Mobilisation face à la tragédie !

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La série noire continue sur les routes, et cette fois-ci, ce ne sont pas moins de cinq victimes qui ont péri avant-hier soir dans un spectaculaire accident survenu à Oued Fali, à la sortie Ouest de la ville de Tizi Ouzou. Un bus d’Alger, transportant des vacanciers revenant d’une excursion de la wilaya de Béjaïa, a dérapé au lieu-dit Oued Fali, juste à la descente de la bretelle qui relie la nouvelle autoroute à l’ancienne, peu avant d’arriver à la localité des Toumi.

Le bilan est lourd : deux hommes âgés de 24 et 29 ans, deux femmes de 32 et 45 ans et une fille de 9 ans ont rendu l’âme alors que les 35 autres passagers, à savoir 13 hommes, 14 femmes et 8 enfants, dont l’âge ne dépasse pas 17 ans, ont été blessés. Le drame a eu lieu à la tombée de la nuit aux alentours de 20h30. Sitôt avisés, les services de la Protection civile, tout comme les autorités locales, ont accouru apporter assistance sur les lieux du drame ainsi qu’à l’hôpital Nedir Mohamed où les dépouilles des décédés comme les blessés ont été évacués.

La direction générale du CHU met en place une cellule de crise

Pour ce faire, la Protection civile de wilaya a dû mobiliser pas moins de six ambulances, trois engins anti-incendie et de secours routiers, du matériel d’éclairage et plus de 40 sapeurs-pompiers. Au pavillon des urgences du CHU de la ville, c’est le branle-bas de combat pour faire face à la situation, d’autant plus que «l’équipe de garde n’avait pas d’informations sur le nombre exact des blessés», commentait, hier, M. Mouzaoui, directeur général de l’hôpital, qui nous apprendra qu’une cellule de crise a été mise en place aussitôt après avoir pris connaissance de l’accident.

«En plus de l’équipe de garde, on a fait appel et procédé à des réquisitions pour assurer l’effectif nécessaire et répondre aux besoins», a-t-il dit. Il faut dire que toutes les autorités de wilaya, dont le chef de sûreté de wilaya, le commandement de la Gendarmerie, de la Protection civile, le wali, le P/APW, le recteur de l’université Mouloud Mammeri, le Pr Daoud, qui est également chef de service de neurologie au CHU de Tizi Ouzou, le Pr Messaoudi, également praticien et doyen de la faculté de Médecine… ont tous convergé vers le CHU de nuit. Le DG du CHU, qui veillait en personne sur la prise en charge des accidentés, «n’a quitté l’hôpital que vers trois heures du matin», avouera ce parent d’un enfant accidenté qui a tenu à rendre hommage à l’ensemble des personnels du CHU.

Le ministre M. Miraoui et le wali M. Djemaâ au chevet des victimes

Hier dans la journée, c’est le ministre de la Santé, M. Miraoui, qui a tenu à faire le déplacement jusqu’à Tizi Ouzou pour s’enquérir de l’état de santé des blessés et présenter ses condoléances aux familles des défunts. En fin d’après-midi, la majorité des blessés gardés en observation depuis la veille ont été autorisés à rentrer chez eux et «seuls quatre d’entre eux étaient encore retenus, nécessitant une hospitalisation prolongée», indiquera le Dr Nemmar, DAPM au CHU. Faut-il par ailleurs signaler que cette bretelle s’avère un véritable coupe-gorge pour les usagers qui ne connaissent pas la route.

En effet, c’est au niveau de ce point noir également qu’un bus, transportant les supporters du MC Oran, lors de la manche retour de l’exercice précédent, a connu le même sort. L’accident avait fait un mort et plusieurs blessés également. Ce qui n’a pas manqué de soulever une polémique, notamment sur les réseaux sociaux où les internautes ont relayé les photos du drame.

Sur la question, le wali, M. Djemaâ, confiera à la Dépêche de Kabylie qu’il a personnellement interpelé l’Agence de la gestion des autoroutes pour procéder à un contrôle de l’ouvrage et voir de plus près la nécessité de renforcer la signalisation sur ce tronçon. Il s’agit de ce point où la voie de l’autoroute dans le sens Tizi Ouzou – Alger débouche brusquement sur une descente ouvertement inclinée à l’entame d’un dangereux virage qui aboutit à une sorte d’entonnoir finissant sous forme d’un fer à cheval, pour faire jonction avec l’ancien tronçon autoroutier.

La prudence doit être de mise, mais nombre d’usagers ne s’attardent pas sur ces signalisations qui somment de réduire la vitesse à 60 puis 40 km/h. Le danger est, bien entendu, davantage amplifié de nuit et avec la chaussée glissante en ces temps d’hiver.

Une accidentée raconte le drame !

«On était arrivés en vitesse, puis on a senti le bus descendre d’un coup et s’incliner à gauche avec une force qui le poussait vers l’extérieur, comme dans un avion en phase d’atterrissage pas du tout maîtrisé. Le chauffeur a tenté de freiner, mais tout s’est rapidement enchaîné : il y a eu cet impact assourdissant avec les glissières en béton que le bus a balayés dans sa glissade comme de petits parpaings, avant de se retrouver complètement couché sur le côté. A l’intérieur, tout le monde crie, on était sens dessus dessous, les vitres ont éclaté, des panneaux du bus ont cédé, c’était la panique générale !

Le manque d’éclairage a rajouté de la confusion, on se cherchait dans l’obscurité du bus, est-ce-que personne n’a été éjecté dans le choc ? Est-ce que des corps ne sont pas en dessous ? Ça s’est chamboulé en à peine une dizaine de secondes, une quinzaine au plus, mais ca paraissait comme une éternité qui s’avérera un véritable drame, une horreur !» racontait, hier soir aux urgences du CHU, une passagère qui, elle, s’en est sortie avec des égratignures. Elle narrait la tragédie, encore sous le choc, avec des mots éparpillés. Comme si à chaque mot prononcé, elle arrêtait de respirer.

Elle tenait la poitrine des deux mains. Le regard hagard, elle avait du mal à maintenir les yeux ouverts face à la lumière scintillante du pavillon des urgences qui l’éblouissait. «Mon Dieu que c’était effroyable, je revois encore ces images. Terrible ! Les pleurs se confondaient aux cris, on se piétinait les uns les autres, on se mouvait comme dans une navette pour trouver une issue de sortie. Sur les côtés, c’était soit le toit, soit le plancher.

Donc, il fallait trouver des appuis pour atteindre les vitres à travers lesquelles on voyait le ciel assombri», arrivait-elle encore à enchaîner. Pour elle, les blessés comme pour les rescapés, c’était la grande galère, la panique, la confusion, l’hécatombe : «Avec cette boule qui enflait dans chaque poitrine avec la découverte de corps inertes. C’était angoissant avant que les premiers secours et les pompiers n’arrivent sur les lieux, mon Dieu !», soupira-t-elle.

Nadia L.

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