Du proverbe kabyle : hommage à la femme (5).

Partager

Par Abdennour Abdesselam

C’est également par la composition du proverbe que la femme a été célébrée dans sa mission de citoyenne à part entière dans la société kabyle. Cet hommage du proverbe à l’égard de la femme, ô combien  mérité est en même temps une forme de démonstration du rôle et de l’importance de la femme dans la société kabyle. Cette adresse distinctive est une consécration absolue et majeure. Une abondance de proverbes atteste de cette observation. Exemple : « Ay aman ur d-tugim yemma ur kkisen fad a tarwa » littéralement traduit : Il n’y a d’eau qui puisse étancher la soif que celle puisée par ma mère. Dans « Ghas argaz d izem, yemma-s t-tasedda » (si d’aventure l’homme est comparé à un lion il est avant tout enfanté par une lionne) entendre la force de l’homme, qu’elle soit morale ou physique. Dans « Anw’argaz ur trebba tmetut » (quel est donc cet homme qui n’a jamais été élevé par une femme) renvoi à la considérable présence de la femme dans le processus d’éducation populaire. Le proverbe ne rend pas seulement des hommages paraboliques à la femme. Il renseigne également de son ascendance et de son intervention canonique, voire, de son autorité même occulte, à agir dans les nombreux règlements des conflits ou de situations conflictuelles données. La combinaison du proverbe/maxime : « Tametut tesâedday laânaya » se rapporte en effet à une sentence considérée comme un recours ultime mais agissant efficacement. Aucune partie en conflit quelle que soit sa position de droit dû ou de droit à concéder ne peut et ne doit s’opposer à l’intervention de la femme. Il n’y a pas d’objection à son entremise. C’est plus qu’un respect accordé à la femme. C’est un verdict d’évidence réfléchie et irrévocable, car la femme est considérée dans la société kabyle comme étant plus portée que l’homme sur l’impartialité et la droiture. En effet, la femme a cette tendance à privilégier le règlement à la pérennité de tout conflit, car cette pérennité peut être porteuse de risque d’amplification des causes du malentendu.  

A suivre.                  

A. A.

Partager