La Kabylie se souvient

Partager

A l’occasion de double anniversaire du Printemps berbère 1980, et du Printemps noir 2001, la Kabylie toute entière s’apprête à marquer l’événement et à vivre cette journée au rythme d’activités

Plusieurs festivités sont programmées un peu partout pour commémorer ces événements marquants, considérés comme des tournant de l’histoire de la Kabylie. Cette journée du mercredi 20 avril ,sera célébrée à travers l’ensemble des daïras de la wilaya de Tizi-Ouzou, avec notamment, des galas artistiques qui seront animés par une pléiade d’artistes, et ce, à l’initiative de la Maison de la culture Mouloud Mammeri.

On citera parmi eux: Kheloui Lounes et Ahmed Zerrougui qui seront à Draâ Ben Khedda. Mouh Oubelaid et Karim Addar à Makouda. Ali Mezian, Mayless et Elmass vont monter sur scène à l’école primaire de Souammaâ à Mekla. Brahim Tayeb chantera, quant à lui, au centre culturel de la daïra de Ouadhias. Aux Ouacifs, par contre, un gala artistique est prévu avec Lani Rabah et Taleb Tahar. Par ailleurs, au foyer des jeunes de Tizi Gheniff, Ahcene Nath Zaim et Karim Khelfaoui sont attendus. Ouazib se produira, pour sa part, à Iboudrarene dans la daïra de Beni Yenni. A Larbaâ Nath Irathene, plus exactement à Taourirt Mokrane, Djaffer Aït Manguellet se produira sur scène. La daïra de Bouzeguene verra la participation des chanteurs Lyes et Samir Sadaoui. Djamel Allam et Guerbas ainsi que Taoues seront au rendez-vous à Azeffoun. Saïd Youcef, Ali Ideflawen, Siham Stiti et Malika se produiront au stade communal de Fréha dans la daïra d’Azazga. En plus de la musique, des expositions et des conférences sont également prévues dans ces daïras. Aït Yahia Moussa organise quant à elle, une finale des compétitions de dominos , ainsi qu’un tirage au sort de Tombola et animation musicale. Dans un autre contexte, la daïra de Fréha organise, et pour la même occasion, pleines de festivités sportives.

C’est ainsi que le stade communal de la région couvrira une compétition de deux catégories, à savoir Poussins et Benjamins. Ceci en plus des matchs de volley-ball au complexe sportif de proximité. C’est donc un riche programme qui sera offert à toute la population de Kabylie, afin de fêter le Printemps berbère, avec toutes ses composantes, et ce, afin que nul n’oublie. Mais au-delà de ces activités qui, il faut l’avouer, commencent d’année en année à se limiter à de simple festivités, ne dépassant guère le stade de la célébration rythmée, des festivités peignés d’une couleur folklorique, ou des expositions de robes kabyles, livres et coupures de journaux retraçant l’histoire de la Kabylie, et trônant un peu partout, que reste-il vraiment du printemps berbère ? Est il révolu le temps des revendications Amazighs ? Le but, auquel aspiraient ceux qui n’ont pas hésité une seconde à donner leur vie pour l’aboutissement des revendications d’antan, est-il définitivement atteint?

Les nouvelles générations connaissent-elles l’histoire de leur région et la vraie symbolique de cette journée ? C’est suite à l’interdiction de la conférence de Mouloud Mammeri sur les poèmes kabyles anciens, à l’université de Tizi Ouzou, que les événements du 20 avril 1980 ont éclaté. Les étudiants ont décidé d’occuper tous les espaces de la faculté de Tizi-ouzou. Et pour les déloger, les autorités ont mobilisé la force publique. Ainsi, le 20 avril, à deux heures du matin, les étudiants ont été surpris, dans leur sommeil, par une répression sans pareille des forces de sécurité. C’est le début d’un longue lancée de revendication identitaires et un long et douloureux chemin pour la reconnaissance de l’amazighité. Les revendications, bien que la reconnaissance de la langue berbère ait occupé la première place, portaient aussi sur la démocratie et la garantie des libertés pour tous les Algériens. Elles avaient une portée nationale et visaient à faire entrer toute l’Algérie dans une nouvelle ère. Célébrer cette journée est devenu depuis une tradition que nul ne rate, du moins dans la région. 31 ans après les choses n’ont pas changée et la Kabylie tient à affirmer qu’elle n’a pas oublié.

Par ailleurs, l’on se souvient encore du moment où le 20 du mois d’avril, en plus d’être une journée fériée pour toute la Kabylie, était bien chargée en émotion de remémoration. Mais aussi, une journée pendant laquelle des bilans étaient établis sur les acquis obtenus, en plus du chemin, bien sinueux, qui reste à parcourir. Un quinquagénaire se souvient qu’à Oued Aïssi, berceau des événements du Printemps berbère, cette journée était toujours marquée par la présence d’artistes engagés. Et ensemble, tous ces kabyles, étudiants, simples fonctionnaires, chanteurs… se remémoraient le 20 avril qui a secoué la région et le pays entier. Les écoles se ferment, les commerçants baissaient rideaux, et toute activité se trouve paralysée pour l’occasion.  » ça avait son charme, tout le monde s’investissait dans les préparatifs qui commençaient des semaines à l’avance. Le secret par lequel tous s’organisaient,et la peur d’être surpris en pleine célébration par les autorités… Célébrer l’anniversaire de notre Printemps était un combat en lui-même. Même les chanteurs qui y participaient, venaient pour nous motiver avec leurs chansons engagées à continuer le combat quant à notre existence et celle de notre identité culture et langue « . De grands noms se succédaient sur scène, à limage de Matoub lounes, Farhat Imazighen Imoula, Ait Menguelet. Ceci, en plus de la marche gigantesque qui voyait affluer des milliers de participants, ou tous donnaient libre cours à leur soif de liberté en scandant des hymnes anti-pouvoir tel  » Pouvoir assassin « , ou l’éternel  » Anarez ouala anaknou « . Aujourd’hui, et malgré les conquêtes obtenues, un autre problème est posé celui d’éviter la déperdition de l’identité Amazighe. A commencer par la langue elle-même.

d’autre part, la célébration du Printemps berbère à su préserver l’unique empreinte qui lui était propre, celle de réunir tous les Amazigh pendant une seule et même journée, au- delà des intendances, des penchants idéologiques, des appartenances partisanes, et ce autour du même but, celui de se remémorer et dire qu’ils sont toujours là.

Tassadit Ch.

Partager