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Le prince cloîtré

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(3e partie et fin)

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Très honoré, « amghar azemni » leur dit :- Our qareth ara i ouaghzniouenNoussad an aoui outmath ouenInithassen kan ats naouiAssagi ma ivgha rebbi(Ne dites pas aux ogres : Nous sollicitons votre sœur, mais nous sommes venus la prendre aujourd’hui même, si Dieu le veut !)Dès que les quatre hommes rentrent dans la forêt où habitent les ogres, ils sont vite entourés par les monstres.Ces derniers les prennent pour des fous ou des audacieux présomptueux. Ils les encerclent mais avant qu’ils ne disent le moindre mot, le jeune prince tire son épée de son fourreau, prêt à tuer. Voyant son allure décidée, les ogres veulent parlementer.- Nous ne pourrons vous donner notre sœur qu’à la condition que nous sachions que vous êtes capables d’exploits.- Nous sommes capables de tout, réplique le jeune prince.- Dans ce cas vous êtes nos invités ! Entrez vous reposer !En un tournemain, un couscous gigantesque fut préparé. Chacun des ogres ramène sa part de couscous, de viande et de sauce.Les quatre hommes doivent ingurgiter le tout, le temps que les quarante ogres fassent le tour de la maison, sinon, il leur en cuira.Les quatre hommes jettent tous les plats dans « adaynine » (sorte d’écurie) qu’ils recouvrent de paille. En pénétrant à l’intérieur de la salle, les ogres trouvent les plats vides de leur contenu. Ils sont étonnés et se dirent que ces hommes sont vraiment très forts.- Vous avez réussi la première épreuve, passons à la seconde !- Voici un rocher qui bouche un passage secret, nous nous mettons à quarante pour le déplacer, essayez de le bouger en unissant toutes vos forces !Celui qui jonglait avec les meubles s’avance tout seul vers le rocher, il lui imprime un savant tour de rotation. Il bouge et dévoile le passage caché.Les ogres sont ahuris. A lui tout seul, il a fait bouger le rocher, et s’ils s’étaient mis à quatre, qu’auraient-ils fait ?- Vous êtes sortis vainqueurs de la deuxième épreuve, réussirez-vous la troisième ?- On essayera !- Nous sommes capables de tuer quarante lions et quarante vipères à la fois, pouvez-vous en faire de même ?Celui qui labourait avec des lions et qui se servait d’une vipère comme aiguillon s’avance. – Je suis capable de cet exploit. On le met en présence des fauves et des reptiles, il leur brise à tous l’échine.La troisième épreuve gagnée les quarante ogres ont peur de se frotter à ces jeunes décidés à tout. Ils consentent d’un commun accord, pour ne pas avoir d’ennuis, à laisser partir leur jeune sœur avec ce jeune homme qui promet. Bah ! se disent-ils, un homme qui a bravé tous les dangers pour pouvoir se marier avec notre sœur n’est pas n’importe qui. Elle sera heureuse avec lui. Laissons-les partir en toute tranquillité.La mission accomplie, les quatre hommes retournent chacun à sa vocation, auréolés des exploits consentis à aider le fils du roi qui les récompensera dès qu’il retournera au palais.Après s’être séparé de ses trois compagnons, le jeune prince et la jeune sœur des ogres entament le chemin du retour. Ils se perdent en cours de route. Avisant un homme, ils lui demandent le chemin à suivre pour arriver à la capitale du pays. Il leur dit :- Avrid’ idhoulen itsouadhmenAvrid’ ioudzlen d’ouin inouaâren !(Le chemin le plus long est sécurisé, le plus court est plein de dangers !).- Puisque je suis très pressé, je prendrai le chemin le plus court.- Fais comme bon te semble, mais prends garde à mes mises en garde !Le prince et la jeune fille enfourchent leurs chevaux. Au détour d’un sentier, ils tombent nez-à-nez avec un géant noir qui leur barre la route. – Ce sont mes terres, ici. Vous ne passerez pas, si vous ne me payez pas !- La route appartient à tout le monde. Je passerai sans rien payer que tu le veuilles ou non. Ta taille de géant ne m’impressionne pas !Les deux hommes s’affrontent à l’épée. Le combat dure une journée, mais, à la fin, le combat fut emporté par le prince héritier.Vaincu, le géant lui dit :- Our iyi neq araAk’ oughalagh d’-ak’liAk’ thedough d’i levghi !(Ne me tue pas, je serai ton esclave pour la vie !).- Puisque tu consens à devenir mon esclave attitré, je vais te demander d’accomplir ta première mission. Tu accompagneras la sœur des ogres au palais. Tu diras à mon père le roi que je l’épouserai dans quelques mois. Tu veilleras sur elle comme sur la prunelle de tes yeux. Attention ! pour le moment je vais accomplir une autre mission dans un pays lointain, et je ne sais pas combien de temps je vais rester !Le géant, accompagné de la sœur qui était resplendissante de beauté, fait son entrée au palais. Le roi est mis au courant à son sujet.Une année passe sans que le prince ne donne signe de vie. Le roi qui croyait que son fils était mort, lorgne sur la sœur des quarante ogres. Puisque son fils n’est pas revenu, il allait épouser sa fiancée. Bien qu’étant le roi, il demande l’avis de l’assemblée.Elle déclare que cela est « h’alal » (licite) à l’unanimité. Seul le fils de la veuve désapprouve l’union.Le roi prépare son mariage avec la sœur des ogres. Mais avant que le mariage ne soit consommé, les membres de l’assemblée qui ont approuvé l’union du père avec la fiancée de son fils, désirent la voir. Le fidèle géant noir leur refuse l’entrée. Sur ces entrefaites, le jeune prince qui s’était exilé rentre au pays déguisé en homme du peuple. Devant l’entrée de la demeure de la jeune fille, le jeune prince demande ce qui se passe. On l’informe.On lui dit qu’un géant noir barre la route aux membres de l’assemblée qui veulent voir de leurs propres yeux la nouvelle fiancée du roi.- Il aura affaire à moi. Comptez sur moi !Le jeune prince déguisé se précipite sur le géant. Il le reconnaît. Ils font semblant de se battre à l’épée.La sœur des ogres, qui regardait par une fenêtre l’âpre combat, reconnaît le fils du roi. Pour mettre fin au « combat » elle lance autour du cou du géant un boyau rempli de sang. Le jeune prince le pourfend de son épée, le sang se répand faisant croire à tous les présents que le géant a été tué.Ils acclament l’exploit. Le jeune prince profite de la confusion pour entrer au palais, se fait reconnaître par les gardes auxquels il demande de laisser rentrer les membres de l’assemblée. Une fois dans l’antichambre de la sœur des ogres, il les balance un par un au bas du mur.Après avoir réglé le compte à tous les membres de l’assemblée qui ont avalisé un acte que la morale réprouve, le jeune prince apprend que le fils de la veuve a été le seul à s’opposer au projet. Il l’appelle, le remercie et fait de lui son ami. Le roi était penaud, mais l’incident est clos.Les noces du prince et de la sœur des ogres durent sept jours et sept nuits. »Our kefount eth’houdjay i nou our kefoun ird’en tsemz’ine. As n-elâid’ anetch ak’soum ts h’em’zine ama ng’a thiouanz’iz’ine. »(Mes contes ne se terminent, comme ne se terminent le blé et l’orge. Le jour de l’Aïd nous mangerons de la viande avec des pâtes, jusqu’à avoir les pommettes rouges et saillantes).

Benrejdal Lounes

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