Accueil Culture Un artiste peintre au bord du gouffre

Aimene Nacer : En dépit d’une carte de visite assez étoffée : Un artiste peintre au bord du gouffre

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Pour sa survie, il a du se résigner à subir toutes les misères du mondes, comme celle de se faire recruter par les services des ponts et chaussées, pour un contrat de trois mois, au cours desquels il a dû peindre les plaques de signalisation, les bornes kilométriques, et nettoyer les fossés.

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Réduit à une vie végétative dans son patelin, à M’chedallah, où il vit en symbiose avec son environnement social grâce à sa réputation et au respect qui lui sont dus à juste titre vu son statut d’artiste peintre connu dont les tableaux sont accrochés partout dans les établissements publics, tels que les APC, les établissement scolaires, les cimetières de chouhada, Nacer Aimene souffre de sa situation de chômeur qui ne lui permet pas, ni de se livrer à sa passion, la peinture, ni de vivre dignement à l’âge de 50 ans, avec sa famille et ses 4 enfants. Pour sa survie, il a du se résigner à subir toutes les misères du mondes, comme celle de se faire recruter par les services des ponts et chaussées, pour un contrat de trois mois, au cours desquels il a du peindre les plaques de signalisation, les bornes kilométriques, et nettoyer les fossés. Le reste du temps, il accepte toutes les offres des particuliers comme des travaux de décoration des magasins, ou des commandes des institutions publiques pour la confection de tableaux, moyennant des sommes modiques. Même ses différentes expositions à l’occasion des activités culturelles pour lesquelles il est invité par les institutions culturelles, lui coûtent du temps et de l’argent, sans lui rapporter le moindre bénéfice. Pour sa participation à une exposition à El Bayedh, organisée par la direction de la culture de BOUIRA, l’aide financière de 10.000,00 DA qui devait lui être versée, ne lui a pas été réglée à ce jour. Sl «les hommes ne veulent pas aller au paradis le ventre creux», pour reprendre la célèbre maxime, il serait aussi juste d’affirmer que les artistes, non plus, ne peuvent ni peindre ni avoir de l’inspiration ,quand ils ne peuvent même pas garantir une bouchée de pain à leurs enfants. Aussi, notre artiste, a-t-il besoin d’une main secourable de la part des autorités en charge de la culture comme un emploi dans une structure relevant de leur département, où il pourrait jouir d’un revenu et renouer avec son art, très apprécié par ailleurs pour son esthétique et son contenu thématique. ‘’Des preuves ?’’ En voilà nous dit Nacer en nous tendant son classeur contenant ses travaux, les articles de presse qui lui ont été consacrés, la liste de ses différentes expositions à travers le territoire national. Son palmarès pourtant parle pour lui : avec son certificat d’études primaires, Nacer s’est découvert le don de la peinture à l’âge de sept ans et faute de n’avoir pu se faire accepter à l’école des Beaux Arts pour étoffer sa formation, il s’est accroché par ses propres moyens, en se donnant une large culture artistique qui transparaît dans notre discussion où les écoles, telles l’expressionnisme, le réalisme, le surréalisme, le fauvisme, le cubisme, l’impressionnisme n’ont plus de secret pour notre interlocuteur, dont le nom est répertorié parmi les artistes Algériens. Un tel statut n’est nullement usurpé et constitue un juste couronnement à sa production et ses activités à travers notamment ses participations, aux expositions ,dont toute une liste nous est proposée : Tizi Ouzou, en 1989, 1991, 1993 et 1995 ; Alger, à la salle El Mouggar et au Palais de la Culture, en 1991 ; Annaba, El Kala, 1987, à l’occasion du festival des arts plastiques ; Skikda, en 1994, où il a obtenu le 3eme prix ; Setif, en 2001 ; Beni Yeni, en Kabylie, en hommage à Mouloud Mammeri ; Ben Aknoun, en 2000, à l’occasion de la semaine de l’Amazighite ; Alger en 1992, au 40eme jour de l’assassinat de BOUDIAF, sont parmi les villes qui ont accueilli ses tableaux qui ne laissent personne indifférent. D’autant plus que ses œuvres comportent une thématique mêlée à l’histoire lointaine et récente du pays : (Kahina, Massinissa), (Boudiaf, Matoub, Mameri, Abane, les scènes de la guerre de libération, du terrorisme), la femme, l’école,l’environnement, les libertés. Mais, l’argent étant le nerf de la guerre, Nacer se retrouve empêché de poursuivre son aventure, car, pour produire, il doit être en mesure de financer ses matériaux et pouvoir vendre sa production. Mêmes les institutions publiques locales n’ont plus le souci de l’embellissement de l’environnement urbain, pour pouvoir espérer leurs commandes. En plus, parler du marché de l’art dans une ville où la culture artistique est quasiment nulle, frise le ridicule. Alors, peut-on espérer pour notre artiste un meilleur sort avec l’aide que pourraient apporter les responsables de la culture ? L’appel est lancé

Mohand Meghellet

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