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Béjaïa Malik el Madina, la nouvelle production du Théâtre régional : Une parole libératrice

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Malik el Madina est la nouvelle production du théâtre régional de Béjaïa.

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Une adaptation libre du texte du syrien Tallal Nacerdine, initialement intitulé «dik el mazabil». Un ex-enseignant d’histoire, en rupture d’équilibre avec le monde qui l’entoure fait table rase de toute illusion, il choisit d’installer son QG dans une espèce de décharge publique. Dans cet «Olympe des Infortunes», il coule des jours …sans problèmes, avec des livres, beaucoup de livres, pour seuls compagnons et des bouteilles de vin en abondance !

Le personnage du fou, décrété comme tel par l’ordre établi, se complait dans sa réclusion, puisqu’enfin libre de ses «propos», faits et gestes …Autoproclamé roi, il règne en maître sur le monde…animalier et sur la flore.

Boualem Zeblah, qui campe le personnage du fou dont la sagesse est pourtant reconnue de tous, répète tel un leitmotiv : «Ce n’est pas une décharge publique, c’est un cimetière».

C’est par là qu’il décrète la mort de l’Humanité. L’homme révolté laisse ainsi place à l’homme résigné les mutations socio-économiques ont fini par avoir raison de lui. De ses questionnements ontologiques se dégage une conscience de soi qui le fait renoncer à sa foi en l’humain, jusqu’à ce qu’il rencontre Mohamed (Mohamed Lefkir), un autre «paumé» préposé au suicide, après un échec sentimental. Feignant un désintérêt pour le jeune désespéré l’enseignant se découvrant une vocation de psychologue, incite le jeune à la parole, brocarde et fustige son «patient».

L’histoire de celui-ci semble cousue de fil blanc, mais l’enseignant-thérapeute ne lâche pas prise, et fait tout pour «cuisiner» son «invité». Parole libératrice, rempart contre la folie de l’un et l’angoisse de l’autre, les mots endiguent la fragilité de Mohamed qui laisse défiler le film de sa vie, devant un spectateur attentif et un public retrouvant son reflet dans ce récit truculent.

Le metteur en scène Abdelaziz Hammachi dira à propos de cette pièce : «On n’a pas voulu faire ni dans la symbolique ni dans le réel, c’est plutôt du suggestif. Le comédien est plus important que le reste. La situation est dictée par le texte, c’est une pièce qui interpelle l’être humain dans toute sa profondeur, on mêle le tragique et le comique ce qui est communément appelé le drama moderne, rires et larmes se mêlent … »

Nabila Guemghar

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