables de la santé au niveau de la wilaya ne devraient-ils pas informer leur hiérarchie après un tel incident ?», s’interrogera l’un des infirmiers à l’écoute du ministre. On apprendra du Dr Ould Abbès que la clinique Sbihi-Tassadit enregistre 70 décès de bébés par an dont 34 sont des prématurés. « Tizi Ouzou enregistre une moyenne de 10 décès sur 1 000 naissances ce qui est un bon signal par rapport à la moyenne nationale», commentera le ministre de la Santé publique. Sur l’incident qui a coûté la vie à une bébé de 36 semaines, des sources hospitalières nous indiquent que l’opération de désinfection de la clinique ne s’est pas faite sans des soucis relatifs à la pénurie de certains produits médicaux. C’est le cas de le dire, précise notre source, pour le bouillon d’hémoculture indispensable pour la désinfection du germe nosocomial indisponible depuis 18 mois. Qu’est-ce qui a empêché une telle opération de désinfection de s’opérer avant ? Les inspecteurs de la santé publique ont-ils effectué des missions pour s’enquérir de la situation des établissements hospitaliers à Tizi Ouzou ?

Le ministre n’en soufflera mot. Ceci dit, en face d’un ministre visiblement « satisfait » de sa 44e virée tizi ouzeenne, le personnel de la clinique Sbihi n’a pas cessé de se plaindre des conditions de travail de la pression exercée sur leur établissement. Le directeur affirmera, dans ce sens, que 6 640 accouchements sont enregistrés annuellement au sein de la clinique Sbihi avec une moyenne de 22 césariennes effectuées quotidiennement. D’une capacité d’accueil de 72 lits, la même clinique prend en charge les femmes enceintes. En marge de sa visite, Djamel Ould Abbès reviendra sur la question de la pénurie des médicaments dans notre pays. Il réitérera ses déclarations antérieures relatives à l’existence d’un lobby qui crée, selon lui, des tensions sur le marché. “Oui, je confirme qu’il y a des lobbies du médicament. La loi n’a pas été respectée du moment que certains importateurs n’en fabriquent pas. Nous avons une importante facture d’importation du médicament avec 2,5 millions de dollars, 260 distributeurs et cela ne suffit pas pour stabiliser le marché.” précisant, par ailleurs, qu’il ne « jette la pierre à personne », Djamel Ould Abbès avouera que l’instabilité a freiné le secteur de la santé.

« Kasdi Merbah avait une vison extraordinaire du développement du secteur. Je dois dire que nous sommes le seul pays au monde qui a eu en 7 ans, 10 ministres de la santé », dira M. Ould Abbès. Ce dernier révélera son opposition à l’acquisition des vaccins anti H1N1 qualifiant l’épidémie d’ »escroquerie », qui a coûté plus de 9 milliards de dollars.

Omar Zeghni

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