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Tizi-Ouzou : Une cérémonie a été organisée, avant-hier, au Théâtre régional : Mustapha Kateb ressuscité

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La direction de la culture de la wilaya de Tizi-Ouzou a ressuscité, le temps d’une journée, celle d’avant-hier, vendredi, Mustapha Kateb, l’un des piliers du théâtre algérien.

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La cérémonie a eu lieu au théâtre régional qui porte le nom de son illustre cousin, l’autre monument de la culture algérienne, Kateb Yacine. L’hommage a débuté par des témoignages de personnalités des arts et de la culture algérienne, entre autres, Brahim Bahloul, Mustapha Sahnoun, Mustapha Aiad, Makhlouf Boukrouh, Nadia Talbi et Mohamed Fetmouche…A cette occasion, la talentueuse comédienne Nadia Talbi s’est vu remettre par le premier responsable du secteur de la culture de la wilaya de Tizi-Ouzou, M L’Hadi Ould Ali, une distinction qu’elle remettra, à son tour, à Nedjma, la sœur de l’artiste qui n’est autre que l’amour fou et impossible de Kateb Yacine… Une exposition photographique de la vie et du parcours de l’artiste a orné le hall d’exposition du théâtre régional. Le directeur de la culture de la wilaya a salué le grand homme que fut l’artiste, et son grand apport à la culture algérienne. Brahim Bahloul, un autre homme de culture, évoquera le parcours de l’artiste qu’il a connu dès 1963. « C’était un homme de culture qui misait sur la formation dont a bénéficié un grand nombre de comédiens… ». Il ajoutera : « c’est lui qui a créé l’institut national d’arts dramatique et chorégraphique (INADC), à Bordj El Kiffan, mais également le ballet national ». L’intervenant évoquera également l’initiative, qui n’a malheureusement pas perduré du ‘’Train culturel’’, que l’artiste avait initiée en 1964, avec Mohamed Boudiaf et Mustapha Toumi. Elle consistait en quatre wagons remplis d’artistes qui faisaient une halte de trois heures dans chaque ville du pays pour faire des spectacles. Mustapha Sahnouni a quant a lui évoqué le parcours militant de l’artiste qui selon ses dires était un membre très actif de la troupe du FLN. Makhlouf Boukrouh a confié que l’artiste s’était beaucoup sacrifié pour son art et qu’il voulait un théâtre universel. La comédienne Nadia Talbi a évoqué l’énorme travail de l’artiste et son humanisme. Mohamed Fetmouche, dramaturge et directeur du théâtre régional de Béjaïa, a quant à lui confié avoir connu Mustapha Kateb à travers son œuvre. Il a salué son talent et son génie. Le fils de Rouiched, Mustapha Aiad, a lui tenu à être présent, pour rendre homme, dira-t-il, au grand homme de culture que fut Mustapha Kateb. Mustapha Kateb est l’un des piliers du théâtre algérien. Natif de Souk Ahras, c’est à l’âge de 18 ans qu’il fit ses premiers pas dans le 4ème art, en commençant par le théâtre radiophonique. Deux ans plus tard, il créa sa propre troupe théâtrale « El-Masrah » qui deviendra par la suite « El-Masrah El-Djazairi ». C’est avec Mahieddine Bachtarzi, et plusieurs autres artistes, à l’instar de Sissani, Habib Réda, Abdehrahmane Aziz et Mohamed Touri, que Mustapha Kateb donnera une nouvelle dynamique au théâtre algérien. Il deviendra en 1963 le premier directeur du théâtre national algérien (TNA). Il y montera 11 pièces dont Hassen Terro, avec Rouiched, Anbaca de Mohamed Réda Houhou, El Khalidoun ainsi que deux œuvres de Kateb Yacine, Le cadavre encerclé et L’homme aux sandales de caoutchouc. Mustapha Kateb a interprété différents rôles au cinéma et à la télévision. Le dernier fut celui qu’il campa dans le film de Rouiched « Hassan Niya » Il décédera le 28 octobre 1989, à Marseille, des suites d’une leucémie, le même jour que son cousin Kateb Yacine. Ces deux monstres sacrés de la culture algérienne seront inhumés le même jour.  Une pièce de théâtre intitulée « Hanna », montée par la troupe théâtrale du théâtre régional Kateb Yacine, a également été présentée, avant-hier, à l’occasion de cet hommage à ce grand nom du théâtre algérien. Une pièce qui célèbre le théâtre de l’absurde. Une adaptation de Lembarkia Rafik de l’oeuvre de Fernando Arrabal. C’est l’histoire d’un homme dénommé Dada et de sa fiancée Hanna qui a perdu l’usage de ses jambes et qu’il trimbale, partout où il va, dans un fauteuil roulant. Les deux personnages essayent tant bien que mal d’atteindre une ferme, mais sans jamais y parvenir, malgré leur rencontre avec trois individus, Hamma, Hamou et H’mana, dont l’extravagance laisse perplexe ! L’incompréhension et le manque de discernement des événements leur fait perdre espoir d’atteindre un jour leur destination, cet endroit de verdure et de vie heureuse. Une sensation de perdition les envahit, avec la destruction de la boussole et la perte du sens de l’orientation. L’espoir se perd avec la mort de Hanna sous les coups de son compagnon…

Karima Talis

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