Le maire face à la colère de la rue

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Les événements de protestation se multiplient à Akbou, où plusieurs actions citoyennes ont été enregistrées, ces dernières semaines, pour revendiquer un «meilleur cadre de vie et une prise en charge sérieuse des doléances» de la population locale. Des dizaines de citoyens organisent chaque samedi depuis un mois des sit-in devant le portail de l’EPH Akloul Ali.

Ils réclament «le départ du directeur» et «une meilleure prise en charge du malade». A noter que lors de leur dernier rassemblement, les citoyens, exaspérés, ont procédé, chose inédite, à la mise sous scellés du bureau du directeur de cet hôpital. Pour maintenir le cap, les citoyens ont décidé de fermer le siège de la mairie d’Akbou. Une action prévue, selon les appels lancés par des citoyens, pour aujourd’hui.

«Histoire d’impliquer les élus locaux», dit-on. Il faut savoir que c’est la première fois, après 20 mois aux commandes de cette richissime APC, que Mouloud Salhi, son maire, est confronté à la colère de ses électeurs. Une situation que relie l’édile communal à ce que vit actuellement le pays. «Nous sommes en train de faire des bouches trous avec tous les tracas administratifs, vu la situation sociopolitique actuelle que traverse le pays», estime M. Salhi. Ce dernier qualifie d’ailleurs «la tentative» de fermer le siège de l’APC «d’arbitraire». Et le maire de la troisième plus grande ville kabyle (80 000 habitants) de poursuivre : «On ne peut demander le départ du directeur. C’est la tutelle qui tranchera son sort.»

Par ailleurs, toujours selon notre interlocuteur, l’APC d’Akbou a organisé plusieurs séances de travail avec les différents responsables de la santé pour améliorer les conditions de travail au sein de l’EPH Akloul Ali. «C’est tout le système de santé qui est malade, en Algérie. Ce n’est pas seulement à Akbou», ajoutera l’édile communal. Concernant les multiples actions enregistrées au niveau de l’hôpital, le P/APC estime que cela est «déstabilisant» pour le personnel et les malades et «ne règle en aucun cas la situation qui prévaut au sein de l’établissement». Pour parer définitivement à ce problème, d’aucuns estiment qu’Akbou a besoin d’un grand hôpital digne de ce nom.

«L’assiette de terrain est disponible. Plusieurs dossiers ont été transmis à l’APN et au ministère de la Santé pour la construction d’une grande polyclinique, au niveau de l’ancien hôpital, mais c’est resté sans suite», regrette-t-il. Dans un autre registre, il convient de rappeler que «les oubliés» du bidonville «Le Piton» campent en famille depuis 22 jours devant le siège de la sous-préfecture d’Akbou. Ces 17 familles «laissées pour compte», selon eux, revendiquent leur recasement dans les plus brefs délais.

Pour le sous-préfet d’Akbou, le recasement doit se faire d’une manière massive et sans exclusion pour éviter tout couac durant l’opération. Il existe en tout, ajoute-t-on, 39 familles résidant encore dans ce bidonville à reloger dans de nouveaux appartements alors que seulement 17 sont disponibles à Bouzeroual. Les responsables travaillent, nous dit-on, d’arrache-pied pour trouver une formule afin d’intégrer les 22 autres familles. De son côté, la population de la paisible localité de Metidji est, elle aussi, montée en créneau. Ses habitants, résidant tout près de la populeuse banlieue de Guendouza, ont décidé de fermer le siège de la mairie, lundi. Une décision prise lors de plusieurs réunions, apprend-on, entre les habitants, ponctuées par cette «ultime décision».

Pour cette municipalité, le gaz et l’électricité que revendiquent ces citoyens dépassent les prérogatives de la commune. «Nous sommes toutefois disponibles, jour et nuit, pour satisfaire les revendications de nos concitoyens», a affirmé le P/APC, M. Salhi. Les habitants de Metidji déplorent aussi l’état des routes «en dégradation continue». Et le maire d’Akbou de conclure : «L’opération de réparation et de goudronnage de tous les axes routiers va reprendre incessamment.»

Menad Chalal

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