La reconduction de Hadj Djilani ravive la crise

Partager

La crise continue à frapper de plein fouet le Front des Forces Socialistes (FFS). Plusieurs membres du secrétariat national ont démissionné et dénoncé «une violation des statuts» par la direction du parti.

Rien ne va plus au FFS. Après un soupçon de sérénité imposé par la conjoncture électorale des sénatoriales, la crise se réinstalle, après notamment le dernier conseil national et le coup de théâtre d’un membre de l’Instance présidentielle.

En effet, madame Hayat Tayati avait surpris l’assistance, en chargeant avec virulence le premier secrétaire, Mohammed Hadj Djilani. «Conformément aux pouvoirs conférés à l’Instance présidentielle par l’article 51 des statuts du parti et en tant que membre de cette Instance présidentielle, je déclare qu’il est mis fin aux fonctions du premier secrétaire», avait-elle déclaré.

«Ce dernier n’a présenté aucun bilan financier depuis son installation ni présenté le budget annuel à l’IP et au Conseil national», avait-elle argumenté. Plus grave encore, elle l’avait déclaré «inéligible» au poste de premier secrétaire.

«Mohammed Hadj Djilani ne peut pas être reconduit au poste de premier secrétaire, n’ayant plus la qualité de premier secrétaire fédéral qui lui confère le droit d’être membre du CN conformément à l’article 42 des statuts», avait-elle assuré.

Des propos dans le sens desquels abondera un autre membre de l’Instance présidentielle, à savoir Sofiane Chioukh. Au lendemain de cet épisode, le trio Laskri-Cherifi-Meziani a reconduit Mohammed Hadj Djilani au poste de premier secrétaire. Une reconduction qualifié par les deux autres membres de l’Instance d’«anti-statutaire».

Cet éclatement de l’Instance présidentielle du FFS, à peine une année après son installation, replonge le plus vieux parti de l’opposition dans une crise sans fin. Plusieurs secrétaires nationaux ont alors réagi à ces «violations», exigeant «de la rigueur dans l’application des statuts pour un fonctionnement démocratique du parti».

Mohammed Achir a annoncé sa démission du secrétariat national hier sur sa page face book. «Par respect des statuts et règlement intérieur du parti, j’ai le regret de porter à la connaissance des militants du FFS et de l’Instance présidentielle que je ne fais plus partie du secrétariat national», a-t-il écrit.

L’ex-premier secrétaire du parti, conseiller du premier secrétaire, Abdelmalek Bouchafaa, lui emboitera le pas, annonçant le même jour sa démission: «Par respect aux statuts et règlement intérieur du parti et à l’éthique politique, j’ai le regret d’annoncer ma démission de l’instance de concertation du parti», a-t-il écrit sur sa page face book.

Avant eux, d’autres membres du secrétariat national du parti avaient également jeté l’éponge.

«Chers militantes et militants, suite aux violations des statuts du parti constatées lors du dernier CN tenu hier le 25 janvier 2019 au siège national par certains membres de l’IP, et tout en restant fidèles aux engagements pris lors du congrès extraordinaire quant au respect de la légalité statutaire, je vous annonce que je me démarque de cette démarche qui porte atteinte au bon fonctionnement du parti et je me joins à la démarche légaliste des camarades de l’IP, Madame Tayati Hayat et M. Cheioukh Sofian», avait déclaré un autre secrétaire national, à savoir Bouider Hmimi.

La même démarche a été entreprise par Malek Sadali qui a lui aussi annoncé son retrait du secrétariat du parti. Les appels à la démission, adressés aux secrétaires nationaux, continuent d’affluer, sur la toile, par des militants qui exigent «l’application des statuts du parti».

Le premier secrétaire du FFS, Mohammed Hadj Djilani, lors de son passage dans une émission télévisée, avant-hier soir, a quant à lui déclaré qu’il n’y avait «pas de crise au FFS» et que «celle-ci n’existe que sur face book».

De l’avis des observateurs, Mohammed Hadj Djilani est un personnage «très controversé» qui divise l’opinion au sein de la base militante du FFS et de ses cadres. Par ailleurs, la question de la tenue du congrès ordinaire du parti, prévu pour cette année, préoccupe les militants qui n’hésitent pas à l’exprimer sur les réseaux sociaux.

L’ancien chargé à la communication du parti, radié récemment, Hassen Ferli, a lui aussi tiré la sonnette d’alarme, expliquant que le FFS «se retrouvera en inconformité vis-à-vis des lois de la République, si les délais de la tenue du congrès ne sont pas respectés». La direction du FFS ne s’est pas encore exprimée sur ce sujet et aucun congrès ne se profile à l’horizon, ce qui suscite un peu plus l’inquiétude des militants.

Kamela Haddoum.

Partager