Par Hamou Boumedine
Nous vivons une période inédite, et en suivant l’évolution de l’épidémie du coronavirus, il y a lieu de prendre des mesures exceptionnelles pour y faire face. Le confinement qui a été adopté comme mesure première en Chine a montré son efficacité, même s’il est trop tôt pour tirer des conclusions définitives. Maintenant que les voix qui avaient appelé à continuer les marches se sont émoussées face à la réaction lucide et responsable de la majorité de la population, on peut se libérer de la polémique stérile et commencer à se focaliser sur les actions pratiques à engager pour réduire les risques de contamination. Les épidémiologistes sont objectivement les personnes les mieux habilitées à suggérer ce qui doit être fait.
Néanmoins, puisque cette crise ne figure pas dans les cas d’école, il est opportun d’ouvrir un débat large et profond sur cette crise sanitaire pour optimiser les moyens humains et matériels existants et les mettre en œuvre. Comme dans toute gestion de risques, la première chose est d’imaginer une série de scénarios en partant du risque minimal vers le risque maximal. À chaque niveau de risque doit correspondre une démarche adaptée. Car, même s’il est nécessaire de rappeler sans cesse les recommandations d’hygiène, est-il efficace de nettoyer les routes, les murs ? N’est-il pas opportun de rediriger ses efforts, louables par ailleurs, vers d’autres gestes plus efficients ? Comme on peut se poser la question de voir les citoyens porter des masques et des gants dans la rue, alors que ces équipements sont plus utiles dans les milieux hospitaliers, tout comme dans les services publics qui sont en contact avec les personnes.
L’état des lieux des infrastructures médicales est tel que celles-ci ne peuvent pas prendre en charge beaucoup de malades en soins intensifs, et considérant le caractère pandémique du coronavirus, même si l’État venait à faire une commande exceptionnelle, il est quasi certain qu’il lui est impossible de s’en procurer dans le marché international. C’est en toute logique qu’il est illusoire de se mettre au niveau des standards internationaux du jour au lendemain. Ce qui nous amène à dire que le seul axe sur lequel il faut intervenir, c’est la prévention.
1- Gestion de l’information
Les fake news, depuis le début de la crise, ont pullulé dans les réseaux sociaux: qui d’un remède miracle qui perturbe la vigilance des citoyens, qui d’une théorie complotiste qui laisse entendre que nous sommes de simples dommages collatéraux d’une guerre bactériologique entre les puissances du monde. Ajouter à cela les faits d’annonces de décès, de contamination sans que ne soit citée aucune source d’information. Ce qu’on ne doit pas oublier c’est qu’en cas d’épidémie généralisée la rumeur va être un facteur aggravant et causera à elle seule son lot de malades et de décès. Aussi, il est recommandé à tout un chacun de s’en tenir aux informations sourcées. Par ailleurs, il faut noter que le stress lié au confinement est aggravé quand le débat est pollué par de fausses informations.
2- Gestion de cellules de crise
Souvent, les cellules de crise installées au niveau wilayal restent confinées dans une démarche bureaucratique qui consiste à rassembler les représentants des directions de wilaya et ceux des services publics. Le caractère centralisé de l’État algérien fait que ces cellules sont dépourvues de toute possibilité d’initiative. Les élus, qui ont un rapport direct avec les populations ne sont associées que lorsque les situations atteignent des niveaux alarmants. Devant la gravité de la situation, ces cellules de crise doivent être érigées en Organes de lutte contre l’épidémie du coronavirus, avec un plan d’action élaboré conjointement par les élus et l’administration, en association avec les professionnels de la santé et toutes les personnes connues pour leur expertise ou leur expérience dans la gestion des crises.
Nous avons vu comment des patrons d’entreprises privées ont montré leur disponibilité à apporter leur concours, et certains hôteliers sont allés jusqu’à proposer de mettre leur établissement à la disposition de la direction de la santé. Des décisions simples peuvent être prises pour aider au confinement : Surseoir à tout paiement, dans les délais, des factures d’électricité, d’eau, de téléphonie ; Action de sensibilisation des citoyens pour différer tout événement festif familial. Comme il est indiqué que les veillées funèbres et les enterrements soient organisés dans une atmosphère sobre en évitant le rituel habituel de présentation des condoléances par embrassades. Les comités de villages ont un rôle de première importance pour l’application des consignes de protection. L’obligation morale de se présenter aux funérailles doit être levée pour les personnes âgées et vulnérables.
3- Protéger notre personnel de santé
En première ligne dans la lutte contre l’épidémie, le personnel de santé (médecins, paramédicaux, ambulanciers) doit être protégé et soutenu matériellement et moralement. Comment le faire? D’abord, n’aller en consultation qu’en cas de nécessité absolue et avec un masque qu’il faut essayer de se procurer. Ensuite, il faut que les pouvoirs publics dégagent une nouvelle carte sanitaire en spécialisant un centre de santé ou une polyclinique où ne seront admises que les personnes présentant les signes cliniques associés au coronavirus. C’est pour ces centres qu’il faut mobiliser les meilleurs moyens de protections : masques et combinaisons. Comme, il y a lieu de préparer une infrastructure d’appui (par un exemple un CEM, ou une école en préparant les lits adaptés…)
4- Solidarité collective
Comme nous le savons tous, dans des situations de crise, les plus démunis souffrent plus que les autres. Les augmentations des prix des denrées alimentaires ces derniers jours sont là pour le vérifier. Aussi, il est important que, dans cette phase cruciale, l’entraide soit effective sur le terrain social. En définitive, il s’agit pour tout un chacun de considérer que cette maladie est, pour une fois dans l’Histoire, un défi de santé, comme elle est un défi dans l’avènement de nouveaux comportement sociaux. L’humanité a reçu le premier avertissement sérieux pour sa pérennité par dame nature.
H. B.