Un village à la dérive

Partager

Notre village vit depuis plusieurs années un cauchemar éveillé. Un cauchemar à la fois prévisible et prémédité. Tous nos concitoyens s’accordent à établir un tel constat. La situation s’est vertigineusement dégradée au gré des années et des fléaux. La délinquance a plongé le village dans une spirale de décadence et d’effroi. On ne compte plus les vols fréquemment perpétrés, parfois suivis d’agressions… et de meurtres. Da Mohand El Hocine, Na Skoura et Na Ouzna sont encore dans nos mémoires. L’effronterie de ces délinquants notoires et notre lâcheté, à nous tous, ont permis à la terreur d’atteindre son paroxysme avec le spectaculaire carnage du 14 avril dernier. Deux personnes froidement abattues, une troisième grièvement blessée et un pactole bien conséquent subtilité au nez et à la barbe du village.

Parfois accompagnés de leurs acolytes étrangers aux faces patibulaires et au “pedigrée“ effroyable, ces délinquants récidivistes multiplient leurs exactions en bombant le torse et narguant la population. Leur impunité les réconforte au fil des agressions et des vols dans leur statut de voyous invétérés. Assurément, d’aucuns bénéficient de la protection indéfectible de proches épaulés pour écumer de jour comme de nuit toute la région. Incontestablement, la psychose qui règne ces semaines-ci au village est insupportable. Les esprits sont aux abois tant le menace d’un vol ou d’une agression, voire d’un enlèvement est omniprésente. Aux aguets, l’islamisme végète tel un appendice en marge de ce chaos qui perdure. Les kamis, les tchadors, les barbes hirsutes et les khols pour morts prolifèrent, ternissent le paysage et travestissent notre identité. Nous déplorons tous les dérives de ces jeunes en mal de repères qui se laissent séduire et appâter par le prosélytisme religieux et par les sirènes de l’intégrisme. Allons-nous alors attendre qu’une incursion terroriste survienne pour nous prendre en charge, après cette attaque machiavéliquement préparée par des bandits ?

Devons-nous courber l’échine, nous enfermer à double tour chez nous en attendant que cela nous concerne individuellement ? Devons-nous fermer les yeux, nous voiler la face et nous emmurer dans notre silence lâche, et donc complice ?

Non ! Nous ne pouvons plus tolérer une telle situation imposée par une meute de voyous. Non ! Nous ne pouvons pas pardonner le sang d’Idir, de Mohamed et des autres alors que les auteurs potentiels errent, vaquent et narguent, non sans arrogance, la dignité et l’honneur de tout un village.

Non ! Nous ne pouvons plus accepter cette atmosphère d’insécurité qui favorise la vente et la consommation de la drogue, et l’ouverture des débits de boissons alcoolisées sous les yeux hagards de nos enfants et de nos femmes. Non ! Nous ne pouvons plus faire semblant de ne rien voir et de ne pas être concernés. Citoyens de Taguemount-Azouz, organisons-nous pour recouvrer notre fierté et notre dignité qui se trouvent grossièrement piétinées, souillées. Faisons en sorte que nos enfants et nos petits-enfants grandissent dans la sécurité et dans un environnement sain. Faisons barrage à la délinquance, au banditisme, à la débauche et à l’intégrisme.

Il est temps de redorer l’image exemplaire du village. Nous appelons tous nos concitoyens à une union effective pour mettre concrètement fin à cette atmosphère insoutenable et inacceptable. Nous sommes tous responsables et donc tous concernés, c’est ensemble que nous reconquerrons notre dignité.

Un groupe de villageois

Partager