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Lounès Djouadi, maire de Timizart : «50% de notre commune n’est pas assaini»

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Le maire de Timizart, dans la daïra de Ouaguenoun, revient dans cet entretien sur tout ce qui a trait à sa commune qui peine à sortir la tête de l’eau malgré les potentialités qu’elle recèle notamment en matière de foncier. Le maire évoque aussi la fermeture du siège de l’APC, la semaine écoulée, par des parents d’élèves.

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La Dépêche de Kabylie : Le siège de l’APC a été fermé par les parents d’élèves pendant cinq jours. Pouvez-vous nous expliquer de quoi il s’agit exactement ?

Lounès Djouadi: En effet, une association de parents d’élèves a fermé le siège de l’APC pendant 5 jours réclamant la réalisation d’un nouveau bloc sanitaire. Malheureusement, l’APC ne dispose pas d’une enveloppe nécessaire et ne peut lancer aucun projet dans les écoles car elles ne disposent pas de fiche d’identification alors que les parents réclament l’entame des travaux dans l’immédiat sans même attendre les procédures réglementaires. Pour débloquer la situation, nous avons rencontré le wali et même le député Klaleche est intervenu pour trouver une issue à ce blocage.

Après tractation, nous avons tenu une assemblée générale avec les parents d’élèves. Les engagements pris par les différentes parties ont permis de régler le problème et les élèves ont finalement pu rejoindre les bancs de leur école. Une enveloppe financière a été allouée, la procédure est déjà lancée, les sanitaires seront réalisées dans les meilleurs délais possibles. Toutefois, je tiens à rappeler que dans les 17 établissements de notre commune, l’urgence ce n’est pas le bloc sanitaire qui d’ailleurs pouvait être réhabilité à moindre frais.

Vous dites que les sanitaires ne sont pas une priorité ?

Je commencerai par le secteur de l’éducation, les dix-sept écoles primaires que nous totalisons nécessitent toutes des travaux de réhabilitation au niveau des sanitaires, des réfectoires et de l’étanchéité. Il nous faut des montants conséquents pour leur prise en charge effective. Au niveau du secteur sanitaire, nous n’avons qu’un dispensaire érigé en polyclinique mais qui ne répond ni aux normes, ni aux besoins de la population en matière de soins. D’ailleurs, l’unique ambulance disponible nous a été offerte par la fondation Zinedine Zidane. Une enveloppe financière a été mise à la disposition pour l’extension de cette infrastructure depuis 2012, mais l’opération a été gelée. Nous appelons à son dégel. Les sept unités de soins répartis sur les villages sont sous équipées en moyens humains et matériels et ne fournissent que des soins rudimentaires. Il nous faut plus de moyens pour assurer des soins efficients.

Qu’en est-il du secteur de l’hydraulique et de l’environnement ?

Le secteur de l’hydraulique est le parent pauvre de notre commune. 50 % de notre municipalité n’est pas raccordé au réseau de l’assainissement. Une étude globale a été réalisée et approuvée par les services de l’hydraulique mais à ce jour, nous ne voyons rien venir. Les rejets à ciel ouvert et les fosses septiques sont légions dans notre commune, c’est dire que l’environnement est par conséquent mis à mal dans toute la région. S’agissant de l’ADE, ce n’est pas aussi acceptable même si l’APC a réalisé 30 kilomètres de réseau de distribution d’eau potable mais la gestion par l’Algérienne des Eaux laisse à désirer car les villageois ne reçoivent de l’eau qu’à raison d’un jour sur trois, d’autres une fois par semaine et d’autres encore une fois tous les 10 jours. Les citoyens continuent d’acheter des citernes au prix fort de 2 000 DA l’unité. Nous demandons à la direction concernée de doter notre antenne de l’ADE de moyens plus importants pour répondre aux besoins des 5 000 abonnés qu’elle compte. Cette défaillance nous contraint d’alimenter nos écoles par citernes bien qu’elles soient toutes raccordées au réseau de l’ADE.

