L’hommage populaire au Rebelle

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Sans faire l’impasse sur les revendications phares de leur mouvement, les manifestants, à travers les wilayas de kabylie, notamment Béjaïa, Bouira et Tizi Ouzou, ont rendu, hier, un vibrant hommage à la légende Lounès Matoub.

Et pour cause, le 49e vendredi de marches contre le système a coïncidé avec la date de naissance du Rebelle, le 24 janvier 1956 à Taourirth Moussa. Nombreux étaient les manifestants qui ont brandi des pancartes, réclamant «La vérité sur l’assassinat de Matoub». A Béjaïa, après avoir parcouru des centaines de mètres, la procession humaine a marqué une halte au niveau du carrefour Daouadji, rebaptisé, dernièrement, carrefour Matoub Lounes, pour rendre hommage au Rebelle sur fond de l’hymne national, version Matoub. Ensuite, les manifestants ont repris leur marche, en scandant des slogans hostiles au pouvoir. Sur des pancartes, quelques manifestants ont affiché leur opposition à l’exploitation future du gaz de schiste, prônant, entre autres, «la valorisation des potentialités de l’Algérie dans le domaine agricole pour développer l’économie nationale».

Les manifestants ont également exigé «la libération de tous les détenus d’opinion et politiques», rejetant tout dialogue avec les décideurs. Pour eux, la solution viendrait de l’application des articles 07 et 08 de la Constitution, car, lisait-on sur une pancarte : «Le peuple est source de tout pouvoir». S’étant un peu éclipsées lors des précédentes manifestations, les femmes étaient de retour en nombre, hier, dans la rue, laissant voir une foule bariolée, qui a pris possession des principales ruelles du chef-lieu de wilaya de Béjaïa dés le début de l’après-midi. Il est à signaler qu’hormis l’hélicoptère de la police qui survolait le ciel de la ville de Béjaïa, aucun dispositif policier n’a été déployé sur l’itinéraire de la marche, comme ce fut le cas la semaine dernière. Comme chaque vendredi, la marche d’hier, qui a drainé des milliers de manifestants, s’est déroulée dans la sérénité. A Tizi Ouzou, c’est avec la même ferveur que les manifestants ont célébré le chantre, Matoub Lounès. Jeunes et moins jeunes d’un certain âge, et des deux sexes, ils étaient nombreux à porter des portraits du Rebelle pour lui rendre hommage, unanimement.

«Assa azeka Lounes yella yella» (Aujourd’hui et demain, Lounes constamment parmi nous) était le slogan phare de ce 49e vendredi de marche. Les manifestants l’ont écrit sur des pancartes, l’ont crié, l’ont même tatoué sur leurs corps pour certains. La procession qui s’est ébranlée comme d’habitude du portail du campus de Hasnaoua de l’université Mouloud Mammeri de la ville a aussi réclamé la libération des détenus d’opinion à l’image de Karim Tabbou dont le portrait a été aussi brandi comme celui d’autres figures de la région, à l’image des martyrs Amirouche, Abane, ou encore de feu Hocine Aït Ahmed. A noter que la manifestation s’est déroulée dans le calme du début jusqu’à sa fin aux alentours de 15h30 heures avec la dispersion des marcheurs à leur arrivée à la place de l’ancienne gare routière, sans que le moindre incident ne soit enregistré.

A Bouira, plusieurs milliers de citoyens ont également battu le pavé pour le 49e vendredi de suite, afin de réclamer la refonte du système politique. La marche, qui a débuté vers 13h30, s’est ébranlée de la place publique du centre-ville et s’est poursuivie jusqu’à l’esplanade de la maison de la culture, en traversant les principales rues du chef-lieu de la wilaya. Tout le long de l’intérimaire, les marcheurs n’ont pas cessé de scander des slogans hostiles au pouvoir. Les marcheurs ont réclamé une période de transition démocratique. Par ailleurs, des photos et des portraits de certains détenus politiques ont été aussi exhibés par les manifestants, qui ont réclamé la libération de l’ensemble des prisonniers politiques à travers plusieurs wilayas du pays. Des manifestants ont aussi exprimé leur opposition au projet d’exploitation du gaz de schiste. A signaler que la marche, qui s’est poursuivie jusqu’à 16h, n’a été émaillée par aucun incident.

F. A. B., Amar A et Oussama Khitouche.

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