Mme Salima Gaoua, la nouvelle directrice de la maison de la culture Taous Amrouche de Béjaïa revient à travers cet entretien sur l’actualité au sein de son établissement et évoque son plan de travail pour le futur.
La Dépêche de Kabylie : La Maison de la culture a connu, ces derniers temps, un engouement sans précédent, particulièrement durant le mois de Ramadhan. Quel bilan faites-vous de l’ensemble des activités que vous y avez organisées ?
Mme Salima Gaoua : Le mois d’août a particulièrement été riche en événements, nous avons pu organiser 25 soirées, entre le 02 et le 26. La grande salle de spectacle, ne pouvant contenir tous nos visiteurs, c’est l’esplanade qui avait fait office de théâtre à ciel ouvert. 112 artistes nous ont honorés par leur présence pour des soirées musicales et culturelles où tous les styles étaient représentés, notamment le Kabyle, l’Algérois, le Haouzi, le Gnaoui…
Le public, composé majoritairement de familles, venait en masse, on décomptait entre 4000 et 5000 personnes par soirée. Tout notre personnel avait été mis à contribution pour assurer le bon déroulement des festivités. Et je puis vous assurer que tout s’est passé dans le calme et la sérénité. L’atmosphère était empreinte d’une ambiance conviviale et chaleureuse. Ces rencontres, nous les avons voulues comme un moyen pour découvrir de nouveaux talents, nous avons été émerveillés par la prestation de cet enfant de 5ans qui est monté sur scène, accompagné de son père, subjuguant le public et chantant, sans fausses notes, le répertoire d’Oulahlou. Nous avons également, à travers ces rendez-vous, rendu hommage à nos artistes qui sont la locomotive des générations montantes, à l’image de Nadir Aït Zenati, Kamel Ouali, Maïbeche, Boudjemaâ Agraw, Rabah Asma et le grand Ouazib Mohand Ameziane, qui ont donné le meilleur d’eux-mêmes sur scène. Tinhinane, la révélation d’Alhane wa chababe était également de la partie, elle avait magistralement interprété le répertoire de Nouara. Fella Assirem, de l’orchestre national, avait aussi particulièrement ému le public avec sa voix d’or. Je tiens également, si vous permettez, à saluer à travers les colonnes de votre journal, le groupe Tilanya, constitué de jeunes universitaires, des intellectuels au sens noble du terme, qui ont accompagné les artistes tout au long du mois sacré. Il conviendrait de rappeler, qu’outre les rendez-vous nocturnes, des projections de films, sélectionnés par une commission spéciale, ont été au menu, chaque jour à partir de 17h. Et de ce fait, des ateliers de techniques audiovisuelles sont en chantier ainsi qu’un cycle de projection-débat pour le volet cinéma pour les jours à venir.
Qu’en est-il de la suite du programme, l’activité s’arrête-t-elle avec la fin du mois de Ramadhan et de la saison estivale ?
Loin s’en faut, nous allons mettre nos moyens au service du prochain Festival de la musique et de la chanson kabyle qui se tiendra, comme vous le savez , du 8 au 13 septembre et où des plateaux importants seront installés au niveau de la Maison de la culture. Et pour ce qui est des enfants, nous somme déjà en plein préparatifs pour le festival Lire en fête qui se déroulera du 15 au 25 Septembre, où nous aurons à nous occuper du volet animation. Nous y prévoyons des ateliers de contes pour enfants et pour cela des conteuses professionnelles y sont conviées, elles auront le loisir d’initier nos enfants au monde du merveilleux et du fantastique, c’est une occasion pour pérenniser tout ce qui a trait à la lecture et de l’inscrire dans la durée. Je vous rappelle qu’une journée spéciale leur a été consacrée, au troisième jour de l’Aïd
Vos activités se concentrent principalement au niveau du chef-lieu de la wilaya, avez-vous quelquechose de prévu à l’intention des contrées éloignées, pour les sortir de leur isolement et de leur marasme?
Nous comptons, justement, prendre attache avec les représentants du mouvement associatif des 52 communes que compte la wilaya de Béjaïa, et ce pour un programme qui s’étalera sur les 52 semaines de l’année afin d’élaborer un agenda culturel qui touchera toutes les disciplines, à l’instar de la musique, du théâtre, des expositions…etc. Les responsables de ces communes, par le biais de leur représentants respectifs, seront conviés, ici même, au niveau de la Maison de la culture, où ils auront le loisir, une semaine durant, d’échanger avec le public béjaoui, et ce sur tout ce qui concerne leur patrimoine local. Ainsi, une interaction intercommunale sera permise à travers ces rencontres. Des animations qui ne peuvent être que bénéfiques à ces localités longtemps confinées dans leur isolement. Nous souhaitons pimenter ces échanges par des concours qui feront émerger de jeunes talents qui n’attendent que l’occasion pour s’exprimer.
Pour conclure …
Je tiens vivement à rendre hommage à tous ceux qui ont participé de près ou de loin, à la réussite de nos rendez-vous, particulièrement aux jeunes du quartier Aâmriw qui nous ont prêté main forte pour l’organisation. J’insiste aussi pour dire ma reconnaissance à l’ensemble du personnel du Théâtre Régional de Béjaïa, à sa tête mon ami Omar Fetmouche, ainsi qu’à M. Khellaf Righi, le nouveau responsable de la culture, avec qui nous collaborons pour que Béjaïa continue de briller de ses mille feux et illuminer toute la Kabylie. J’exprime, cependant, mes regrets aux artistes que nous n’avons pas pu programmer, faute de temps, mais promesse leur est donnée pour les jours à venir. J’ai été particulièrement émue par le geste d’un groupe de citoyens, que je tiens à saluer, qui nous ont manifesté leur reconnaissance, dans un discours à mon encontre et un cadeau, dont la valeur sentimentale vaut tous les trésors du monde. Un souvenir inoubliable que je ne suis pas prête d’oublier. Nous comptons, aussi, sur vous, journalistes de tous les médias, afin que vous continuiez à faire l’écho de nos actions et de celles des citoyens, vous avez là toute ma considération.
Entretien réalisé par Nabila Guemghar