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JUSTICE - Ali Haddad au 3e jour du procès de ministres et d’hommes d’affaires : Les milliards du 5e mandat !

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Lors de son audition, hier, par le juge, dans les affaires concernant le financement occulte de la campagne de Bouteflika, Ali Haddad a été acculé par ses anciens collaborateurs après qu’il eut tenté de les accabler. La reprise des audiences pour le troisième jour du procès dit «des usines de montage automobile», ouvert mercredi au tribunal de Sidi M’Hamed et dans lequel est incluse l’affaire de financement de la campagne pour le 5e mandat de Bouteflika, a été marquée par des révélations fracassantes sur les deux affaires contenues dans le même dossier. L’ancien chef du FCE et néanmoins patron du groupe ETRHB, Ali Haddad, fut le premier à être appelé à la barre.

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Il est poursuivi pour «blanchiment d’argent» et «financement occulte de la campagne électorale» qui devait consacrer un 5e mandat au Président déchu, Abdelaziz Bouteflika. Le président de l’audience, Lakhdar Châaïchia, interroge d’abord Ali Haddad sur son rôle dans le financement de ladite campagne électorale -qui n’a finalement pas lieu suite au soulèvement populaire-. «Saïd Bouteflika m’a appelé, une première fois, le 25 janvier pour m’informer que son frère allait se présenter à l’élection présidentielle, et a sollicité mon aide.

Il m’a demandé de contacter Abdelmalek Sellal et Amara Benyounès pour encadrer la campagne», a répondu le patron de l’ETRHB. Celui-ci continue, sur demande du juge, de relater les faits : «Saïd m’a rappelé une deuxième fois le 6 février, pour me charger de collecter les fonds nécessaires, mais après le 22 février, il m’a rappelé pour me charger de récupérer l’argent se trouvant au siège de la direction de la campagne électorale, à Hydra, d’un montant de 700 ou 800 milliards de centimes». «Pourquoi vous a-t-il chargé de le récupérer ?», demande le juge. «Comme vous le savez, monsieur le juge, c’est Saïd Bouteflika qui se charge de la campagne de son frère…».

Le juge l’interrompt : «Je ne sais pas moi !». Ali Haddad poursuivit alors son récit : «C’est Saïd Bouteflika qui m’a dit que les gens commençaient à parler d’une somme de 700 milliards de centimes récoltée pour Bouteflika, et qu’il avait peur qu’il y ait un ‘’casse’’ et que l’argent soit dérobé, alors il a demandé à ce que l’argent soit gardé dans mon bureau au siège de l’ETRHB». Le juge fait rappeler à Haddad les déclarations d’Ahmed Mazouz au sujet des 39 milliards de centimes qu’il avait versés pour la campagne. «Je suis témoin qu’Ahmed Mazouz est venu en compagnie de Baïri au siège du FCE et m’a remis un chèque de 39 milliards», explique Ali Haddad.

De l’argent de la campagne, il ne reste que les chiffres !

Puis sont appelés à la barre les autres mis en cause dans la même affaire avec Ali Haddad, pour éclairer le tribunal sur la destination de l’argent collecté pour la campagne de Bouteflika qui n’a pas eu lieu. Le suivant à être appelé est l’ancien chargé des finances de la campagne électorale, Mahmoud Chaïd. Ce dernier a d’abord informé la composante du tribunal que c’est Ali Haddad qui l’avait désigné à ce poste, avant de souligner : «Le compte bancaire pour la campagne électorale a été ouvert au CPA, d’abord au nom de Sellal, puis au nom de Zaâlane». «Est-ce que Ali Haddad vous a demandé de retirer l’argent ?», interroge le juge.

Mahmoud Chaïd répond par l’affirmative en mentionnant la somme de 19 milliards de centimes qu’il avait retirés, «sur instruction d’Ali Haddad en trois phases», et qui ont été ensuite remis au chef du cabinet de l’ETRHB, Malik Hadj-Saïd. Sur ce, Ali Haddad interrompt Chaïd : «Je n’ai jamais demandé que l’argent soit retiré, laissez moi vous expliquer monsieur le juge…». Contrarié, le juge adressa un avertissement à Ali Haddad : «Ne m’interrompez plus, vous ne parlerez que lorsque je vous donnerai la parole».

Malik Hadj-Saïd est interrogé à son tour : «Qui vous a demandé de retirer l’argent et où est-ce vous l’avez mis ?», demande le juge. «Je l’ai transporté vers le bureau de Haddad à Dar El Beïda, et c’est lui qui m’avait demandé de le récupérer de chez Mohamed Aouarhoun», réplique Hadj-Saïd. «Est-ce vrai que vous avez rassemblé 75 milliards ? Où sont-ils passés ?», demande encore le juge à Malik Hadj-Saïd qui, d’une seule petite phrase, dira : «Tout l’argent est épuisé !».

S’adressant, cette fois-ci, à Ali Haddad, Lakhdar Châaïchia l’informe : «Il existe un trou de 6 milliards de centimes» dans les mouvements de cet argent. «Il n’y a aucun trou monsieur le juge, tous les documents prouvant les dépenses sont chez mes avocats», réplique le patron de l’ETRHB. Le procureur demanda alors la parole pour interroger Chaïd : «Qui vous a nommé pour vous occuper des finances de la campagne ?». «C’est Ali Haddad qui m’a désigné», répond-il. «Je n’ai nommé personne moi…», intervient Ali Haddad.

Ce dernier sera également interrogé par le procureur sur les mêmes questions soulevées par le juge au début de l’audience. Le patron de l’ETRHB maintient les mêmes propos, mais il sera vite questionné par le juge qui enchaîne : «Savez-vous que Arbaoui a fait don de 20 véhicules et 20 milliards de centimes pour la campagne ?». «Je ne suis aucunement responsable des contributions des autres à la campagne, quant aux véhicules, ce que je sais, c’est que le groupe Médias Temps d’Algérie a acquis chez Arbaoui 15 voitures», rétorque Haddad.

À son tour, Arbaoui, convoqué à la barre, témoigne : «Je n’ai offert aucune voiture pour la campagne, je n’ai fait que vendre 20 véhicules à l’entreprise Medias Temps d’Algérie». Sur ce, le juge clôt les interrogatoires au sujet du financement de la campagne électorale au profit du Président déchu, Abdelaziz Bouteflika, et fait appel aux responsables des entreprises de montage de véhicules.

M. A. T.

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