Le dramaturge Omar Fetmouche honoré par les siens

Partager

A l’initiative de l’association culturelle Tighri N‘Ath Haoualhadj d’Aït Yahia Moussa, de l’association Amzgun N‘Djedjer d’Ath Bouaddou et du village de Tafoughalt, le dramaturge et directeur du Théâtre régional de Béjaïa, Omar Fetmouche, a été chaleureusement accueilli dans sa région.

Pour cet événement, unique en son genre dans cette contrée, un programme riche et varié a été concocté aussi bien par les organisateurs que par le directeur du Théâtre Kateb Yacine de Tizi-Ouzou, M. Smail Ameyar. Avant-hier, le dramaturge a été d’abord reçu au siège de l’APC d’Aït Yahia Moussa où une grande foule l’attendait, avant qu’il ne soit accueilli par les enfants de la troupe théâtrale de l’association Taneflit N‘Tmazight de Draâ El Mizan, qui tenaient des pancartes sur lesquelles étaient inscrites les titres des oeuvres artistiques de l’auteur et de ses adaptations, notamment Le fleuve détourné de Rachid Mimouni, Les vigiles de Tahar Djaout. Les jeunes acteurs lui ont offert des fleurs avant de laisser place aux prises de paroles. Très ému, Omar Fetmouche écoutait attentivement l’intervention d’un membre de l’association Thighri. “Vous vous trouvez actuellement sur un lieu historique. C’était la résidence du Caïd Dahmoune. Dans deux jours, nous serons le 25 décembre et ce sera le 64e anniversaire du premier acte de rébellion contre l’ordre colonial mené par Krim Belkacem et six autres militants nationalistes de la région pour dénoncer la falsification des élections. D’ailleurs, c’est à partir de ce jour là le 25 décembre 1947, que ces héros ont rejoint les maquis. En dépit des arrestations, Krim Belkacem avait appelé toute la population à se rendre à Draâ El Mizan pour exiger la libération des personnes arrêtées», dira M. Seddiki Mohamed. Et de s’adresser directement à l’enfant de Tafouhalt : “soyez le  bien venu dans votre région”. De son côté Smaïl Ameyar  a dressé le portrait glorieux de Omar Fetmouche, qui a tant donné et continue à le faire pour la promotion de la création théâtrale. C’est à ce moment que la troupe Numidia d’Oran entre en scène pour présenter l’une de ses pièces. Personne n’a retenu ses larmes devant cette interprétation dont la symbolique est immense. Dans son bureau, le maire d’Aït Yahia Moussa a ensuite reçu tous les invités. “Au nom de toute la population, au nom de l’assemblée, je remercie tous ceux qui ont contribué à la réussite de cet événement dans notre commune. Quant à vous, M. Fetmouche, vous n’êtes pas seulement invité puisque vous êtes chez vous. Je souhaite vous voir revenir souvent parmi les votres “, a souligné M. Rabah Menguellet en sa qualité deP/APC. Sur ce, la file de voitures a pris la route vers le village d’origine de Omar Fetmouche, Tafoughalt, distant de douze kilomètres du chef-lieu, où la fête allait se poursuivre. Avant l’arrivée de cette procession humaine au centre du village où est érigé le Mémorial des 19 Zaouias d’Iflissen, un haut lieu de l’histoire du village, les villageois et une troupe d’Idhaballen attendaient le retour de l’enfant prodige. A son arrivée au niveau de cette place, des femmes sont sorties et, à leur manière, lui ont réservé un accueil chaleureux en lançant des youyous. Entouré des organisateurs, le dramaturge découvre des visages qu’il n’a jamais vus, lui qui est né à Bordj Menaïel, car son père avait quitté le village au début des années 40 à la recherche d’un travail. Omar Fetmouche et la délégation qui l’accompagnait dans ce “pèlerinage“ apprécient cette hospitalité des humbles villageois et des membres de sa famille. C’est l’un des ses oncles, M. Fetmouche Saïd, qui l’embrasse le premier, et leur étreinte dure quelques minutes avant que leurs larmes ne se confondent. Ce sont des retrouvailles indescriptibles. Aâmmi Saïd lui offre un burnous blanc et Omar, très émotif, ne retient pas ses larmes, avant de regarder toute cette foule qui l’entourait. Ce sont, en tout cas, des moments qui resteront gravés dans sa mémoire parce que c’est la première fois qu’il voit le village de ses ancêtres et c’est, désormais le point de départ pour renouer les contacts avec les siens. L’autre lieu incontournable dont a été convié l’artiste est le carré des martyrs lieu de la “Bataille du 14 mars 1955», où reposent les cent cinquante six martyrs du village. Les organisateurs lui font alors la visite avant de se recueillir sur les tombes des membres de sa famille. Puis c’est vers l’école primaire Frères Salemkour que la délégation s’est dirigée et où un autre programme a été mis en place. En plus de l’exposition de coupures de journaux relatant le parcours de Omar Fetmouche, il y a eu des projections vidéo de ses créations théâtrales. Mais ce qu’il y a lieu de souligner, ce sont toutes les interventions aussi émotives les unes que les autres. Omar Fetmouche a été honoré d’une manière particulière par les siens.

Il rentrera chez lui tout content et fier surtout du fait d’être reconnu par les siens, promettant de reveniren d’autres occasions et de faire en sorte à devenir le parrain des troupes théâtrales de sa région. “Nous allons vous donner tous les moyens pour vous former. Vous serez les porte-flambeaux de cet art dans la région», a-t-il d’ailleurs dit aux enfants de la troupe théâtrale de l’association culturelle Taneflit n’Tmazight, qui s’est distinguée en remportant trois fois la première place du concours organisé par l’ODEJ de Tizi-Ouzou à l’intention des maisons de jeunes et des associations.

Enfin, l’originalité dans cet événement est, sans doute, le couscous aux fèves vertes qu’on appelle dans la région “laghmoud», avec du lait caillé dégusté à la fin de la cérémonie.

Amar Ouramdane

Partager