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Tizi n’Tléta : Une commune qui peine à sortir la tête de l’eau

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La commune de Tizi n’Tléta, relevant de la daïra des Ouadhias, au sud du chef-lieu de la wilaya de Tizi Ouzou, est issue du découpage administratif de 2004. Cette commune totalise quatre villages (Cheurfa, Ait El hadj Ali, Ighil Imoula et l’aarch d’Ait Abdelmoumène) pour une population dépassant 15 000 habitants. Elle compte six écoles primaires, trois collèges et un lycée. Cela dit elle accuse un retard criant en matière d’infrastructures de base et de développement. S’agissant des infrastructures de base, hormis le siège de l’APC, l’agence postale et le centre de santé qui se trouvent au chef-lieu communal, rien d’autre n’est à signaler.

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On ne compte ni maison de jeunes, ni salle polyvalente, ni stade communal, ni piscine et encore moins une salle de cinéma. Le secteur bancaire brille aussi par son absence. Les habitants se contentent de trop peu de choses et se morfondent dans leurs villages respectifs. À commencer par les sportifs de la région qui sont toujours obligés de parcourir des kilomètres pour pratiquer leur sport favori. Les amateurs des arts martiaux se contentent de garages et de caves. La section de Judo de Tizi n’ Tléta, qui jouit pourtant d’une réputation mondiale n’est pas mieux lotie puisque ses athlètes s’entraînent dans une salle exiguë et sans commodités. Les amateurs de football se contentent d’aires de jeux non aménagées et non commodes.

Le meilleur exemple reste sans doute l’aire de jeux de Tizgui sise au village d’Ait Abdelmoumène. Une aire de jeux impraticable, sous dimensionnée, sans drainage des eaux, sans vestiaires, sans clôture et pire encore, le talus menace à chaque fois de faire dégâts. Tout ceci sans parler de l’état du terrain toujours caillouteux et «labouré». Les jeunes du village qui y organisent des tournois qui drainent des centaines de joueurs, toutes catégories confondues, prennent à chaque match des coups dus au mauvais état du terrain. À Cheurfa, Ighil Imoula, le village historique, et Ait El Hadj Ali, l’état des lieux n’est pas meilleur. Les infrastructures sportives demeurent inexistantes.

Le secteur de la culture n’est pas mieux loti puisqu’aucune maison de jeunes ou centre culturel n’y a été implanté.

Les foyers de jeunes réalisés lors des mandatures précédentes ne sont pas exploités correctement, car manquant de moyens humains et matériels. Les jeunes sont totalement livrés à la rue. Le seul club, autrefois porte-étendard de toute une jeunesse, a été contraint de mettre les clés sous le paillasson. Le Multi Sport Aït Abdelmoumène (MSA), premier club de la région à évoluer en division Honneur, a été obligé d’abandonner la compétition avant de disparaître carrément de la scène sportive régionale, faute de moyens financiers. «Durant les années 2007/2012, l’APC nous accordait des subventions importantes, ce qui nous avait permis d’accéder en division Honneur, mais depuis 2012, nous n’avions reçu aucune subvention. Nous n’avions eu de choix que de libérer nos joueurs», fait savoir un des responsables du club. Sur le plan culturel, c’est le même topo.

L’association Mourad Terbouche, créée en 1989, a disparu par manque de moyens humains et matériels. D’autres, comme Talwith et Assirem, sont toujours encore en activité mais, selon leurs responsables, «elles ne jouissent pas du minimum vital».

Le secteur de la santé en souffrance

À Tizi n’Tléta, le secteur de la santé est en souffrance. Le centre de santé sis au chef-lieu communal ne prodigue que des soins de base. Les consultations spécialisées ne sont pas assurées. Le service de la maternité n’étant pas réalisé, du coup les parturientes continuent de voir ailleurs. Les unités de soins d’Ighil Imoula et d’Aït Abdelmoumène ne fonctionnent parfois qu’avec un médecin et un infirmier. La salle de soins du douar d’Aït Abdelmoumène, à titre d’exemple, ne fonctionne qu’«à moitié», avec un seul médecin et un seul infirmier.

La structure, déjà en dégradation, manque de moyens matériel, à l’instar du chauffage et du frigo pour préserver les vaccins et autres produits médicamenteux. Même un simple fauteuil dentaire y est inexistant ! Du coup, la salle est boudée par la population.

C’est ainsi qu’une population de 12 000 habitants est abandonnée à son triste sort en matière de soins. Concernant l’antenne administrative locale, elle n’est toujours pas raccordée à la fibre optique. La population est toujours contrainte de se rendre à la mairie. L’ère des papiers administratifs établis au stylo est toujours d’actualité dans ce grand village. Le bureau de poste opérationnel depuis les nuits coloniales a été fermé pendant de nombreuses années. Mais, à sa réouverture, il y a de cela deux ans, les prestations fournies ne sont pas suffisantes. Le tenancier des lieux se contente juste de recevoir et d’envoyer le courrier. Rappelons que ce bureau a fait l’objet de vols et d’attaques à main armée pendant la sanglante décennie noire. «Mais à présent que la sécurité est revenue, qu’attend Algérie-poste pour optimiser son fonctionnement?», se demande la population. Les clients d’Algérie-poste sont dans l’obligation de se rendre au chef-lieu de commune, distant de 7 kilomètres, pour retirer leurs salaires ou pensions. Les seniors et les retraités sont mis à rude épreuve à chaque fin de mois.

