De Belcourt à… Manhattan

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C’est incontestablement l’un des tournant historique de la lutte menée par le peuple algérien pour le recouvrement de son indépendance. La manifestation du 11 décembre 1960, dont l’Algérie fête, aujourd’hui, le 50e anniversaire, ont été pour beaucoup dans l’accélération du processus de Libération du pays.

L’histoire retiendra que la tournure très politique imprimée par le Front de Libération National aux événements qui ont suivi la répression de la manifestation pacifique du peuple a, stratégiquement, constitué une éclatante victoire pour la Révolution algérienne. C’est aussi une preuve de la formidable maturité politique qui a particularisé justement les élites de la même révolution qui, faut-il le rappeler, ont bien géré cette période importante du combat pour le recouvrement de l’Indépendance du pays. Ces événements ont été déterminants pour la suite, surtout qu’ils ont eu lieu dans un contexte très difficile pour la France, tant sur le plan interne qu’externe, du fait de l’intensification et la multiplication des campagnes revendiquant la fin de la colonisation.

En France, le contexte social très dure a favorisé l’émergence d’un courant très puissant qui demandait la fin de la colonisation en Algérie, du fait aussi des insupportable charges que supportait l’économie française. Charles De Gaulle qui a fait son come back au pouvoir en 1958, réfléchissait déjà à la meilleure manière d’isoler le FLN qui se posait, à travers le gouvernement provisoire (GPRA )comme l’incontournable représentant du peuple algérien, en opérant un changement dans le discours officiel de la France, en mettant sur tapis une nouvelle stratégie qui consiste à imposer une troisième voie qui viendrait supplier le FLN dans les négociations qui allaient suivre la proclamation d’une Algérie algérienne. Un nouveau concept «inventé «par De Gaulle, en remplacement de l’«Algérie Française», «balancé» par ce dernier, lors de son discours du 2 décembre 1960. Moins de dix jours plus tard, l’Algérie allait vivre des événements, certes, douloureux, mais qui marquèront à jamais l’attachement de tout un peuple à sa révolution, à ses représentants mais aussi au rêve d’un pays libre et indépendant. En visite le 9 décembre à Aïn Temouchent, De Gaulle, avait, en effet, pris le soin de baliser et préparer le terrain à sa nouvelle démarche qui consiste à lancer une troisième voie. Des manifestations de soutiens menées à sa démarche ont eu lieu le même jour,, le lendemain, ce sont les colons qui étaient contre le principe d’une « Algérie Algérienne « défendu par De Gaulle plaidant plutôt pour l’Algérie française, qui organiseront des manifestations de protestation. En réaction à ces deux manifestations, le peuple Algérien, réagira par le biais de manifestations pacifiques à travers toutes les villes du pays. Les témoignages font ainsi état d’imposantes manifestations à Alger notamment à la Place du 1er Mai (ex champs manœuvres), la rue Michelet, mais aussi à Belcourt, Salembier ; El Harrach et dans d’autres wilayas telles que Tipaza, Oran. Après plus d’une semaine de manifestations sanglantes puisque des centaines de victimes tomberont sous les balles assassines de l’armée française, il n’y avait plus l’ombre d’un doute quant à l’attachement du peuple algérien à sa souveraineté à ses représentants légitimes et surtout à leurs engagements dans la révolution. Ferhat Abbas, président du gouvernement provisoire à l’époque, fera un discours le 16 decembre, à partir d’Oran, dans lequel, il dénoncera l’atrocité de la réaction de la force coloniale. Les événements du 11 decembre 1960 seront ainsi pour beaucoup dans l’inscription de la question algérienne à l’ordre du jour des travaux de l’ONU mais aussi dans la reconnaissance du GPRA et du FLN comme seuls représentants du peuple algérien lors des négociations qui ont abouti à la proclamation de l’Indépendance un certain 5 juillet 1962.

A. Z.

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