Un joyau de la nature à promouvoir

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Tikjda, ce magnifique site climatique culminant à 1 478 m d’altitude, est situé en plein cœur de la chaîne montagneuse du Djurdjura. C’est un véritable joyau de la nature qui fait aussi partie du PND (Parc national du Djurdjura) depuis sa création, en 1983, pour devenir un site de réserve de biosphère reconnu par l’UNESCO depuis 1997, pour la protection de son massif vaste de 18 500 ha. En termes de végétation, Tikjda recèle des forêts vierges de cèdres, de pins d’Alep, de pins noirs, de chênes…

Pour la faune, il abrite des espèces endémiques à la région et protégées, comme l’hyène rayée, l’aigle botté, le héron, le vautour, le singe magot… Aujourd’hui, ce site n’a pas perdu de sa superbe en dépit de l’incivisme et des aléas de la nature : érosion du sol, glissements de terrain, incendies, notamment celui qui de 1998 qui avait consumé des hectares de cédraies, de pins d’Alep… dont des arbres millénaires.

Site touristique et sportif par excellence

Il est utile de rappeler que la région de Tikjda était, depuis les années 1970 jusqu’à l’entame des années 1990, début de la montée terroriste en Algérie, une destination touristique privilégiée des Algériens, mais aussi d’Européens, comme les Français et les Allemands, qui bivouaquaient sur les lieux en s’adonnant aux randonnées pédestres, pour découvrir les différents repères et coins aussi splendides que merveilleux qu’offre toute la chaîne montagneuse du Djurdjura, à l’allure alpestre et reliant deux versants (sud et nord) des wilayas de Bouira et Tizi Ouzou.

Parmi les anciens habitués de cette station climatique, il a y avait des spéléologues algériens, français, espagnols et belges qui se rendaient sur les lieux dans les années 1980, pour l’exploration des grottes et gouffres, à l’instar d’Anou N’Iflis, situé à Akouker et considéré comme le plus profond gouffre d’Afrique, avec 1 115 m de profondeur, appelé aussi Le Gouffre du léopard. Il y a aussi la grotte dite de l’ours, toujours à Akouker, le gouffre d’Aswel, sur 975 m de profondeur, etc.

Des endroits paradisiaques à découvrir

Tikjda regorge d’endroits aussi féeriques les uns que les autres, comme le lac Agoulmim, plus haut lac d’Afrique, culminant à 1 700 m d’altitude. Un site qui est redevenu, depuis le retour de la sécurité, une attraction touristique et une destination privilégiée des randonneurs et des amoureux de la nature qui y accèdent soit par Tikjda et Haïzer (Bouira), soit par Aït Bouaddou (Tizi-Ouzou). Il y a aussi le pic de Lalla Khedidja ou Tamgout (2 308 m d’altitude), Thaltat, la montagne de Haïzer (2 164 m d’altitude), la station de ski et des sports de montagne d’Akouker (Tikjda)… Cette dernière était une destination prisée des skieurs dans les années 1960 et 1970.

Pour la petite histoire, le plus vieux club de ski en Algérie, à savoir Ski Club de Tikjda (Bechloul), est né au lendemain même de la création de la Fédération algérienne de ce sport, soit en 1963. Il y a également lieu de découvrir cet écosystème au patrimoine faunique et floristique impressionnant, aux paysages envoûtants et aux forêts luxuriantes, du côté de Tighzert. La région est certes de nouveau reconquise par les nostalgiques et autres amateurs de la montagne, mais à une cadence modérée à cause de l’absence d’une stratégie touristique effective, en ce sens que les projets pour le développement de ce secteur ne répondent pas aux besoins exprimés en la matière.

A titre d’exemple, Tikjda disposait d’une remontée mécanique et d’un télésiège qui faisaient le bonheur des touristes, skieurs et randonneurs durant les années 1970 et 1980 avant qu’ils ne tombent en panne, au début des années 1990. A ce jour, les pouvoirs publics n’ont ni réparé les ouvrages en question ni réalisé de nouveaux. Les multiples interpellations et sollicitations faites aux différents ministres, lors de leurs visites à Tikjda, n’ont donné lieu qu’à des promesses et engagements renvoyés, à chaque fois, aux calendes grecques. Aucune volonté politique pour leur réhabilitation n’est affichée, est-il constaté. En plus de ses atouts naturels, la région est aussi un site historique pour avoir était le théâtre de plusieurs accrochages entre les Moudjahidine et l’armée française du temps de la guerre de libération nationale.

