«Le chantier de restauration de la Casbah avance bien»

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Le premier responsable du secteur de la culture dans la wilaya de Béjaïa, Aomar Reghal, ne cache pas ses ambitions d’insuffler un nouvel élan à la culture dans la wilaya pour qu’elle retrouve sa place de jadis, où elle fut une plaque tournante du rayonnement culturel.

Dans cet entretien, le directeur de la culture fait un état des lieux comme il évoque les projets concrétisés. Il dit également travailler d’arrache-pied avec l’ensemble des établissements sous tutelle pour être au service de la culture et des acteurs de la culture dans cette région de Kabylie.

La Dépêche de Kabylie : Quel constat faites-vous du secteur de la culture à Béjaïa ?

Aomar Reghal : La wilaya de Béjaïa recèle de véritables trésors dans le domaine de la culture et de la création. Le secteur de la culture de la wilaya a enregistré un saut qualitatif en matière de développement culturel grâce aux efforts conjugués et consentis pas les différents services concédés. Ces efforts se traduisent par la mise en place des mesures et mécanismes nécessaires tendant à redynamiser le secteur et lui donner une poussée réelle et durable. Cette dynamique se matérialise par la concrétisation d’une myriade de projets, dont certains sont achevés et d’autres en cours. Parmi les projets menés à bon port figure la salle de cinéma Kherrata, dont la mise en service a été effectuée le 19 mars 2018.

Cet acquis de taille est une bouffée d’oxygène pour les amateurs de la culture, d’autant plus que ladite salle est polyvalente. Dans le souci de mettre à bon escient cet établissement tant attendu, sa gestion est confiée à l’office national de la culture et de l’information (ONCI) qui jouit d’une réputation avérée dans ce domaine, notamment cinématographique.

Dans cet élan de redynamisation du secteur de la culture dans la wilaya de Béjaïa, il y a lieu de citer les travaux en cours afférents à la réhabilitation de la maison de la culture de Béjaïa, la mise en fonction de la bibliothèque principale de la lecture publique de Béjaïa en décembre 2018. De même, il est prévu l’installation de nouveaux sièges pour le théâtre régional Abdelmalek Bouguermouh de Béjaïa ainsi que la réhabilitation du centre culturel de Taskriout.

Êtes-vous satisfait du bilan des activités de l’an dernier ?

Effectivement. Et parmi ces programmes qu’on a mis en place ou soutenu activement, nous pouvons citer plusieurs manifestations culturelles, à savoir le Festival Lire en fête, Festival international du théâtre, Festival national du théâtre amateur à Amizour, Festival de la chanson kabyle, mois du patrimoine, poésiades d’Akbou et d’Adrar N’Fad, ciné plage, la fête de l’eau, journée du savoir, journée du 20 avril 1980/2018, journée nationale de l’artiste, grand prix El-Hachemi Guerouabi…

Ces manifestations, initiées et coordonnées par la direction de la culture en collaboration avec les établissements sous tutelle et des associations culturelles de la wilaya, sont relayées à l’échelon régional et contribuent à une synergie entre de nombreux acteurs de proximité et un public intergénérationnel.

Au fil du temps, ils prennent place dans le paysage culturel et tendent à se transformer en rendez-vous incontournable pour les artistes et pour la population. Au-delà de l’aspect festif ponctuel, leur programmation élargie (diffusion sur plusieurs sites, actions secondaires tout au long de l’année…) contribue à l’aménagement culturel des espaces à travers tout le territoire de notre wilaya. À titre d’exemple aussi, nous organiserons lors des prochaines vacances scolaires le Festival lire en fête puis viendra le Festival de la chanson kabyle.

Il y a aussi les artistes et les acteurs culturels qui n’ont pas été oubliés. Est-ce votre manière de vous rapprocher de cette catégorie qui se dit lésée ?

En tous les cas, même s’il est clair que nous ne pouvons pas toucher tout le monde au même temps, mais nous restons à l’écoute de tous et surtout attentif. Et c’est dans cet ordre d’idées que nous avons aussi organisé une série d’hommages aux artistes de la wilaya de Béjaïa, à l’image de l’écrivain A. Hafid Idres, Djamel Allam, Louiza et Hamoui Nasri, Brahim Tazaghart, Karim Tiziouar, Boudjemâa Agraw, Mohand Yargui, Wissam, Amour Abdenour, Mohand Ait Ighil…

Des initiatives saluées par la population locale, d’autant plus que nous avons mené à bon port ces initiatives en collaboration avec des associations locales à caractère culturel et caritatif (Taghrast de Tazmalt, Ithri Ibourayen de Tifra, Thimatar d’Aït Melikeche, perle d’Afrique de Béjaïa, Tadukli Ighil H’Mama de Seddouk, Tudert d’aide aux malades cancéreux d’Amizour, association des diabétiques de Béjaïa…) et du comité citoyen dans le cadre du 40e jour de l’enterrement du feu Djamel Allam.

