Accueil Culture De l’apparition de l’école française en Kabylie

Au cahier culturel Des dits de Chikh Mohand : De l’apparition de l’école française en Kabylie

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Par Abdennour Abdesselam:

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Du temps du Chikh, il y avait en Kabylie l’école laïque. Tout près de son lieu de vocation, à moins de trois kilomètres, précisément à Aït Hichem, était construite vers 1878, une des toutes premières écoles coloniales dans la région. Le village d’Aït Hichem a été choisi par l’administrateur de part sa position centrale. Il était équidistant des villages formant l’Arch d’At Yahya (Boudafal, At Mlal, Igoures, At Ziri, At Haroun, At Boutetchour, Taqa, Igoufaf, Tafraout, Koukou, Abdou, Takana, etc.) Fadma At Mensour, mère de jean et de Taous Amrouche, fréquentera cette école et témoignera de cet événement dans son ouvrage intitulé : «Histoire de ma vie». Une fois la décision arrêtée par l’administrateur, l’amin du village d’Aït Hichem ira prendre conseil auprès du Chikh. Chikh Mohand ne s’est pas opposé à l’existence de ces écoles. Bien au contraire, il donnera son assentiment et apportera toutes ses faveurs à une telle entreprise. Il lui dira : «Lakul urumi d nnfaâ degs a d-nenfaâ» (l’école française est utile on en tirera profit). Chikh Mohand exprime ici une forme d’espérance à une évolution indispensable, fusse-t-elle imposée. Il avait conscience qu’il manquait à la société kabyle cette touche urgente et nécessaire à la réalisation de l’harmonie qu’il fallait établir entre notre civilisation par le verbe et l’utile et complémentaire apport du savoir scientifique par l’école. Lorsqu’on demanda au Chikh Mohand de savoir si l’école des Français n’entamerait pas le verbe kabyle, il répondra par ce distique qui dévoilera encore davantage le souci qu’avait le Chikh de l’acquisition nécessaire du plus grand nombre de connaissances. Il dira : «Hfedh-itent akw negh edj-itent akw» (Le savoir est un tout indivisible). Ce dire deviendra proverbial. Pour le Chikh la rencontre des deux langues, le kabyle et le français (ou toute autre d’ailleurs), ne signifie pas dualité ou choc. Il voit en cette rencontre linguistique l’utile confrontation des idées qui impulse de l’évolution, du relief et de l’épaisseur à la pensée. Ce couplage complémentaire et possible des deux langues (le kabyle et le français) s’avérera très bénéfique pour la région. Nous avons déjà traité de la capacité intellectuelle du Chikh à établir une harmonie entre la foi et la raison. Voilà pourquoi l’amoussnaw, disait Mammeri, c’est celui qui est «capable non seulement de mettre en pratique le code admis, mais de l’adapter, de le modifier, voir de le «révolutionner».

A. A. ([email protected])

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