Desquartiers sans assainissement

Le raccordement de plusieurs quartiers au réseau de l’assainissement n’est pas à l’ordre du jour. Plusieurs quartiers, rien qu’au douar d’Aït Abdelmoumène, ne disposent pas de réseaux d’assainissement. L’état des quartiers de Taghoucht, El Djama, Veghla, Tizi Medouh, Louvayer et Assamar illustre le retard qu’enregistre la commune dans le domaine de l’assainissement. À Cheurfa et à Ighil Imoula ou encore à Azaghar, des dizaines d’habitations ne sont toujours pas raccordées à ce réseau. Les fosses septiques et les rejets à ciel ouvert sont l’unique solution dont disposent les ménages pour évacuer les rejets polluants. Les habitants desdits quartiers se disent «malmenés par l’usage de fosses septiques qui débordent régulièrement, générant des odeurs nauséabondes et un climat pestilentiel en sus de la pollution des vergers et des potagers».

«Nos quartiers sont infestés de nuées d’insectes, de reptiles et de rats. Les fosses septiques se comptent par dizaines, car chaque foyer a sa propre fosse. Une situation qui rend nos lopins de terre incultivables. Nous vivons la peur au ventre car le risque d’épidémies plane sur nos têtes. Les autorités locales et les services de l’hydraulique ont été interpellés à plusieurs reprises, mais en vain», ont déploré les habitants. À signaler que même les quartiers branchés au réseau d’évacuation des eaux usées, et dont les rejets se déversent dans les ravins sans puits filtrants, sans bassin de décantation et encore moins de station d’épuration, sont à l’origine d’une pollution qui a exterminé plusieurs espèces d’oiseaux.

À Azaghar, à la limité de la commune des Ouadhias, le talweg recevant les eaux usées d’une partie de Cheurfa et d’At El Hadj Ali, mène la vie dure aux riverains été comme hiver. Pour ces derniers, il est grand temps de penser à canaliser toutes ses eaux usées non seulement pour préserver l’environnement mais aussi pour préserver la santé des populations, surtout que le danger est imminent. «Ce talweg nous empoisonne la vie. Il attire toutes sortes d’insectes, de reptiles, de rats et d’animaux errants en plus des odeurs pestilentielles, il est urgent de canaliser ses eaux», s’alarme-t-on.

L’état de l’environnement n’est pas meilleur

Le décor est actuellement inquiétant pourtant dans un endroit qui, jadis, était sublime. Autrefois, le calme y régnait et reposait l’esprit. Maintenant, dans ce bel endroit, qui se situe à l’entrée nord de Tizi n’Tléta, en quittant le chemin de wilaya Adila Mohamed N° 100, c’est l’innommable qui vous accueille ; une décharge sauvage envahissante, réduisant la chaussée en un sens unique, en plus des odeurs infectes et nauséabondes qui s’y dégagent, étouffant les plus solides. Nulle traversée n’est possible sans se boucher le nez. Les ordures de toutes natures foisonnent du côté comme de l’autre de la chaussée. C’est tout bonnement une agression des usagers de la route et des habitants et à la forêt de «Tizgui», qui continue d’être le refuge de plusieurs sortes d’animaux sauvages et qui recèle beaucoup d’arbres centenaires.

Cette forêt, qui constitue pourtant l’un des poumons de toute la région, est toujours menacée par une pollution généralisée et des incendies qui risqueraient de l’anéantir. Certes, le mouvement associatif et l’APC ont à plusieurs reprises essayé de l’éradiquer en organisant des opérations de nettoyage, mais l’endroit est jonché dès le lendemain de toutes sortes d’immondices. Plus loin, à l’intérieur du village, soit à Assamar ou à El Bour Bwekhrive, c’est également l’insalubrité. Les eaux usées se déversent dans les champs, générant une atmosphère des plus hideuses et repoussantes. Par ici, les réseaux d’assainissement ne sont pas prolongés jusqu’à l’oued ou encore à un bassin de décantation, puits filtrants ou station d’épuration.

Des endroits autrefois verdoyants transformés hélas en zone marécageuse à l’eau usée. Cela sans parler des fontaines publiques dont plusieurs sont polluées et hors d’usage à travers la commune de Tizi n’Tléta. L’unique satisfaction dans cette bourgade est le taux de raccordement au réseau du gaz naturel, qui est total. Concernant l’électricité, il demeure encore des quartiers entiers non branchés à cette énergie, cela sans parler des maisons éparses qui ne jouissent pas encore de cette commodité indispensable de nos jours. C’est dire que les responsables locaux, régionaux et nationaux ont beaucoup à faire pour améliorer le cadre de vie dans cette commune qui a été le berceau la proclamation de Novembre et qui a donné des centaines de chahids.

Reportage Hocine T.

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