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Said Chemakh, universitaire : «Le combat identitaire est loin d’être fini»

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La Dépêche de Kabylie : Avril 1980 – Avril 2019, quel commentaire à priori vous vient à l’esprit ?

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Said Chemakh : Il faut souligner une question qui est importante. Après le mouvement de 1980, les militants de la cause, en compagnie de Mouloud Mammeri et Kateb Yacine, ont fait un colloque à Yakourène. Ils ont réussi à élaborer un dossier de consensus où il y avait toutes les libertés, pas seulement des Kabyles, qui ont été défendues, mais celles de tous les Algériens : les libertés démocratiques, la liberté de la femme, également l’arabe algérien en plus de tamazight. C’est-à-dire, ce n’est pas pour les droits culturels d’une région. Il était question d’une tradition de transmission de savoir et de militance. Au dossier de Yakourène, le FLN répondra en 1981 par un contre-dossier où il va nier toutes les revendications berbères. Mieux que cela, en 1983, pour avoir le soutien des islamistes, le pouvoir change le code de la femme pour soustraire aux femmes leurs droits.

Peut-on dire que Tamazight a vraiment avancé ?

Certainement qu’il y a eu une avancée. Cela dit beaucoup reste à faire. Avec l’officialisation de tamazight en tant que langue nationale et officielle, les gens ont tendance à croire que le combat est fini. Or, ce n’est pas le cas. Je le dis et je le répète, nous avons traversé une rivière, mais il nous reste un océan. Pour concrétiser tout cela, tamazight a besoin des moyens pour lui donner la place dans la société. Pour rappel, et selon le rapport de l’UNSCO de 2009, environ 3 000 langues sur les 6 000 existantes vont disparaitre d’ici 2050. Et parmi les 14 langues de chez nous, il y aura au moins cinq à six qui vont disparaitre, celles qui n’ont pas accès à l’enseignement, aux médias et au TIC.

Propos recueillis par F. M.

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