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Comment débrider l’investissement ?

Depuis le début de la crise économique, due essentiellement à la chute des prix du pétrole sur le marché mondial, le gouvernement tente de mettre le cap sur l’investissement privé pour améliorer la santé de l’économie nationale. Des instructions ont été données aux administrations de wilaya pour encourager et accompagner les investisseurs privés, vus enfin comme des créateurs de richesses et d’emplois.

À Tizi-Ouzou, le secteur est très en retard et de nombreux investisseurs ont quitté la wilaya non seulement pour le climat ayant prévalu pendant des années, mais aussi à cause de l’indisponibilité du foncier industriel et des lenteurs administratives.

Présentement, la wilaya de Tizi-Ouzou totalise 16 zones d’activité, dont la plupart sont inopérantes, ayant besoin de travaux de viabilisation et de réhabilitation. Du coup, les investisseurs peinent à lancer leurs projets. Depuis 2017 et jusqu’à fin janvier 2018, 1 133 dossiers d’investissement ont été enregistrés au niveau de la wilaya.

Parmi ce nombre colossal, seuls 35 projets sont en réalisation, soit un maigre taux de 3,2% ! Concernant l’assainissement du foncier industriel, 51 lots d’une superficie de 112,2 hectares ont été récupérés, en plus d’un actif résiduel de 6 lots de 113,2 hectares. Ces chiffres concernent la période allant de janvier 2017 à janvier 2018.

A présent, la demande est sans doute plus importante, mais la concrétisation attend malgré «l’amélioration des procédures de livraison des actes de concession», selon l’ex-directeur de l’industrie et des mines, ayant révélé la délivrance de plus de 150 actes de concession en 2017, contre 39 seulement en 2016.

Concernant la création de nouvelles zones d’activité, qui bute toujours sur plusieurs contraintes, il est question de deux parcs industriels, à savoir celui de Souamaa et celui de Draâ El-Mizan/Tizi Ghenif. Concernant les terrains d’assiette, rien n’est encore fait. Les investisseurs et les demandeurs d’emploi croisent les doigts en attendant la concrétisation de ces deux parcs.

La zone de Souamaa en attente de concrétisation depuis 7 ans

La zone de Soumaa, un projet d’utilité publique, a été créée par décret exécutif daté d’avril 2011. Cette zone, forte de 358 hectares, peut créer 150 000 emplois directs sans parler du dynamisme économique qu’elle donnera à la wilaya et aux wilayas avoisinantes si les oppositions entravant le projet sont levées.

Les exploitants et les occupants terriens réclament leur indemnisation, se référant à un jugement rendu en leur faveur en 1895. La direction des domaines ne voit pas la chose de cette manière et revendique la propriété du terrain, selon un sénatus-consulte remontant à 1863, en plus du versement de ces mêmes terres au programme FNRA (fonds national de la révolution agraire), en 1977.

Même si les exploitants terriens ne sont pas contre l’implantation de cette zone, ils exigent, cependant, leur indemnisation, pendant que les services des domaines campent sur leur position. Un blocage que qualifiera un des plus célèbres artistes kabyle de «morve dans la flute». Le bras de fer est enclenché et la zone industrielle, qui peut apporter le développement escompté par l’investissement à la wilaya et à toute la région, est tout bonnement en stand-by.

L’Assemblée populaire de la wilaya de Tizi-Ouzou, consciente de l’importance de l’investissement, a pris les devants depuis plusieurs années, pour trouver un terrain d’entente entre l’administration et les occupants terriens, en vain. Un comité d’avocat a été même mis en place pour se pencher sur le dossier. Des propositions ont été faites, mais, à ce jour, le bout du tunnel semble être encore loin.

La commission de l’investissement de l’APW a effectué plusieurs rencontres et sorties sur le terrain, pour ouvrir un dialogue entre les différentes parties. Là encore, sans résultat. Aujourd’hui, l’APW de Tizi-Ouzou revient sur ce grand dossier, en consacrant une session extraordinaire pour débattre de l’avenir de cette zone et exiger de l’administration la nécessité de concrétiser ce parc industriel que toute une population attend.

Hocine T.

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