Les robinets à sec en pleine saison des pluies !

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Plusieurs villages des communes de Draâ El Mizan, Tizi Gheniff et M’Kira, dans le Sud de la wilaya de Tizi Ouzou, font face quotidiennement à la rareté de l’eau potable, y compris en saison des pluies. À M’Kira, notamment au village Imaânden, l’eau n’a pas coulé des robinets depuis… trois mois. A Senana, Ichoukrène et Maâmar, elle n’est distribuée qu’une fois tous les 15 jours. Quant aux villages du versant Nord de la commune de Tizi Gheniff, les robinets à sec, c’est tous les jours.

À propos de cette pénurie, le représentant du comité de village de Maâmar se plaint depuis plusieurs mois : «Notre village est privé d’eau potable depuis cinq mois. La situation est très grave ! L’alimentation par citerne n’est pas possible pour certains quartiers, car leurs ruelles sont trop étroites. Nous demandons aux responsables de l’hydraulique et à ceux de l’ADE de nous trouver une solution définitive. Nous sommes tout de même des Algériens à part entière qui avons le droit à une alimentation régulière en eau potable ! Que chacun assume ses responsabilités devant Dieu et les hommes !».

Le représentant du village Ichoukrène, dans la commune de Draâ El Mizan, abonde dans le même sens : «Notre douar compte 16 000 habitants. L’eau s’y fait rare été comme hiver, car nos foyers sont alimentés à partir d’un réservoir de 500 m3, ce qui est bien entendu insuffisant ! L’eau courante n’est disponible qu’une fois tous les 20 jours. À ce rationnement drastique s’ajoute une conduite piquée et piratée.

C’est dire que la responsabilité de citoyens malveillants est aussi engagée. Pour remplir ce réservoir, il faut cinq à six jours». D’autres citoyens et représentants des villageois ont signalé que «la rareté de l’eau à travers les localités est une réalité qu’aucun ne peut nier». Une situation qui contraint les foyers à acheter l’équivalent d’une citerne d’eau à 1 400 ou 1 500 DA, et parfois même à 2 000 DA, par semaine, pour répondre à leurs besoins, déplorent-ils. «Nous demandons que ce problème soit réglé rapidement et efficacement car la situation n’a que trop duré et risque d’affecter les relations entre nos communes et nos villages».

Le maire de Tizi Gheniff : «L’antenne ADE de Draâ El-Mizan fait du favoritisme»

C’est justement pour se pencher sur ce problème qu’une réunion élargie a regroupé à la wilaya, au début du mois en cours, les membres des comités des dits villages, des élus de l’APW, dont les membres de la commission de l’hydraulique et ceux de l’ADE, et des élus des municipalités concernées. D’emblée, le vice-président de l’APC de Tizi Gheniff fera remarquer que «le problème d’eau a commencé depuis 2011». «Le manque, poursuit-il, se fait sentir de plus en plus. A présent, hormis notre chef-lieu qui est alimenté, disons, suffisamment, le reste des villages vivent au rythme de la pénurie.

L’eau n’est lâchée qu’une fois par mois dans certains villages. Il y a problème de gestion et de distribution car certaines régions sont alimentées en H24 tandis que d’autres, comme la nôtre, c’est au compte-gouttes. Nous demandons que ce problème soit réglé sérieusement, efficacement et durablement. Nous sollicitons une antenne de l’ADE pour Tizi Gheniff car celle de Draâ El-Mizan favorise ses clients locaux. Il faut nous trouver une solution pour éviter des complications et des situations conflictuelles !».

Le vice-président de la commune de M’Kira lâche de son côté : «Au moment où je vous parle (ndlr, lundi 2 décembre), un directeur d’école me demande de lui envoyer une citerne. Il est clair que notre commune souffre le martyre en matière d’alimentation en eau. Depuis deux ans, on court dans tous les sens, on fait des propositions mais sans résultat. Comble de l’ironie, l’été dernier, on avait un peu d’eau, maintenait que c’est la saison humide, nous n’en avons pas du tout, c’est incroyable ! Les responsable nous méprisent, c’est la seule explication !», s’insurge-t-il.

Le maire de M’Kira en rajoutera une couche : «La distribution est tellement désastreuse que les citoyens ne nous croient plus et la confiance est rompue de leur côté, car, à chaque fois, on leur promet des solutions, des mesures et des projets inscrits mais leur concrétisation est toujours repoussée. Au niveau de notre APC, nous avons même tenu une session extraordinaire consacrée à l’eau. Nous avons mis tous les moyens de l’APC et mobilisé 10 ouvriers, mais la situation ne s’améliore pas.

Nous n’avons même pas bénéficié d’un second camion-citerne. Est-il possible d’alimenter une douzaine d’écoles primaires, quatre collèges, un lycée et dix mosquées aves un seul camion-citerne ? Nous avons saisi tout le monde, mais en vain. Les lycéens ont fait grève pendant quatre jours pour réclamer de l’eau. Il nous faut des solutions pérennes pour améliorer la distribution de cette denrée rare et précieuse».

Le maire de Draâ El Mizan : «Il y a 50% de déperdition»

Pour le P/APC de Draâ El-Mizan, M. Issoulah, pour mettre un terme à cette «pénurie qui perdure même en saison des pluies, il faut d’abord réparer la conduite de diamètre 300 sur 8 kilomètres, car à ce niveau, signale-t-il, la déperdition de l’eau est de 50 %». «La station de Tizi Larbaâ, explique-t-il, est surdimensionnée. La conduite de diamètre 400 est également à dédoubler sur au moins 4 kilomètres. Il faut également, préconise-t-il encore, réparer toutes les avaries car elles sont énormes et récurrentes. De cette manière, on mettra un terme définitif à cette rareté qui malmène notre population».

Hocine Taib

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