La direction de la culture de Béjaïa a aussi participé au programme de wilaya relatif à la célébration de la fête de Yennayer 2969 ainsi que la caravane artistique initiée par l’office national des droits d’auteur et droits voisins. Pareillement, des activités culturelles de haute facture ont été organisées durant tout le mois de Ramadhan 2018, et ce à travers le territoire de la wilaya de Béjaïa. À noter aussi que l’année 2018, le domaine musical n’était pas en reste puisqu’on dénombre des spectacles aussi riches que variés (50 plateaux musicaux).

Concernant le cinéma, 300 films ont été projetés par an, à savoir 21 à 25 films par mois. Quant à l’apport livresque, 24 305 livres ont été distribués aux bibliothèques municipales durant l’exercice 2018, associations culturelles et établissements scolaires de la wilaya. Nonobstant le manque des moyens financiers, nous tenons vaille que vaille à honorer notre engagement vis-à-vis de la culture.

Pouvez-vous évoquer les réalisations qui ont été faites dans votre secteur ?

À l’actif de nos nombreuses réalisations, nous citons la mise en fonction de la salle de cinéma de Kherrata en date du 19 mars 2018, un bijou architectural venant enrichir l’espace culturel de notre wilaya en général et celle de la localité de Kherrata en particulier. D’autres projets d’envergure enregistrent, eux aussi, un état d’avancement appréciable tel que l’ex-tribunal et la Casbah (4 lots achevés sur 6, dont le taux d’avancement avoisine les 60%).

Au chapitre patrimoine, trois monuments historiques sont inscrits sur la liste de l’inventaire supplémentaire de wilaya dans l’exercice 2018, et qui s’ajoute à une liste déjà comptant 26 sites et monuments historiques. Quinze sites et monuments historiques sont classés patrimoine national et deux sites classés secteurs sauvegardés. S’agissant des activités théâtrales, rien que pour le premier semestre 2018, pas moins de 40 pièces théâtrales pour enfants ont été programmées, 67 pour adultes et 79 autres activités artistiques.

Dans cet élan culturel sans précédent, pas moins de 90 artistes se sont produits sur scène durant la saison estivale au niveau des différentes communes de la wilaya. Ces statistiques reflètent amplement la dynamique qu’enregistre le 4e art dans notre wilaya, dont nous ne lésinons aucunement sur les efforts pour être à la hauteur des attentes de nos citoyens.

Le projet de l’école des beaux-arts a fait couler beaucoup d’encre à Béjaïa…

Le projet de l’école des beaux-arts qui a, effectivement, fait couler beaucoup d’encre et devant voir le jour à l’enceinte même de l’ex-tribunal, a été finalement réaffecté pour un institut de musique faute de postes budgétaires. Ce dernier sera rattaché dans la première année à l’institut de musique de Bouira, mais après cela, il jouira d’un statut d’institut à part entière.

En sus, pas moins de 30 postes budgétaires seront à pourvoir. De même, les futures stagiaires bénéficieront de formations diplômantes. La musique est un art respectable au même titre que la peinture, le théâtre, le cinéma… Un tel acquis pour notre wilaya est à saluer, d’autant plus que les jeunes talents fleurissent aux quatre coins de la wilaya de Béjaïa. Néanmoins, le projet de l’école des beaux-arts n’est pas entièrement tombé à l’eau car le dossier est retransmis au premier magistrat de la wilaya à dessein de relancer ce vœu pieux que d’aucuns ne peuvent refuser.

Outre l’ancien palais de justice, où en est la restauration de la Casbah de Béjaïa ?

Sachez que le chantier de restauration de la Casbah de Béjaïa est en bonne voie. En effet, les travaux avancent doucement mais sûrement et le taux physique du projet est à 60%. Quatre lots sur six sont achevés, le cinquième est en cours et le sixième sera lancé incessamment. Les travaux sont, faut-il le souligner, confiés à une entreprise spécialisée dans la restauration. Je suis optimiste.

Parlez-nous des projets et des perspectives de votre secteur ?

D’autres projets d’envergure se concrétiseront dans un proche avenir, à l’image des fouilles archéologiques sous-marines et subaquatiques au port de Béjaïa qui seront menées par une équipe du centre national de recherche en archéologie (CNRA). De facto, ces fouilles permettront à coup sûr de sortir peu à peu de l’ombre un patrimoine archéologique qui n’attend qu’à être mis au grand jour.

La capitale des Hammadites est une cité antique qui recèle d’importantes richesses archéologiques qui n’ont pas encore été explorées, notamment celles englouties sous les eaux. Cela dit, nous tenons à rassurer nos concitoyens ainsi que l’ensemble des acteurs culturels que la direction de la culture de la wilaya de Béjaïa est au service de la culture.

Entretien réalisé par A Hammouche.

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