Gourdel, le souvenir noir !

Pour rappel, l’enlèvement puis l’assassinat, en plein cœur du Djurdjura, du guide de haute montagne Hervé Gourdel, originaire de Nice (France), il y a déjà cinq années (septembre 2014), alors qu’il effectuait une randonnée avec des amis algériens, avait mis en émoi et choqué la Kabylie et toute l’Algérie. Le corps de l’alpiniste, décapité par la horde Islamiste «Jund El khalifa», a été découvert enterré dans la région d’Akbil par les forces de sécurité, à la suite d’informations soutirées à un terroriste blessé et capturé par l’Armée.

Le coup «du cœur» de Mustapha Muller ?

Originaire d’Autriche, Mustapha Muller, de son vrai nom Winfried Muller, épousa la cause algérienne dès son jeune âge en s’engageant contre le colonialisme français, avant de consacrer sa vie, au lendemain de l’indépendance, à la création de parcs et réserves de biosphère en Algérie, comme celles du Hoggar et Tassili et le Parc National de Djurdjura. Il se rendait fréquemment à Tikjda dans le cadre de ses recherches et participa, avec le réalisateur Abdellah Tikouk, à la réalisation de plusieurs documentaires sur la beauté du pays.

C’est d’ailleurs lors d’une mission à Tamanrasset, avec le même Abdellah Tikouk, en 1993, qu’il décédera d’une crise cardiaque. Pour lui rendre hommage, l’écomusée de Tikjda a été baptisé de son nom.

Le CNLS Tikjda, harmonie entre l’activité touristique et sportive

La construction des structures d’accueil se trouvant Tikjda avaient souvent buté sur des oppositions, que ce soit des responsables du PND ou d’associations se disant «protectrices de la nature». Pourtant, faut-il le reconnaître, la plupart des projets réalisés sont nécessaires pour, d’abord, le désenclavement puis le développement de la région. Dans les années 1990, avec l’avènement du terrorisme, la région était pratiquement désertée. Elle fut une zone franche occupée par les terroristes, compte tenu de la situation géographique de l’endroit qui reliait les deux versants Sud et Nord du massif montagneux du Djurdjura, en contact direct avec les Bibans.

La zone leur était propice pour installer leurs QG et en faire un point de repli et de transit, non sans faire la mainmise sur toute la région, en incendiant même l’Hôtel Djurdjura. Au recouvrement de la sécurité, le CNLST a rouvert ses portes en 2006 suite à la réhabilitation des structures saccagées et abandonnées. Désormais, nostalgiques et amateurs de la nature retrouvent progressivement les lieux. Une reconquête bien méritée. Aujourd’hui, Tikjda compte, en plus du CNLST, le chalet des chemineaux, occupé depuis l’avènement du terrorisme par l’ANP, le chalet du CAF ou KEF (club alpin français), un poste et une piste héliportée de la Protection civile, un écomusée, où sont rassemblées des données et informations sur une panoplie d’espèces animales, botaniques et autres qui font la spécificité de la région, une mosquée et un terrain de foot en phase de réalisation et rattaché au CNLST.

Avant sa reconversion en CNLST, la structure était un centre pour insuffisants respiratoires, puis elle a été rattachée au ministère du Tourisme après la réalisation de l’Hôtel Djurdjura. Ce n’est qu’à la fin des années 1990 que la bâtisse a été affectée au MJS pour devenir un centre national de loisirs et des sports, au profit des sélections nationales et clubs sportifs. Aujourd’hui, le CNSLT ne cesse de grandir et aspire même à devenir un centre de préparation d’envergure mondiale après la fin des travaux de réalisation de son stade de football aux normes FIFA mais aussi des salles de sport construites au-dessous du stade, de la salle OMS, du CMS…

Ceci en plus des commodités déjà existantes, à savoir un site d’hébergement dépassant les 500 lits, des restaurants, des espaces de récupération (sauna, jacuzzi), deux piscines (l’une à l’Hôtel Djurdjura et l’autre au chalet de KEF)… L’infrastructure accueille même des étrangers qui renouent progressivement avec les lieux. Par ailleurs, les responsables du centre souhaitent annexer au CNLS le stade d’ASWEL, réalisé à coup de milliards et livré, depuis, aux quatre vents.

M’hena A.

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