Le bilan mitigé des APC de Béjaïa

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Du 23 novembre 2017 au 23 novembre 2019, deux années se sont écoulées depuis les dernières élections locales (APC/APW) dans la wilaya de Béjaïa. La gestion des collectivités locales par les élus est différemment appréciée et sur les 52 communes que compte la wilaya, de nombreuses APC se sont retrouvées minées par des divergences intra-muros. Ainsi, durant ces deux années, on a dénombré sur le terrain beaucoup de contestations et de fermetures de routes par les citoyens de différentes localités, qui revendiquent, entre autres, un meilleur cadre de vie.

Les exécutifs communaux se sont retrouvés pressés par les plaintes des habitants qui ne voyaient, jour après jour, rien venir, en matière de développement et de projets. Si dans certaines communes rurales sans ressources, la gestion est une véritable gymnastique, il n’en demeure pas moins que dans d’autres municipalités aux entrées financières conséquentes, les luttes intestines et le manque de cohabitation entre élus a considérablement influé sur le développement local.

Grèves à répétition, fermetures des sièges de mairies, remaniements répétitifs dans les composantes des exécutifs ont été au menu de ces localités. Aussi, après deux ans de gestion, rares sont les Assemblées communales de Béjaïa à avoir daigné rendre compte de leurs bilans de gestion à leurs administrés, considérés pourtant comme un exercice démocratique et un gage de transparence, en plus d’être une pratique à encrer. «Aucune loi n’oblige les élus à rendre compte de leur gestion, mais l’éthique politique leur recommande au moins de respecter les engagements pris vis-à-vis des citoyens, avant leurs élections», a souligné un membre du mouvement associatif de la Soummam.

«Il y a une sorte de gestion hasardeuse des affaires des municipalités», convient-on à faire remarquer dans le milieu des initiés. «Loin de là l’intention de charger les élus du moment, car il y aussi le legs de plusieurs années de non-gestion, qui a provoqué beaucoup de retard en matière de développement,» fait-on par ailleurs remarquer. Toujours durant la même période, les APC de Béjaïa ont connu des hauts et des bas. Si certaines ont connu une stabilité, à l’image de Sidi Aïch, Sidi Ayad, Akfadou, Tinebdar, Tazmalt, Chemini, Seddouk, Melbou et Tamridjt, beaucoup d’autres ont fait l’objet de nombreuses contestations.

Il est question, notamment, de Béjaïa, Oued Ghir, Tifra, Adekar, Taourirt Ighil, Akbou et El Flaye. Et à un élu de l’APW de souligner dans ce sens : «L’exécutif communal est à chaque fois pressé par les plaintes des habitants qui ne voyaient rien venir, en matière de développement et de projets.» Pour rappel, concernant les élections locales APC/APW du 23 novembre 2017 dans la wilaya de Béjaïa, le FFS et le RCD avaient dominé le scrutin. Ces deux partis ont totalisé 32 APC sur les 52 et 29 sièges APW sur les 43.

Les indépendants, RND, TAJ et PST, ont ensuite suivi. Concernant la commune de Boudjellil, où le vote fut annulé à cause des événements qui avaient secoué cette localité, le jour du scrutin, elle est gérée depuis le 23 novembre 2017 par un administrateur.

Des APC bloquées et d’autres minées par des conflits

Ajouter à cela, le blocage qui mine certaines communes et qui est devenu un véritable problème kafkaïen pour l’administration de wilaya. En effet, plusieurs APC se trouvent bloquées et minées par des divergences profondes, entre autres El Flaye, Taourirt Ighil, Adekar et Tifra. Le wali de Béjaïa, Maâbed, était alors intervenu, dernièrement, pour tenter de réconcilier «les frères ennemis», en les réunissant autour d’une table. Une réunion qui a regroupé les élus de la commune de Tifra, minée par une «guerre» sans merci que se livrent maire et élus de l’opposition.

Son siège a même été cadenassé par des contestataires. L’administration s’est aussi penchée sur le cas de l’APC d’El Flaye, daïra de Sidi Aïch, qui est dans l’impasse depuis le vote du 23 novembre dernier, elle aussi. A noter que le RCD a 6 élus, le FFS 5 et le MPA 2 élus dans cette commune. Le maire d’obédience RCD, installé depuis, s’est alors retrouvé avec une majorité relative. Et malgré quelques tentatives officieuses de se rapprocher de l’opposition, la situation n’a pas changé d’un iota et l’APC est à ce jour sans exécutif.

Pour revenir à la réunion, le premier responsable de la wilaya avait essayé de ramener à la raison les élus de Tifra appelés à cohabiter, et ce dans l’intérêt de la commune. D’après l’un de ses élus, M. Maâbed a sommé les présents de trouver une issue dans un délai de dix jours. Faute de quoi, «la réglementation sera appliquée». C’est aussi le cas pour la municipalité d’Oued Ghir, dont le maire, ses quatre vice-présidents, deux présidents de commissions permanentes et quatre délégués municipaux avaient démissionné de leurs postes en octobre dernier.

En ce qui concerne le développement des communes, si pour certains élus des communes pauvres, un plan spécial de développement pour les zones rurales doit impérativement voir le jour, pour les citoyens de plusieurs localités, l’aménagement des routes, le transport, l’action sociale, le stationnement, la création d’aires de détente, l’eau et le gaz de ville demeurent des promesses électorales non tenues à ce jour.

A Hammouche

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