La maison Iguerbouchène classée patrimoine national ?

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La direction de la culture de la wilaya de Tizi-Ouzou veut classer la maison natale du musicologue Mohammed Iguerbouchene patrimoine national. 

Pour ce faire, elle dit avoir ficeler un dossier dans cette optique. C’est ce qui ressort d’un communiqué émanant de cette direction, parvenu hier à notre rédaction. La direction de la culture attend, cependant, l’autorisation de la famille du défunt pour aller de l’avant et accélérer la procédure. D’ailleurs, ladite direction, lit-on dans le même document, lance un appel à sa famille, sollicitant une autorisation pour concrétiser ce projet qui rentre dans le cadre, précise la même institution, de la préservation et de la mise en valeur du patrimoine culturel de la région. Mohamed Iguerbouchene est né le 13 novembre 1907 à Ait Ouchene, dans la commune d’Aghribs, dans la wilaya de Tizi-Ouzou. Il a commencé ses études à Aghirbs, avant de partir à Alger où sa famille s’est installée. Dès son jeune âge, on décèle en lui ce talent d’artiste et de musicien. En plus de la flûte, Iguerbouchene a appris vite à jouer du piano et à assimiler le solfège. Ce talent, Mohammed Iguerbouchene finira par le développer grâce au comte écossais Fraser Ross, avec lequel la famille Iguerbouchene noua une relation. Celui-ci tenait un commerce mitoyen à la demeure de la famille. Ce dernier, séduit par le talent du jeune Mohand, alors âgé de 15 ans, décida de l’aider à perfectionner sa formation. C’est ainsi que Fraser Ross conduira Mohamed Iguerbouchène à Manchester, en Angleterre, où il intègre le «Royal Northern College of Music» en 1922. Avant d’intégrer la prestigieuse Royal Academy of Music, où le professeur Livinngson l’aide à améliorer ses connaissances en musique. Mohammed Iguerbouchene entre en 1924 au Conservatoire supérieur de Vienne où il a suivi les cours du rénovateur de la musique classique autrichienne.  En 1925, à 18 ans à peine, il offrira son premier concert à Bregenz sur le lac de Constance. Il fait étalage de son talent en enchaînant les œuvres de son propre répertoire comme Rapsodie Kabilia et Arabic rapsodie. A cette occasion, il obtient le premier prix de composition d’harmonie et contrepoint, ainsi que le premier prix d’instrumentation et de piano. En 1934, après plusieurs symphonies à succès, Mohand Iguerbouchène est admis à la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique (SACEM) comme auteur-compositeur et, dans la même année, comme membre de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD).  Mohand Iguerbouchène se détache un peu de la musique symphonique et tend vers le cinéma. Après quelques documentaires (Aziza) et un court métrage (Dzaïr), Julien Duvivier lui propose de collaborer à la bande son de «Pépé le Moko», un film dont le rôle principal est joué par Jean Gabin. Associé à Vincent Scotto, les deux artistes se partageront les musiques du film. En 1937, il écrira notamment la partition du film «Terre idéale» en Tunisie, qui a fini par établir sa renommée mondiale. En 1938, il fait, à Paris, la rencontre de Salim Hallali, chanteur originaire de Annaba pour qui Mohand Iguerbouchène écrira une cinquantaine de titres, qui sont essentiellement interprétés dans un style Flamenco en arabe, ce qui lui a valu un grand succès dans les clubs parisiens et dans ses tournées en Europe, mais surtout en Afrique du Nord. Un répertoire qui sera enrichi, par la suite, d’une vingtaine de chansons en kabyle. La même année, il retourne en Angleterre sur invitation de la BBC pour diriger l’une de ses symphonies. Il présentera une 3e rapsodie mauresque, dans la continuité de celles qui lui avaient valu un grand succès en Autriche. Le public anglais reste admiratif devant cette œuvre en pensant que le compositeur était russe, ce qui lui valut le surnom d’Igor Bouchen ! Toujours en 1938, il composera avec Vincent Scotto, la musique du film “Algiers», remake de “Pépé-le-Moko», avec Charles Boyer et Hedy Lamarr. En 1940, Paris Mondial lui confie sa direction musicale. C’est ainsi qu’il compose des musiques pour une vingtaine de courts-métrages de la maison Mercier films Inc. En début 1945, il compose une centaine de mélodies que lui inspirent la lecture des poèmes des «Milles et Une Nuits», de Rabindranath Tagore. Mohamed Iguerbouchène s’éteint à l’âge de 59 ans, dans l’anonymat total, des suites d’une longue maladie, en juillet 1966 à Alger.                

M. O. B.

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