Feraoun, le visionnaire

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Rachid Mokhtari, Youcef Merahi et Belkacem Aït Ouyahia, trois auteurs invités par le très dynamique établissement Arts et Culture, se sont retrouvés mardi après-midi à la médiathèque d’Alger pour évoquer Mouloud Feraoun. Trois angles d’attaque différents mais les trois interventions convergent sur l’essentiel : le petit Mouloud venait de devenir écrivain et il le devint. Si pour Youcef Merahi, Feraoun avait pour qualité majeure l’humilité, pour Belgacem Aït Ouyahia (auteur de plusieurs romans), “Derrière cette modestie feraounienne, se cachait une grande fierté”. Aït Ouyahia qui a choisi de parler de Feraoun, l’homme (qu’il eu le plaisir de connaître, a narré sa première rencontre avec l’écrivain, qui était directeur d’école. Aït Ouyahia, bien que médecin à l’âge de 26 ans, n’a pas caché que devant l’immense Feraoun, il paraissait tout petit. C‘est avec une grande émotion qu’il décrira cette entrevue.L’assistance avait aimé que Belgacem Aït Ouyahia évoque ne serait-ce que superficiellement le contenu des discussions mais il y avait tellement de choses à dire de Feraoun que deux heures ne pouvaient suffire. Aït Ouyahia a longuement mis en exergue la volonté de fer dont était doté Feraoun, laquelle volonté lui permit de persévérer et d’atteindre son rêve : être écrivain. selon le conférencier, il voulait atteindre cet objectif, non seulement parce qu’il aimait l’écriture mais pour démontrer qu’un Kabyle de la montagne pouvait faire de belles et grandes choses. Plus académique, Rachid Mokhtari a plutôt mis l’accent sur le côté technique des romans de Feraoun. Mokhtari a surtout parlé du “Le Fils du pauvre” une auto-biographie. Pour sa part, Merahi, tout en accentuant son intervention sur l’enracinement de l’œuvre feranounnienne en Kabylie, n’omettra point de relever le côté universel de cette même œuvre, puisque, dira-t-il en réponse à une journaliste d’Echaâb, qui regrettait que l’on ne parle des grands écrivains que lors des commémorations, Mouloud Feraoun est traduit en quatorze langues dans le monde. Et tout récemment dans la langue kabyle. Ses deux livres traduits par le Haut commissariat à l’amazighité (HCA) sont «Le fils du pauvre» et «Jours de Kabylie».Lors des débats, il y avait beaucoup de questions et on ne peut que déplorer que parmi l’assistance, il y avait un journaliste qui a eu le courage d’intervenir alors que, a-t-il annoncé, il n’a lu aucun des romans de Feraoun. Mais dans la même salle, il y avait une brillante étudiante, à l’institut des langues étrangères de Bouzaréah, pigiste à Alger Républicain, qui a su poser les questions qu’il fallait puisqu’elle avait l’air d’avoir décortiqué l’œuvre de Mouloud Feraoun. Des questions sur les positions de Mouloud Feraoun par rapport à la guerre de libération nationale et aussi au problème identitaire qu’aurait subi Feraoun, ont aussi été posées. Les conférenciers ont éprouvé beaucoup de plaisir à revenir sur ces détails bien qu’ils aient déploré qu’à chaque fois qu’on parle de Feraoun, on ne peut éviter de citer Albert Camus. Cet immense écrivain qui avait déclaré qu’entre sa mère et la justice, il choisirait sa mère. L’un des conférenciers se demandait si Mouloud Feraoun devait lui aussi choisir, qu’aurait-il dit, lui qui incarnait la justice ?La réponse est dans ses livres.

Aomar Mohellebi

Le Fils du pauvre en italien

l Le Fils du pauvre sera bientôt traduit en italien. C’est ce qu’a annoncé hier, M. Ali Feraoun, en marge de la conférence-débat animée à l’occasion de la commémoration du 43e anniversaire de l’assassinat de son père. Traduit déjà en 14 langues, l’histoire de Fouroulou sera désormais à la disposition des Italiens qui auront à découvrir l’enfance terrible de l’enfant de Tizi-Hibel. Une enfance qui correspond à celle de tous les Algériens, notamment les Kabyles sous le joug colonial.

F. B.

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