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TIZI OUZOU - Ambiance et émotion au jubilé Loucif Hamani : Chapeau bas pour l’artiste des rings

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Loucif Hamani, le légendaire boxeur algérien, a eu droit avant-hier après-midi, à l’OPOW du 1er Novembre, à une grande cérémonie en son honneur. Ce fut tout simplement grandiose. Il a d’ailleurs beaucoup apprécié, tout comme sa famille et ses nombreux fans de plusieurs générations, venus de partout. Peu avant le grand rendez-vous, vers midi (la cérémonie était prévue à partir de 15 heures), Loucif Hamani, ses amis et d’autres invités étaient réunis autour d’un déjeuner sympa dans un restaurant de la ville. Il était un peu tendu, le stress se lisait dans son regard, «comme avant chaque combat ou presque», commentait-il avec une dose d’humour assortie d’un large sourire. «Pourtant, le maximum que je risque aujourd’hui c’est une avalanche de bisous», en rajoute-t-il.

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Loulou, comme on l’appelle dans sa petite bourgade, paraît même un peu nerveux pour un homme qui se prépare à une fête organisée rien que pour lui. Mais ce ne sont pas ces anxiétés qui vont abattre le champion… loin de là, «c’est l’émotion,» finira-t-il par reprendre plus sérieusement avec des yeux larmoyants de joie grâce à ce réconfort de la reconnaissance des siens. Deux heures après, pas loin de là, dans la salle omnisports du complexe sportif 1er Novembre, l’ambiance des grands jours s’était déjà installée. La salle est archicomble. La famille, les proches et alliés sont venus en force. Les anonymes s’efforcent pour atteindre cet espace réservé aux intimes, qui pour prendre une photo, qui pour un simple salut…

Loucif n’était pas encore arrivé sur les lieux. Ses deux filles, sa femme Chafia, sa sœur Kaïssa, son fils Samir, lui aussi boxeur et déjà deux fois champion de France, s’il vous plait, étaient déjà sur place. Beaucoup de joie et de fierté. On se bouscule autour d’eux. Garçons comme filles redemandent des selfies. Autour, une armada des anciennes gloires de la boxe algérienne. Benguesmia n’a pas caché sa joie d’être là. «Loucif Hamani fut un modèle pour moi», se confesse-t-il. Très sollicité, dès son entrée, il avait du mal à prendre place auprès des autres anciens boxeurs, à l’instar d’Abdelkader Ould Makhloufi et tant d’autres… qui prenaient place pas loin du carré réservé à la famille.

Chez les organisateurs, c’était le branle-bas. Ça courait dans tous les sens. C’est le grand moment d’accueillir la légende. Loucif qui était jusque-là au salon d’honneur de l’OPOW en compagnie des autorités locales, à leur tête le wali Djemaâ, le vice-président de l’APW, le directeur de la jeunesse et des sports… allait enfin faire son entrée. Il y avait aussi avec lui des artistes, tels Kamel Hammadi, Abdelkader Bendamèche… Le président de la JSK Cherif Mellal était également de la compagnie. La légende avançait à pas lourds et avait un certain mal à faire les quelques mètres qui séparaient le salon d’honneur de la grande salle polyvalente. Le boxeur n’a plus la forme d’antan.

Mais il y arrive ! À peine le seuil de la salle franchi, cette dernière explose ! Un moment fort. Les cris de joie des garçons comme des filles et l’accueil chaleureux, auquel il ne s’attendait visiblement pas, l’ont presque «replongé très loin dans le temps, revoyant le film de sa vie soudainement défiler».

La reconnaissance des siens !

Le champion laisse couler quelques larmes, ou plutôt quelques larmes trahissent l’émotion du champion. Ses jambes ne le portant plus, on lui ramène une chaise pour une petite halte… C’était un moment propice pour les admirateurs et admiratrices pour des prises de photos, embrassades, compliments par-ci et salutations par-là. Pendant un bon moment, il était difficile d’avancer vers les places réservées aux uns et aux autres. Mais l’ordre finira par revenir, et tout le monde finira par se mettre en place. Puis place à la troupe d’Idebbalen qui chauffera davantage l’ambiance.

Les filles de Loucif Hamani et sa sœur, coiffée d’un sombrero, se sont bien lâchées avec le rythme emballant. Bien mouvementée sera l’entrée avant qu’enfin tout le monde se ressaisisse pour une entame plus solennelle du programme retenu. Tout le monde se met alors debout pour l’hymne national, suivi d’une minute de silence à la mémoire des anciens pugilistes décédés. Après quoi, des voix se sont relayées au micro pour dérouler le parcours de Hamani avant de laisser place aux festivités : une série de combats de boxe de juniors et de cadets. Les spectacles ont ravi le public, très nombreux dans la salle. Les jeunes boxeurs et boxeuses ont donné le meilleur d’eux-mêmes, sous le regard attentif des anciens.

Temps de pause, le comédien Hocine Ouarab égaye les présents avec son spectacle «Imitation de danses». Celle du maçon aussi a beaucoup enthousiasmé le public. Et ce fut l’enchaînement avec une autre série de combats. Puis vint le tour de ce jeune poète Hocine Hadjem, qui déclamera quelques vers très émouvants à l’égard de Loucif Hamani. Dans cette catégorie des honneurs, les autres anciennes gloires de la boxe algérienne ont eu droit aussi à un trophée. Mais le clou de l’événement aura été sans doute le moment où Loucif Hamani montait sur scène.

Cette fois-ci, ce n’était pas pour recevoir une médaille après un combat de boxe mais pour avoir la reconnaissance des siens. Ce fut le couronnement d’une carrière riche en moments de gloire. C’est l’aboutissement des efforts. C’était grandiose. En compagnie du wali, du maire de Tizi-Ouzou et d’autres représentants des autorités locales et des membres de sa famille, il a eu droit à plusieurs distinctions : un trophée de boxe, un chèque, des médailles, des présents… Il a été même vêtu d’un burnous, symbole d’une culture, la sienne, qu’il a tant portée à travers le monde.

L’ambiance était franchement euphorique. De grands moments qui ont été immortalisés par quasiment tous. Une «forêt» de Smartphones dépassait toutes les têtes. Dans un élan de profondes confessions, Loucif Hamani, qui n’avait pas besoin de dire le bonheur qui rayonnait déjà sur son visage, se lâchera alors pour divulguer les deux choses qu’il regrette de ne pas avoir accomplies : la première, c’est «d’avoir affronté Hagler dans son antre». La deuxième, «c’était de n’avoir pas pu donner mon expérience aux jeunes générations ici en Algérie.», lui qui a tant rêvé d’être entraîneur de l’équipe nationale de la boxe. «Je n’ai jamais été sollicité», assènera-t-il. La Ligue de wilaya de Tizi-Ouzou de boxe, elle, a désormais instauré la date du 16 juin pour l’organisation d’un tournoi annuel qui portera le nom de Loucif Hamani.

Kamela Haddoum.

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