Nous savons aussi qu’en matière de gaz naturel et d’électricité, beaucoup reste à réaliser. Quelle est la situation exacte ?

S’agissant du gaz naturel, je peux dire que c’est assez acceptable, le taux de raccordement est appréciable mais, il reste tout de même trois villages qui ne jouissent pas encore de cette énergie quoique les travaux soient en cours pour leur raccordement mais nous déplorons la lenteur des travaux et la défaillance des entreprises. Je voudrais aussi signaler que la dégradation du réseau routier à cause justement desdits travaux malmène les usagers de la route. Les travaux de remise en l’état ne sont pas encore effectués. Il faut vraiment les réaliser pour réparer nos chemins et les rendre praticables. En matière de l’électricité, c’est un vrai problème car nous enregistrons environ 2 000 foyers non branchés au réseau. Toutes les listes ont été établies et transmise à la direction concernée mais à ce jour, rien n’est fait, on nous dit toujours que l’ensemble des opérations sont gelées. L’électricité est de nos jours une énergie importante voire indispensable, il faut dégeler l’ensemble des opérations pour la faire parvenir à tous les foyers.

Le secteur de la jeunesse et des sports est-il aussi pauvre ?

Dans ce secteur, nous avons aussi des manques. Nous disposons d’un stade communal avec du gazon synthétique mais nous n’avons ni salle polyvalente et encore moins de piscine. Nous avons réalisé deux autres stades à Azrou et au village agricole, nous interpellons la direction de la jeunesse et des sports pour la pose de gazon. Dans le secteur de la culture, nous disposons d’une bibliothèque communale sans ouvrage et sans Internet. Nous avons saisi Algérie Télécom pour son raccordement à la fibre optique d’autant plus que dans le quartier, il existe en plus de la bibliothèque, un lycée, un CFPA, une brigade de gendarmerie et plus de 400 logements. Nous comptons aussi 02 foyers de jeunes et une maison des jeunes en plus d’une salle de lecture qui va être mise en service incessamment.

L’investissement privé peut aider la commune à se développer. Pourquoi n’est-il pas exploité ?

L’équation «foncier égal développement» est valable partout sauf à Timizart parce que notre commune est l’une des plus riches en foncier mais elle reste des plus déshéritées de la wilaya. Nous avons des capacités énormes pour recevoir d’importants programmes mais ils ne viennent qu’au compte-gouttes. Dans le secteur du logement, nous enregistrons actuellement 3 000 demandes de logements et 1 500 demandes d’aide à l’habitat rural. Hélas, le quota qui vient de nous être accordé n’est que de 35 aides. Il nous faut un programme important pour résoudre ce problème de logement. Concernant l’investissement, nous essayons d’encourager le privé par la création d’une zone d’activité qui n’attend que les bénéficiaires de lots pour lancer leurs projets. Il faut aussi dire que les travaux de la viabilisation de la zone sont en attente de réalisation. La direction de l’industrie est interpellée pour sa viabilisation. Une étude pour la création d’une deuxième zone de 18 hectares est en voie d’achèvement et la création d’une zone d’activité touristique de 42 hectares est également en projet. Nous attendons l’arrêté de création.

Qu’est-ce qui freine le développement de votre commune ?

C’est très simple et très connu. Il s’agit en premier lieu des entraves et des lenteurs administratives. Pour entamer un projet, il faut plusieurs mois de procédures et de gymnastique bureaucratique. L’absence de l’outil de réalisation et d’entreprises performantes engendre aussi des retards monstres dans l’achèvement des travaux. L’insuffisance des budgets, voire leur insignifiance, est une autre contrainte de taille qui tire vers le bas. Il est temps que l’APC algérienne puisse avoir son autonomie financière par la décentralisation et le renforcement des prérogatives des maires et des élus.

Entretien réalisé par Hocine T.

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