Le demi-frère et son frère

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1re partie

«Amachahou rebbi ats iselhou Ats ighzif anechth ousarou» (Ecoutez, que je vous conte une histoire, Dieu fasse qu’elle soit belle, longue et se déroule comme un long fil).

Certains parents disent qu’ils aiment tous leurs enfants de la même façon. D’après ce conte du terroir, il y a des cas où ce n’est évident, voyons ensemble ce cas. Autrefois, vivaient dans une contrée très éloignée une jeune et belle veuve et son petit. Depuis la mort tragique de son mari, elle subvient seule aux besoins de sa petite famille. Un jour, en allant chercher du bois dans la forêt, la veuve faillit marcher sur un serpent, qui est en fait un homme métamorphosé en reptile.Dès qu’il la voit, il est subjugué par sa beauté, reprenant son enveloppe humaine, il lui dit : “Veux-tu m’épouser ?— Elle accepte la proposition et exige, pour son acceptation, la condition qu’il lui jure solennellement que son petit, né d’un premier mari, soit considéré comme son propre fils. Une fois qu’il a juré, le mariage est conclu.”Quelques années plus tard, le nouveau couple formé, l’ancienne veuve tombe enceinte et donne naissance à un enfant prénommé Massmamda. En quelques années, le garçon devient un jeune garçon remarquable, contrairement à son demi-frère, issu d’un autre père, il est rusé, et doté d’une ouïe aussi fine que celle de son père, le serpent. Il entend tout ce qui se dit même très loin de lui.Très attentionné envers sa mère, cette dernière l’aime plus que son demi-frère, qu’elle commence à détester jusqu’à vouloir s’en débarrasser.Un jour, elle dit à son mari :“— Vghigh ats enghedh Memmi. (Je veux que tu tues mon fils aîné !)Le mari interloqué lui dit :— “Fkigham lâhd’ assenni Ourt-th neqagh assagi ! (Je t’ai donné ma parole l’autre jour, je ne peux le tuer aujourd’hui !)Mais c’était sans compter sur l’acharnement de la mère à vouloir le tuer. Elle tarabuste son mari, jusqu’à lui faire accepter sa macabre idée. Excédé, il lui dit courroné :— “Segmi Thevghidh ath enghagh Emliyi-d amek ad’ khed’magh ! (Puisque tu veux le tuer, dis-moi comment procéder !)La femme lui dit, contente cette fois-ci.- Oughal d’-izrem Efar d’eg’ k’oufi g-ih’vouven Mi-d youssa ad’ iddem Eq sith d’eg fassen ! (Transforme-toi en serpent. Cache-toi dans le silo à figues. Dès qu’il viendra en prendre mords-le à la main !)Malheureusement pour la mère acharnée à perdre son aîné, ce qu’elle a dit à son mari a été entendu par Massmamda. Ce dernier aime profondément son demi-frère et veut le sauver d’une mort programmée.Dès qu’il rentre des champs avec son demi-frère, il se précipite le premier à la maison et se dirige vers l’a’koufi (silo) pour prendre des figues. Trouvant son père dedans, il lui dit : — “Achou thkhedmedh d’agi a vava ! (Que fais-tu là dedans papa !)Pour sauver la face, le père lui répond :— “Vghigh ad’ tchagh inighman oussigh-d ad’ farnagh ouigad’ ilhan (J’ai envie de manger des figues. J’ai voulu choisir les meilleures !).Massmamda n’est pas dupe, mais ne dit rien à son père. Après l’échec du complot ourdi, la mère est furieuse contre son mari. Elle le prend en aparté et lui dit :“— Je veux que tu le tues aujourd’hui ! — Mais je ne sais pas comment faire !— Tu vas procéder ainsi : tu vas te métamorphoser et te glisser dans le capuchon de son burnous, dès qu’il le mettra, tu le mordras !”

Benrejdal Lounès(A suivre)

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