L’infox infecte l’opinion !

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L’infox ou les fake news continuent d’alimenter la communication quotidienne de milliers d’Algériens, mais pas que ça. Les médias aussi constituent un récipiendaire aux fausses informations relayées ces derniers jours sur les réseaux sociaux. Pratiquement aucun média, de la presse écrite à l’audiovisuel, n’a échappé à cette nouvelle et dangereuse communication, qui distille le faux avec, souvent, une arrière-pensée de nuire.

La pratique s’est accentuée depuis l’avènement du mouvement populaire dénonçant le système politique en Algérie. Bien évidement, les réseaux sociaux, notamment Facebook, et à un degré moindre Tweeter, sont les canaux de transmission de ces fausses informations qui sont, généralement, difficiles à vérifier. Et en dépit de la non-vérification de ces informations, certains médias n’hésitent pas à les communiquer.

Cela est dû à l’urgence de traiter l’info et de la diffuser, disons dans un esprit purement concurrentiel pour ne pas évoquer plus. Une vraie fausse information, souvent bien chargée de sensationnel, qui tombe sur Facebook est vite relayée à grande échelle via le partage des internautes, très souvent contrairement aux informations présentant de la véracité dans leur contenu. Les exemples sont légion, ces dernières semaines, où tout ce que vous «cuisinez» sur le net est consommable de facto.

On en raffole même ! L’Algérien, qui n’est pas mieux loti en moyens de filtration de l’info et de lutte contre les fake news, ne peut aucunement échapper à cette tendance mondiale faite de faux. Pas plus loin qu’hier, Facebook a fermé 23 pages présentes sur son site, véhiculant de fausses informations et des contenus haineux. Selon l’ONG Avaaz, qui a mené l’enquête en Italie, ces pages comptaient près de 2,5 millions d’abonnés.

Autant dire que la nouvelle tendance créée à la faveur de la démocratisation de l’internet rassemble des milliers, voire des centaines de milliers de personnes autour d’un seul contenu, nuisible soit-il. L’ONG Avaaz a cité l’exemple d’une vidéo ayant été vue 10 millions de fois, alors qu’elle est fausse. «La page la plus active publiait une vidéo qu’elle présentait comme montrant des migrants en train de détruire une voiture appartenant à des carabiniers. Cette vidéo, visualisée presque 10 millions de fois, est en fait une scène prise dans un film.

La désinformation a été dénoncée maintes fois dans le passé, mais elle continue à être utilisée à des fins politiques», a écrit l’ONG. Les plus retentissantes de toutes ces histoires, liées aux fausses informations largement diffusées, restent incontestablement celles en rapport avec l’élection présidentielle américaine ayant consacré Donald Trump président des Etats-Unis. Facebook et son fondateur, Mark Zuckerberg, ont été mis au cœur de la tempête mondiale engendrée par la plus grande série d’attaques en infox à destination du pays de l’Oncle Sam d’abord, avant d’atteindre les pays de l’Union européenne. Autant dire que la facilité dans laquelle tombe l’internaute est si déconcertante qu’il se voit obnubilé et traîné sur de fausses pistes.

Néanmoins, y a-t-il des moyens de substitution aux fausses informations ? Le verrouillage pratiqué sur l’information officielle, le dénigrement ayant atteint le seuil critique des moyens classiques de la communication, à savoir les journaux et la télévision, ont créé un terreau fertile aux nouveaux canaux de communication, qui sont les réseaux sociaux. D’aucuns estiment que les fake news représentent un réel danger pour la démocratie, car elles favorisent la propagande et dénaturent les faits. Et l’Algérie subit présentement le phénomène de plein fouet. Personne n y échappe : simple citoyen, sportif, homme de culture, politique de tous les bords, haut responsable, établissement, institution… Tout passe.

Parfois ça démarre d’une farce, d’un acte inconscient, parfois d’un acte prémédité et le partage fait ravage. L’opinion est alors vite déroutée. La situation urge pour une prise de conscience générale quant à une utilisation rationnelle de ces réseaux sociaux, parfois dévastateurs.

M. A. T.

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