Le réveillon à l’étranger, la tendance en baisse !

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L’année 2019 a été marquée par du beau et du moins beau. Mais la situation politique instable et économique difficile que traversent le pays et la population avec fait que les gens ne pensent pas vraiment à fêter convenablement le passage à la nouvelle année 2020. Toutefois, à travers les placettes de la ville des Genêts, on constate la rituelle animation se mettre en place progressivement ces derniers jours. Du côté de l’ancienne gare, la placette de l’ancienne mairie et le jardin de la grande mosquée au centre-ville grouillent quotidiennement de monde.

Des vendeurs proposent toutes sortes de ballons, de jouets, de produits artisanaux, de gâteaux et de bonbons dans un décor coloré pour annoncer la période des fêtes. Les enfants en vacances scolaires en profitent et peuvent même se faire photographier sur le dos d’un poney et avec une silhouette au costume du Père Noël. Profitant de la période des vacances d’hiver, les parents ne ratent pas l’occasion pour faire plaisir à leurs enfants à la hauteur de leur bourse.

«Je suis venu ici avec mes deux enfants car comme les voyages sont trop chers, il nous est impossible de partir ailleurs. Nous sommes un couple de fonctionnaires et nous ne pouvons pas nous permettre un voyage en famille pour quelques jours à plus de 10 millions de centimes. La seule manière de distraire les enfants c’est de venir en ville voir les manèges et les places publiques. Mais là aussi, ce n’est pas donné. Le ticket de jeu le moins cher est à 200 DA, une simple pochette de bonbons à 150 DA… C’est trop cher mais on essaye de faire plaisir aux enfants avant la reprise de l’école», a souligné une enseignante rencontrée à la place de la Bougie (ancienne gare routière).

Les marchés de circonstance déjà en place

Pour passer le réveillon à l’étranger, ils ne se bousculent pas trop. La tentation de prendre l’avion est vraiment en baisse. L’option du Sud aussi a pris un sérieux coup contrairement à l’an dernier. Les coûts sont trop élevés, jugent-on. «Nous aimerions bien aller ailleurs, sentir qu’on a voyagé, changé de pays, profiter pour découvrir autre chose et rompre avec le quotidien d’ici, peut-être en Turquie et pourquoi pas en France mais les prix sont exagérés et pour des prestations justes moyennes et puis pour Paris, le visa n’est pas offert sur un plateau.

Cette année, ce n’est pas possible, on fêtera le passage à la nouvelle année à la maison avec le traditionnel couscous au poulet», a indiqué un jeune couple du côté de la place de la mairie. Dans les villages, les familles s’apprêtent à fêter le nouvel an à la maison et à moindre frais. Abordés à propos de la fête du nouvel an, des jeunes de Maâtkas lâchent: «Nous allons nous mettre en groupe et cotiser pour acheter quelques kilos de viande et des bouteilles pour bien arroser ça. Nous allumerons un grand feu à l’air libre, ce sera notre manière d’accueillir la nouvelle année 2020.

C’est ce que nous avons toujours fait. Pourvu que la météo sera clémente». En plus de la crise économique et de la chute drastique du pouvoir d’achat des ménages, il y a aussi la conjoncture actuelle qui décourage même les plus aisés à voyager. «Le pays est à la croisée des chemins, ce n’est pas le moment de penser aux vacances. On souhaite que l’année prochaine sera plus clémente et plus prospère et que chacun puisse prendre des vacances soit à l’intérieur du pays ou à l’étranger», ont souhaité plusieurs voix presque en chœur.

La Tunisie a toujours la cote chez les “téméraires”

S’agissant des réservations pour des départs à l’étranger, les propriétaires et gérants des agences de voyage et la direction du tourisme font état d’une baisse sensible de voyageurs. Il en ressort également que la Tunisie reste la destination préférée des touristes algériens non pas pour la bonne prestation des services mais «surtout pour les prix relativement accessibles et les procédures plus faciles».

A l’agence «Essiwene» du centre ville de Tizi Ouzou, l’hôtesse abonde dans le même sens : «La destination préférée du touriste algériens, c’est la Tunisie, car le prix est abordable et le service est de qualité dans les hôtels. La Turquie est aussi une destination demandée et le Maroc à un degré moindre. Au Maroc, une seule destination est possible, il s’agit de Casablanca et ça coûte 13 millions de centimes, alors que pour la Tunisie le billet n’est qu’à 28 000 DA. Pour la Turquie, c’est 11 millions de centimes (billet, hôtel, excursion et transfert compris).

Concernant les destinations européennes, c’est le rendez-vous pour un visa qui est difficile à obtenir, c’est saturé. Du coup, les Algériens se rabattent sur la Tunisie». S’agissant de l’affluence en comparaison à l’année passée, «la demande a significativement diminué, notamment pour la Tunisie. En plus de la crise, les Algériens commencent a être dissuadés par la destination Tunisie. Le traitement réservé aux Européens et aux Orientaux est bien meilleur. Forcément, les nôtres sont froissés, mais faute de destination de rechange…».

Le même constat est relevé par les préposés au comptoir de cette autre agence dite «Repos Voyage». «Le nombre de postulants pour des voyages s’est beaucoup réduit. Côté destinations, la Tunisie demeure la préférée, non pas pour la qualité du service, mais beaucoup plus pour les coûts, relativement accessibles. En dehors des fêtés de fin d’année, la Turquie est aussi une destination demandée par notre clientèle, notamment les familles et les femmes. La destination Maroc aurait pu être très prisée n’était la fermeture des frontières terrestres, ce qui rend le billet trop cher et l’offre limitée.

Un voyage en Tunisie par route et pour un séjour d’une semaine avec un régime de demi-pension coûte 30 000 DA en moyenne. Un même séjour par voie aérienne coûte environ 50 000 DA, mais tout dépend de la qualité et du luxe offert par les établissements d’accueil. On déplore le fait qu’en Tunisie, on ne s’intéresse à l’Algérien qu’en période des vaches maigres». Concernant la diminution de la demande, le propriétaire de l’agence est catégorique : «La demande a brutalement chuté, d’ailleurs beaucoup d’agences au niveau national ont déjà mis la clé sous le paillasson. Il est temps de penser au tourisme local qui demeure toujours au stade embryonnaire».

Hocine T.

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